Lundi 25 novembre 2024

Société

Commune Butaganzwa : vers l’abandon du café

24/08/2021 Commentaires fermés sur Commune Butaganzwa : vers l’abandon du café
Commune Butaganzwa : vers l’abandon du café
Lors du paillage sur la colline Kigwandi dans la commune Butaganzwa.

Le 13 août est le jour de lancement de taille et de paillage des caféiers. Ce dernier a lieu sur la colline Kiryama dans la commune Butaganzwa. Les habitants de cette commune menacent d’abandonner cette culture, suite à son prix jugé insignifiant.

Lors du lancement des activités de taille et de paillage des caféiers, Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, a fait savoir que la filière café a atteint 63.1 % de la production attendue. Sur une production de 43 400 tonnes de café cerise attendue, l’Office pour Développement du Café (Odeca) a pu enregistrer 27 413 tonnes. Il estime que la population devrait donner de l’importance à la culture du café. Et de rappeler que le café est la première culture d’exportation du pays.

M. Ndoricimpa fait remarquer que le montant du premier paiement des caféiculteurs de tout le pays s’élève à plus de 3.1 milliards BIF. Pour le dernier paiement, indique-t-il, il est de plus de 5.7 milliards BIF.

Qu’en disent les caféiculteurs ?

Les différents caféiculteurs des collines Kiryama, Bumba et Kigwandi se disent être choqués par ces propos : « Ça dépasse l’entendement d’entendre dire que le café apporte des devises pour le pays, alors que nous, les caféiculteurs, le vendons presque gratuitement.» Ces caféiculteurs affirment que plus de 70% d’entre eux ont déjà abandonné la culture du café en raison de son prix bas.

R. M., 45 ans, est l’un d’entre eux. Il affirme que la plupart des caféiculteurs préfèrent remplacer les caféiers par les bananiers. « 700 BIF pour le kilo est un prix honteux. Pour ne pas travailler à perte, j’ai déraciné tous les caféiers de ma propriété. Même le kilo de haricot, qui n’est pas un produit d’exportation, coûte plus de mille BIF », confie-t-il.
Un sexagénaire de la colline Bumba que les crédits dont bénéficiaient les caféiculteurs n’ont plus cours : « Depuis trois ans, plus de crédit pour les caféiculteurs. Ainsi, la misère dans laquelle nous vivons ne nous permet pas d’acheter l’engrais chimique.»

Une femme de la colline Kigwandi ne mâche pas ses mots : « C’est une honte de voir le café acheté 700 BIF. J’ai entendu que la reine Elizabeth II consomme notre café. Est-ce qu’elle l’achète à 1000 BIF ? Il ne faut pas vouloir s’enrichir sur notre dos.» Elle assure que c’est l’Etat qui encourage l’abandon de la culture du café : « Qui peut investir son argent et son énergie là où il n’espère pas gagner un sou ? »

Ce qu’ils demandent à l’Etat

Des habitants des collines Kigwandi, Bumba et Kiryama convergent sur un point commun : dans le but de soutenir le caféiculteur, il faut que l’Etat augmente le prix d’un kilogramme de café dépulpé. « Au moins le kilo de café dépulpé pour mille BIF», insistent-ils.

Janvière Kanyana, administratrice de la commune Butaganzwa, ne nie pas des cas d’abandon de la culture du café dans sa commune. Elle reconnaît, en outre, que la plupart de ses habitants construisent des maisons grâce à l’argent issu de la vente du café.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 1 666 users online