Le manque de marchés d’écoulement du lait, la consommation locale très faible… Tels sont les quelques défis auxquels sont confrontés les éleveurs de vaches dans la commune Buhiga en province de Karusi. La direction provinciale de l’agriculture et de l’élevage promet d’y remédier.
« Le pouvoir d’achat de la population est très faible. Les produits de l’élevage ne sont pas écoulés », se lamente Nimpagaritse Tharcisse, éleveur, depuis 1990, dans la commune Buhiga, au chef-lieu de la province de Karusi, au centre du pays. Il a deux sortes de vaches : les croisées frisonnes sahiwal et les ankolés frisonnes. Selon lui, la capacité de production du lait dans la commune Buhiga est estimée à 400 litres par jour. Au niveau local, la consommation permanente ne dépasse pas 60 litres par jour. Le prix d’un litre de lait coûte entre 400 et 500 BIF. «Il y a une surproduction. Il nous manque un marché d’écoulement du lait».
Il indique qu’il a cinq vaches laitières qui produisent 20 à 30 litres par jour. Cet éleveur évoque l’absence d’une usine de conservation et de transformation du lait. Or, explique-t-il, la viabilité du lait ne dépasse pas 72h. Faute de consommateurs, souligne-t-il, le lait est souvent vendu aux éleveurs de porcs à un prix dérisoire. « Il arrive même que nous déversons du lait ». Il plaide pour l’implantation des usines de micro-transformation. « Il nous faut des usines pour transformer le lait en d’autres produits tels que le fromage, le beurre ».
Par, ailleurs, M. Nimpagaritse déplore l’absence d’usines de transformation d’aliments artificiels pour compléter le fourrage. D’où les aliments concentrés d’élevage coûtent cher. Un kg de ces aliments coûte 1000 BIF. Et une seule vache a besoin de 6kg par jour. Il précise que la moyenne de production pour une vache est de 4 litres par jour sans suppléments d’aliments. Et le litre de lait coûte 500 BIF. « C’est une perte énorme ! ». S’il y a supplémentation, poursuit-il, la vache peut donner entre 8 et 15 litres par jour. Et de marteler : « Il y a un déséquilibre entre les facteurs de production et la production elle-même ».
M. Nduwimana fait le même constat. Il a bénéficié d’une vache de la part du Programme de développement des filières (PRODEFI). « Ma vache donne 8 litres par jour. Mais je n’écoule que 5 litres. Cette situation me décourage». Il fustige le manque de marchés pour les produits laitiers dans la commune de Buhiga. Si cette situation perdure, fait-il savoir, les éleveurs risquent d’abandonner ce métier.
Eric Congera, gérant du Centre de collecte du lait à Buhiga, confirme lui aussi le manque de débouchés pour le lait. Le centre, créé en août dernier, collecte et achète le lait des éleveurs dans la commune de Buhiga à 600 BIF le litre. Il est vendu à 800 BIF. Le centre est capable de collecter 1000 litres par jour.
Mais la consommation de ce produit reste faible variant entre 50 à 60 litres par jour. « Le mois dernier, on a déversé 700 litres ». Pour lui, les éleveurs travaillent à perte, le lait étant vendu à un prix dérisoire.
M. Congera demande le démarrage des activités de l’unité de pasteurisation du lait construite par le Programme de développement des filières (PRODEFI). « Les équipements tardent à arriver ». Il assure que le fonctionnement de cette unité pourra résoudre le problème de conservation du lait.
La direction tranquillise
Gustave Majambere, directeur provincial de l’agriculture et de l’élevage à Karusi, reconnaît les défis évoqués par les éleveurs. Il y a un manque de marché d’écoulement du lait dans la province de Karusi. Et d’observer que la quantité du lait produit a augmenté. C’est après que le PRODEFI a distribué des vaches laitières dans la population. Il relève que le même projet a été réalisé dans les provinces limitrophes de Karusi, telles Gitega, Muyinga et Ngozi. Ainsi, plus de débouchés pour le lait dans ces entités administratives.
Toutefois, il promet de trouver une solution à cette surproduction. Il assure qu’une unité de pasteurisation et de transformation des produits laitiers va bientôt démarrer ses activités. « Le problème du marché d’écoulement du lait sera résolu très bientôt ».
Il interpelle les éleveurs de faire des efforts pour qu’ils cherchent des marchés d’écoulement dans d’autres villes. Il leur demande de vendre, par exemple, le lait dans la commune de Bugenyuzi où il y a une usine qui fabrique du fromage et du beurre.