Tentative d’assassinat ; spoliation des biens familiaux ; pauvreté ; traumatisme ; insécurité ; … Tels sont quelques-uns des maux qu’endure Chantal Nizigiyimana. Elle réclame justice. Les défenseurs des droits humains dénoncent cette situation et plaident pour qu’elle soit rétablie dans ses droits. L’administration dit s’y être impliquée mais sans succès.
Mariée légalement à Gérard Ngendakumana depuis 2004, sur la colline Gahwazi, commune Mpanda, province de Bubanza, Chantal Nizigiyimana commence une vie de couple normale et bonne. Elle aura huit enfants. Le huitième enfant est âgé de trois mois.
Subitement, dans ces derniers jours, elle se voit dépouillée de ses enfants. Les biens familiaux sont spoliés. Son mari emporte tous les biens familiaux et les sept enfants vers une destination inconnue. Démunie, le calvaire s’installe pour elle.
Tout commence après la naissance du 4e enfant. Mme Nizigiyimana soupçonne son époux d’adultère. Les relations commencent à se détériorer. Elle supporte la situation tant bien que mal mais, pas pour longtemps.
« En tant que cultivateurs, mon époux et moi avons exploité notre propriété. Nous avons réalisé des bénéfices. Mon mari est parvenu même a acheté un véhicule de type « probox » qu’il a affecté dans le transport des biens et des personnes », raconte Chantal Nizigiyimana.
Cependant, elle ne verra pas de recettes en provenance de cet investissement. Elle cherche à en savoir plus sur l’affectation des recettes générées par le véhicule. Mais, son mari y répond par un silence.
« J’apprendrai plus tard que la femme du chauffeur est devenue une concubine de mon mari », se désole-t-elle, tout en ajoutant que : « dès lors, je n’ai plus vu la voiture dans la circulation. Mon mari ne m’a rien expliqué se contentant seulement de dire que la voiture est gardée par le chauffeur. Je n’ai pas insisté tout en espérant que les choses allaient se décanter. Malheureusement, la voiture ne sera pas récupérée »
Première tentative d’assassinat
Les relations entre Mme Nizigiyimana et son époux évoluent en dents de scie. Elle frôle la mort à deux reprises. Les relations s’enveniment.
« Mon mari engage une jeune fille comme gérante de notre magasin de riz. Il me propose qu’elle travaille tout en rentrant dans la maison conjugale pour que je puisse la contrôler facilement sur les recettes empochées pendant la journée. Tout en ignorant les intentions de mon mari, j’ai accepté très aisément », raconte-t-elle en sanglotant.
Elle fait savoir que les choses ont vite tourné au vinaigre. Son mari courtise la jeune fille et lui réserve l’une des chambres dans la maison conjugale.
« J’ai demandé que la fille quitte le toit conjugal et mon mari a rétorqué, criant haut et fort, que si elle quitte, il va lui aussi partir ».
Son mari commence alors à dilapider les biens de la famille au profit de la concubine. Une parcelle (1/4 de ha) et une maison sont vendues à l’insu de son épouse. Cette dernière ne verra non plus aucun sous issu de cette vente.
Chantal Nizigiyimana essaie de supporter la situation mais dans la douleur. Une tentative d’empoisonnement survient. « Alors que je souffre de l’estomac, mon mari me donne un médicament dans lequel il a mis du poison (de l’acide). Je me suis faite soigner, et miraculeusement je suis guérie. Malgré cet incident, on a continué à cohabiter », fait-elle savoir.
De l’enlèvement
Après la tentative, Mme Nizigiyimana se confie aux membres et aux voisins de la famille pour des conseils. Mais, son époux lui propose d’aller voir l’une de ses belles-sœurs pour un règlement pacifique et familial. Une proposition qu’elle accepte. Mais, la réunion de réconciliation ne se tiendra pas. Une machine de kidnapping est déjà installée.
« J’ai échappé à un kidnapping. Alors que j’étais sur un taxi moto commandité par ma belle-sœur, j’ai été conduite dans un lieu inconnu. Deux individus non encore identifiés ont essayé de m’étrangler. J’ai été sauvée de justesse par des passants », confie-t-elle avec tristesse.
Mme Nizigiyimana a porté plainte auprès de la police. D’après elle, les enquêtes menées par la police ont révélé que son mari et sa belle-sœur ont bel et bien organisé l’enlèvement.
« D’après les audios et les messages trouvés dans le téléphone, il a été prouvé que mon mari a préparé mon assassinat. Mais vu la progéniture, la famille m’a suppliée de plaider pour que mon mari ne soit pas écroué », raconte-t-elle.
La peur, l’angoisse et le traumatisme envahissent alors cette mère de huit enfants. Elle passe quelques jours chez ses frères. Au moment du kidnapping, elle était enceinte. Un enfant qui naîtra au moment où, le père avait quitté le toit emportant tous les biens familiaux sur lui.
