A la frontière entre la commune Muha de la mairie de Bujumbura et la commune Kanyosha de la province Bujumbura, règne une tension vive.
«C’était un dimanche. Trois hommes avec des machettes font irruption dans notre maison aux environs de minuit en jetant une grosse pierre sur la porte. Mon mari et moi, nous nous sommes barricadés dans notre chambre», témoigne Butoyi, une habitante de Rubura, colline Kamesa en zone Musaga de la mairie de Bujumbura.
Peu après, poursuit-elle, les assaillants ont complètement démoli la porte de la chambre. «Nous avons remplacé la porte par une grosse table qui se trouvait dans la chambre.» Voyant qu’ils ne peuvent pas atteindre les parents, ils se rabattent sur un jeune garçon de 4 ans. « Ils sont allés le chercher dans sa chambre. Ils l’ont exhibé devant nous en menaçant de le tuer, si nous ne sortons pas de la chambre.» Les parents refusent de sortir. Le mari tente d’effrayer les malfrats avec une machette. Son pouce est sectionné. Avant de partir, les assaillants entaillent l’enfant à la tête et sur la joue et ils lui cassent un bras.
«J’ai reconnu l’un d’entre eux, car ce n’était pas la première que je le voyais. La semaine précédente, je l’avais vu rôder près de chez nous avec un autre homme.» D’après les habitants de la colline Rubura, ces assaillants sont revenus la semaine suivante. «Nous étions vigilants. Nous avons donné l’alerte. Ces bandits se sont enfuis vers la colline Ntovumo.» S’en est suivi une course-poursuite. Une bagarre a ensuite éclaté entre les habitants des deux collines.
Les habitants de Ntovumo accusés de banditisme
Les habitants de la colline Ntovumo sont épinglés. Même la population des sous-collines Benge et Rohe de la commune Kanyosha, en province Bujumbura, accuse certains individus de Ntovumo de s’adonner à du banditisme. Et de surcroît avec des machettes. «Cela s’était tassé, mais aujourd’hui, il s’observe une recrudescence de ces cas.»
Selon les habitants de la colline Rohe, ces bandits s’en prennent à des habitants qui reviennent de la ville de Bujumbura. «Ils se cachent dans la vallée de Kavya et ils nous dépouillent de tous nos biens», confie Salvator, un habitant de Rohe. «J’étais avec mon père quand ces bandits nous sont tombés dessus. Ils ont pris de l’argent ainsi que nos téléphones portables. Mon père a reçu un coup de machette à la tête et moi j’ai été sérieusement tabassé», raconte Eric, 13 ans, de la colline Rohe. D’après les habitants de ces collines, il y a eu au moins six blessés à la machette en moins d’un mois.
«Nous connaissons l’identité de ces bandits. Ils sont de la colline Ntovumo. Nous avons fréquenté les mêmes établissements», indique Pierre Claver, un habitant de Rohe. Ce dernier l’a échappé belle alors qu’il était cerné par ces bandits dans la vallée de Kavya. «Ils viennent voler nos chèvres ou autres biens tout le temps.» Les habitants de Ntovumo réfutent toutes ces accusations. «Ce sont des mensonges. Ils nous haïssent tout simplement», clament certains habitants. Toutefois, ils ne précisent pas la cause de cette haine.
Des attaques de vengeance de toutes parts
«Un jour, il y aura une catastrophe car les nerfs sont à vif», prévient un septuagénaire de la colline Rohe. Les habitants des collines Rohe, Benge et Rubura crient à la vengeance. «On ne peut pas rester les mains croisées alors que nous connaissons ces bandits. Si la police et l’administration ne font rien, nous allons nous faire justice nous-mêmes.» Certains habitants se disent inquiets quant à une éventuelle escalade de la violence résultant de cette tension.
D’après les témoignages recueillis à Rohe, des habitants organisent des attaques pour aller se venger sur la colline Ntovumo. «Les habitants de Rohe et Benge s’unissent et vont attaquer ceux de Ntovumo. Ces derniers font appel à ceux du quartier Busoro et des bagarres violentes éclatent pendant toute la nuit.», confie Innocent de la colline Benge. «Vous vous imaginez plus de 100 personnes avec des gourdins et des machettes. C’est incroyable!»
L’administration et la police impuissantes?
Les habitants demandent à la police d’appréhender ces bandits puis de les traduire devant la justice. Toutefois, d’après les sources à Kiyenzi, la police ne peut rien contre les habitants de Ntovumo. «La semaine dernière, des policiers des positions de Kiyenzi et de Ruyaga, accompagnés du chef de zone Kiyenzi, sont allés sur la colline Ntovumo pour perquisitionner et procéder à l’arrestation de ces bandits. Plus de 100 personnes ont accouru et ils n’ont rien pu faire», indique Claude, un habitant de la sous-colline Rohe. «Les policiers ont battu en retraite sous des menaces de mort», renchérit Rénovat de la colline Ntovumo.
D’après les habitants de Ntovumo, ils résistent aux arrestations opérées par la police de la province Bujumbura rural car ils estiment qu’ils sont de la mairie de Bujumbura. Selon des sources, il y a un problème de délimitation de la frontière entre la commune Muha de la mairie de Bujumbura et la commune Kanyosha.
Le chef de la colline Gisovu, Philippe Ndimurwanko, indique qu’il est informé de ces cas de banditisme à la machette et qu’il a déjà transmis cette information à l’administrateur communal. «Nous essayons de discuter avec les gens de la sous-colline Ntovumo pour juguler ce mal.» Il assure que la police de la commune Kanyosha suit de près ce dossier. Pour le cas de la délimitation de la frontière, il souligne que l’administrateur de la commune Kanyosha, Jean Berchmans Munzerere, est en contact avec le chef de la zone Kanyosha afin de trouver une solution à ce problème. Iwacu a essayé de joindre M. Munzerere, sans succès.
Quand des habitants font de l’obstruction à l’exécution d’un travail de policier, on ne doit jamais les laisser gagner. On n’intimide pas les services de sécurité!
S’ils osent faire cela, il faut les soumettre avec une démonstration de force plus importante, quitte à avoir recours à des renforts et/ou à d’autres moyens de soumission.
N’allez pas interpréter cela à un appel à la police d’user de violence. Je crois que des escouades policières bien entraînées peuvent contrôler et/ou soumettre une rassemblement hostile, sans qu’il y ait d’affrontements meurtriers.
Et voila munyuma ngo amahoro arajejeta iyobahaze