Certaines femmes de la commune Mpanda de la province de Bubanza se sont retrouvées seules après avoir été abandonnées et handicapées par l’absence de leurs maris qui ne contribuent plus dans la prise en charge des besoins familiaux. Ces femmes appellent le gouvernement à sensibiliser les couples sur la planification et l’utilisation du budget.
Sur la colline Gahwazi I située dans la commune Mpanda, des hommes abandonnent leurs épouses pour prendre d’autres femmes. Celles rencontrées sur le terrain affirment avoir été abandonnées pour plusieurs causes. Elles citent, entre autres, mettre au monde des filles uniquement ; le gaspillage de l’économie familiale fait par leurs maris, etc.
« Être trahie par la personne qu’on a aimée ; se retrouver seule avec une charge de sept enfants ou plus ; couvrir seule les besoins familiaux », telles sont quelques-unes des lamentations des femmes de Mpanda.
Approchée, Eulalie Vyimana, une quarantaine d’années, mère de sept filles, témoigne du martyre qu’elle a vécu. « J’ai été maltraitée par mon mari pendant une longue période faute de ne pas mettre au monde des garçons. Même ma belle-famille me torturait en me disant que j’y suis pour beaucoup. Mon mari a décidé de prendre une autre femme. Il est parti avec toute l’économie familiale »
Elle ajoute que la maison dans laquelle elle vivait avec ses enfants a été détruite suite à une forte pluie et que ses enfants ont dû abandonner l’école. « Je me suis retrouvée dehors avec mes enfants. Je n’avais aucun autre moyen pour survivre. J’ai eu une crise cardiaque. J’étais troublée dans ma tête. Je remercie les autres dames qui m’ont soutenue et consolée. Elles m’ont aidée à reconstruire ma maison. La commune m’a offert les tôles. Aujourd’hui, trois parmi mes enfants étudient même si les autres restent toujours à la maison. »
Pour Susanne Bariyerurutsa, la soixantaine et mère de dix enfants, les hommes se rendent notamment coupables de gaspillage de l’économie familiale, d’adultère, de torture physique et émotionnelle de leurs épouses, de la non-contribution dans la satisfaction des besoins familiaux.
« Mon parcours n’a pas été facile. J’ai perdu trois enfants pendant l’accouchement et deux enfants après l’accouchement à cause des tortures de mon mari. Avant son départ, il venait récolter dans les champs ce qu’il n’a pas semé. C’était un calvaire, car il me battait souvent et il partait chez son deuxième bureau avec l’économie familiale », raconte-t-elle.
« Nihagaciro », une association en faveur des femmes délaissées
Les femmes de la localité de Gahwazi I qui ont été trahies par leurs maris se sont regroupées dans une association d’épargne et de crédit dénommée « Nihagaciro » pour s’entraider mutuellement.
Antoinette Ndayitegeyamashi, la fondatrice de l’association raconte comment elle a eu l’idée de fonder cette association.
« J’ai eu l’idée de fonder cette association pour pouvoir aider les femmes délaissées à se relever et à se reconstruire pour leur avenir et celui de leurs enfants. C’était aussi pour qu’elles puissent accepter sans complexe la situation dans laquelle elles vivaient. Moi-même j’en fait partie. Je sais la douleur qu’endurent ces femmes. »
Les activités qu’elles font dans leur association, poursuit-elle, sont, entre autres, s’entraider, se consoler entre elles et effectuer quelques projets de développement. « Une femme qui reste avec les enfants dans une belle famille qui ne la soutient pas a besoin du soutien de la part d’autrui pour se relever. Nous formons une équipe de trente femmes sur la colline Gahwazi I. L’argent qu’on cotise devient notre capital. »
Elle ajoute qu’il y a eu une plus-value après la création de l’association Nihagaciro qui collabore par ailleurs avec l’administration locale en donnant des conseils aux couples mariés sur l’utilisation de l’économie familiale.
Besoin d’un appui financier

Les femmes regroupées dans l’association Nihagaciro appellent les organisations non gouvernementales ainsi que le gouvernement à les appuyer financièrement.
« Nous avons besoin d’un appui pour satisfaire les besoins familiaux. Nous ne pouvons pas aller demander des crédits dans les banques, car on nous demande de l’hypothèque alors que les maris sont partis avec toute l’économie familiale. Je ne peux pas hypothéquer un bien que je ne possède pas. Le gouvernement devait nous venir en aide. Nous sommes des femmes comme les autres. La seule différence est que nous avons été trahies par nos époux », a plaidé Antoinette Ndayitegeyamashi.
Interrogée, Brigitte Nibigira, conseillère chargée des questions sociale à la commune Mpanda, a reconnu que les problèmes familiaux sont très fréquents dans cette localité. « Des disputes dans les familles sont monnaie courante ici. On leur donne des conseils pour se réconcilier », indique-t-elle en ajoutant que la commune a appuyé les femmes victimes en offrant des machines décortiqueuses de riz ainsi que des porcs pour l’élevage afin de pouvoir se développer.
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