Deux chefs collinaires ont été destitués. Sceptiques, certains habitants évoquent des mobiles politiques. Deux conseillers collinaires dans la commune Mabayi, en province Cibitoke, ont été destitués par l’administrateur communal, la semaine dernière. Il s’agit d’Alfred Nyandwi de la colline Muhungu et d’Abias Zirampaye de la colline Rumvya.
Pascal Basaburwuzuye, administrateur de la commune Mabayi, fait savoir qu’Alfred Nyandwi est accusé de mauvaise gestion du matériel de construction (ciment) offert par le Fonds national d’investissement communal (Fonic). Abias Zirampaye, quant à lui, est accusé d’avoir aidé une femme rwandaise à obtenir une carte nationale d’identité.
Interrogée sur les mobiles politiques qui seraient derrière ces limogeages, cette autorité communale dément catégoriquement : «Pas de mobiles politiques. Ils ont commis des fautes professionnelles.»
Les deux conseillers collinaires se disent étonnés de la décision prise par l’administrateur communal en dehors de toute procédure légale. « Nous n’avons pas été interrogés sur les griefs à notre encontre. Aucune enquête n’a été menée ». Ils précisent qu’ils sont plutôt victimes de leur appartenance politique. Ils indiquent, en outre, qu’ils craignent pour leur sécurité et vivent dans la clandestinité.
Limogeages « politiquement motivés »
Certains habitants de Mabayi estiment qu’il y a un agenda caché derrière ces limogeages qu’ils qualifient de fallacieux. Ils soutiennent que ces administratifs à la base ont toujours fait preuve d’une bonne gouvernance. « Qu’Alfred Nyandwi soit démis de ces fonctions est une aberration », s’étonne N.K. Il a plusieurs réalisations à son actif, notamment la construction de six salles de classe et un bureau collinaire. « C’est un bon dirigeant qui sert les intérêts de sa population », renchérit B.J. La colline Muhungu est toujours classée première dans les travaux communautaires.
«L’administrateur communal veut assouvir les intérêts du parti au pouvoir », avance Simon Bizimungu, député d’Amizero y’Abarundi dans la province Cibitoke et membre du conseil communal de Mabayi. Cet élu déplore la décision de l’autorité communale : «Le conseil communal n’a jamais eu connaissance des fautes ou manquements reprochés contre ces chefs collinaires.» Il affirme qu’ils ont été destitués en dehors de toute procédure légale. Et d’invoquer l’article 179, §3 du code électoral : «En cas de manquement grave, le conseil communal doit délibérer et se prononcer sur les accusations portées à l’encontre de l’intéressé avant sa révocation.» Il demande qu’une enquête soit menée pour établir les responsabilités. Ce député assure que ces administratifs à la base sont victimes du refus d’adhérer au parti présidentiel.
Contacté à ce propos, Jean Marie Hategekimana, président du conseil communal de Mabayi, indique qu’il est au courant de la destitution de ces chefs collinaires. «Nous attendons le rapport de l’administrateur communal pour statuer sur les cas ».
Signalons que la commune Mabayi compte 23 collines, dont sept collines sont dirigées par les conseillers issus de l’opposition. De sources concordantes, cinq conseillers parmi les sept ont déjà adhéré au parti de l’Aigle.