Ce 5 mai, dans la commune de Kabezi (Bujumbura Rural), des malfaiteurs non encore identifiés ont tué Chantal Ngendakumana, une jeune fille albinos de quinze ans. Ils lui ont coupé ses bras et ses jambes après l’avoir poignardé plusieurs fois. L’administration communale promet de renforcer la sécurité des familles ayant des enfants albinos.
La victime était élève en 5ème année à l’école primaire de Rtyazo, dans la même commune. Elle est la 18ème victime albinos tuée depuis 2008. Elle a été enlevée le matin alors qu’elle avait passé la nuit chez son oncle maternel à Gisagwa en commune Kabezi. Ces six malfaiteurs étaient en possession d’une kalachnikov, des gourdins et des couteaux et ont amputé les bras et les jambes de la petite après l’avoir poignardé plusieurs fois. Son corps a été retrouvé à Mena à 2 kms du lieu de l’enlèvement. Son père raconte, avec beaucoup d’amertume, ce qui s’est passé : « Il était vers minuit, une dame, dehors, en compagnie de six hommes, m’a appelé par mon nom. Certains portaient des tenues militaires. » En ouvrant la porte, ces hors-la-loi se sont introduit de force dans la maison, ont ligoté le chef de famille et sont allé chercher la fille albinos dans sa chambre. « Je pensais à un vol, mais le but était d’enlever ma fille. » Il demande au gouvernement que la lumière soit faite sur cet assassinat et que les associations qui luttent pour les droits de l’Homme prennent en mains cette affaire. Même les voisins sont sous le choc. Ils demandent aux autorités de punir sévèrement ces kidnappeurs et assassins d’albinos : « Ils ont droit, eux aussi, à la vie », précisent-ils. Léonce Ndizirindi, administrateur de la commune Kabezi, surpris, fait savoir que ce genre de tueries à l’endroit des albinos est un phénomène nouveau dans sa commune. Il promet que tout va être mis en œuvre pour l’éradiquer. « Nous allons sensibiliser la population au respect mutuel. Nous allons plus protéger les familles ayant un albinos comme membre.» L’administrateur demande à la population de rester sereine et unie. Kassim Kazungu, président de l’association des albinos, regrette la mort de la jeune fille. De retour du Rwanda, où il était allé faire soigner des albinos qui ont le cancer de la peau, il tombe sur cette macabre histoire. « C’est honteux de tuer une jeune fille, innocente, par trois coups de couteaux à la gorge, cinq sur le reste de ses jambes. » Albinos ou non, tout le monde est dans le deuil. Il ajoute qu’avant de mourir, Chantal Ngendakumana a demandé plusieurs fois aux assassins de lui laisser la vie sauve. Pour lui, l’Etat doit avoir honte et cela du président de la République au petit citoyen. Kassim Kazungu dénonce le fait que ceux qui avaient été attrapés, accusés de trafics d’organes d’albinos, n’ont pas été jugés : « Tous se sont évadé de la prison de Ruyigi. Ils étaient au nombre de dix-huit. L’Etat n’a pas pris au sérieux cette chasse à l’homme contre les albinos », déplorer-t-il.