Plus de 90 maisons et trois salles de classe détruites, 14 poteaux électriques démolis, suite aux pluies diluviennes. Certaines familles dorment à la belle étoile et réclament une aide d’urgence. L’administration promet d’intervenir.
La plupart des habitants de la colline Murambi, commune Buganda de la province Cibitoke, sont dans la désolation totale. Tout commence le 17 avril. C’est aux environs de 14h 30. Des pluies diluviennes accompagnées de vent violent s’abattent sur la colline Murambi située à 5km du chef-lieu de la commune Buganda. C’est à 60 km, sur la route nationale N° 5, Bujumbura- Cibitoke.
Le spectacle est désolant. Des maisons complètement écroulées. Pour d’autres, les toitures ont été emportées. Des morceaux de tôles et d’arbres sont éparpillés ici et là. Des habits déchirés et des cahiers mouillés sont sous les décombres. D’autres jonchent les sentiers. Plus de 35 ménages sont sans abris.
Ce n’est pas tout. Des latrines démolies, à découvert, dégagent une odeur nauséabonde. Les mouches pullulent partout.
Les cultures ne sont pas en reste. Des champs de maïs, de haricot, de manioc sont endommagés. Plus de 100 hectares. Les écoles et les églises n’ont pas été épargnées. Trois salles de classe démolies, 30 bancs pupitres endommagés à l’école fondamentale de Murambi. Deux églises détruites dans la même localité.
Les habitants de cette localité sont démunis et ne savent pas à quel saint se vouer. Tharcisse Ndinzemenshi, un des sinistrés, n’a rien pu sauver de sa maison qui s’est écroulée. « Il ne me reste que ces habits que je porte. »
Il n’a pas de quoi mettre sous la dent. Les conditions de vie sont intenables. Ses enfants sont hébergés chez un voisin dont la maison n’a pas été touchée. Il demande aux âmes charitables de lui venir en aide.
Bosco Nyandwi a quatre enfants. Sa maison a été complètement démolie. A notre arrivée, il ramasse quelques morceaux de tôles. Il dit qu’il n’a pas de moyens pour reconstruire sa maison. Il craint pour la survie de ses enfants. Cela se produit, raconte-t-il, au moment où la récolte a été mauvaise suite à la sécheresse. « La faim est dans nos murs ». Et de nous lancer un cri d’alarme : « Votre voix porte plus loin. Plaidez pour nous ».
Pascal Ndayishimiye, élève à l’Ecofo Mbubi, craint pour son avenir : « Mes uniformes ont été emportés par le vent et mes cahiers sont mouillés.» Les classes vont ouvrir sans qu’il ait du matériel scolaire. Ses parents n’ont pas les moyens pour lui acheter d’autres fournitures scolaires.
Désiré Ninganza, directeur de l’Ecofo Murambi, ne voit pas où il va mettre ses élèves. Trois salles de classes ont été emportées par le vent. Et 30 bancs pupitres ont été endommagés. Ces intempéries ont empiré la situation. Il fait savoir que cela arrive au moment où l’école avait déjà un manque de bancs pupitres. « Ni la direction, ni les parents n’ont pas les moyens pour reconstruire ces classes ». Cette autorité scolaire demande l’intervention du ministère de tutelle.
Clémence Minani, 60ans, veuve, la main sur sa joue. Elle est en train de pleurer. Difficilement, elle raconte son calvaire : « Un vent violent s’est abattu dans cette localité. Une partie du mur de ma maison s’est écroulée. Le froid et le vent me menace. » Elle occupe une chambre avec son fils. Les murs de cette chambrette ont des fissures.
Démunie, elle manque d’argent pour réhabiliter sa maison. Des moustiques nous piquent, s’inquiète-t-elle, pendant la nuit.
Ceux qui exercent les petits métiers ne sont pas en reste
Ces intempéries ont fait tomber 14 poteaux électriques. . Il n’y a plus de courant électrique dans cette entité administrative. Ceux qui exercent les métiers tels la coiffure, la soudure sont désœuvrés.
Jean Claude Sindayigaya, 20 ans, est coiffeur. Il vient de passer trois jours sans exercer son métier. Et celui-ci était sa seule source de revenu. « Si le courant électrique n’est pas rétabli dans l’immédiat, les jeunes vont s’adonner au banditisme ou à la débauche ».
Mêmes lamentations du côté d’Agrippine Mpozenzi, vendeuse du lait, : « Suite au manque du courant électrique, j’ai déversé 18 litres.» Elle ne peut pas refroidir le lait et celui-ci s’endommage rapidement.
Les moulins ne fonctionnent plus. Les habitants sont obligés d’aller faire moudre le manioc, le maïs au chef-lieu des communes Buganda et Rugombo à une distance de 5km. Et cela occasionne des frais supplémentaires dont le coût de transport.
L’administration tranquillise
Pontien Bucumi, chef de la colline Murambi, dit avoir dressé la liste des dégâts et l’avoir acheminée à la commune. Toutefois, M. Bucumi envisage une solution intermédiaire : « Dans le cadre de la solidarité locale, nous sommes en train de collecter des vivres et habits qui seront distribués aux plus nécessiteux ».
Emmanuel Bigirimana, administrateur de la commune Buganda, reconnaît les souffrances qu’endurent ces sinistrés. Il souligne que les dégâts sont énormes : « La commune n’a pas les moyens pour venir en aide à toutes ces victimes.» Il précise qu’il a fait appel aux bienfaiteurs. Et de rassurer que ces derniers ont promis d’intervenir dans l’immédiat. Il demande aux sinistrés d’être patients.