Une maison cadenassée
De retour sous le toit conjugal le 15 octobre 2024, précise Chantal Nizigiyimana, elle trouve une maison cadenassée. En l’ouvrant, elle remarque que tout a été emporté (vivres et non vivres, ustensiles de cuisine, lits et matelas…).
« Il est parti avec tous les enfants et tous les biens familiaux vers un endroit jusqu’ici qui m’est inconnu. Des sources proches de lui, il se serait installé dans l’ un des quartiers de la ville de Bujumbura sans toutefois préciser lequel. Il a justifié son départ en expliquant aux enfants et à l’entourage que j’ai l’intention de l’empoisonner »
Mme Nizigiyimana fait savoir que son mari réclame à cor et à cri le divorce précisant qu’il a même déjà intenté une action en justice dans ce sens.
Entretemps, regrette-t-elle, son mari tente toujours de vendre le reste de la parcelle et le magasin, le seul patrimoine qui reste pour la famille.
« Depuis lors, démunie, je mène une vie de chien. Je survis grâce aux gestes charitables posés par les voisins », dit-elle en pleurant.
Iwacu a essayé de joindre Gérard Ngendakumana, époux de Chantal Nizigiyimana, mais sans succès.
Elle réclame justice
« Que justice soit faite pour que les biens spoliés retournent dans la famille. Le rapatriement des huit enfants soulagerait mon traumatisme. Je n’entends pas divorcer parce que ça serait laisser les enfants dans la rue. Et entretemps, j’apprends que certains enfants ont abandonné l’école », raconte-t-elle avec amertume.
Par ailleurs, étant démunie, elle demande une assistance judiciaire dans ce dossier de divorce parce que son mari a déjà un avocat. La première comparution est prévue au mois de janvier 2025.
Une réclamation soutenue par les femmes faisant partie des leaders communautaires sur la colline Gahwazi I. Elles disent avoir suivi le dossier dès sa genèse. L’une d’elles qui a requis l’anonymat informe qu’elle a alerté l’administration après avoir constaté que le mari de Chantal Nizigiyimana a emporté tous les biens familiaux sur lui.
Elle réclame la protection de la femme abandonnée mais aussi et surtout qu’elle soit assistée en vivres et non vivres. Par ailleurs, elle interpelle l’administration de rapatrier les enfants qui, selon elle, commencent à errer dans la rue.
« En plus, nous avons fait le suivi juridique mais cela ne suffit pas. Il faut que cette dame soit assistée par un avocat », plaide-t-elle.
Des VBG qui restent impunies
De son côté, Antoine Icihagazeko, responsable du Réseau burundais des personnes vivant avec le VIH-sida (RBP+), antenne de Bubanza fait savoir que Chantal Nizigiyimana a été victime de violences multiformes dont les violences physiques, psychologiques et économiques.
Il déplore que les violences basées sur le genre (VBG) deviennent de plus en plus nombreuses et inquiétantes. Pour lui, le cas de Mme Nizigiyimana n’est qu’une partie de l’iceberg. Plusieurs cas ne sont pas documentés dans la commune Mpanda.
Il épingle l’impunité des auteurs et l’inefficacité de la loi spécifique sur les VBG. « L’apport de la loi dans la répression des VBG reste insuffisant. Plus les auteurs ne sont pas punis, plus ils récidivent. »
Pour lui, il faut que les victimes obtiennent réparation et qu’elles soient rétablies dans leur dignité. Par ailleurs, déplore cet activiste des droits humains, la plupart des victimes des VBG n’ont pas de moyens pour engager les poursuites judiciaires. « Le coût élevé des procédures judiciaires empêche certaines victimes de saisir les juridictions », regrette-t-il. Il promet de s’impliquer pour trouver une assistance judiciaire à Mme Nizigiyimana.
De son côté, Nadine Nibitanga, administrateur de la commune Mpanda fait savoir qu’elle est au courant des violences subies par Chantal Nizigiyimana.
« Dans un premier temps, nous avons fait tout pour que la femme regagne la maison malgré la situation dans laquelle elle l’a trouvée ».
Elle informe que les services de l’Etat civil ont enregistré l’enfant parce que son père biologique avait refusé de le faire.
Par ailleurs, elle fait savoir qu’elle a tenté de réconcilier le couple, mais sans y parvenir. « L’époux a juré qu’il n’entend plus cohabiter avec son épouse. ».
L’autorité communale promet de chercher un avocat pour Chantal Nizigiyimana.
« Nous demandons au tribunal de résidence de Mpanda de faire son travail et que chacune des parties au conflit soit rétablie dans ses droits », recommande-t-elle.
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