A Katuubo, quartier commercial de Kampala, les commerçants répugnent à tomber dans les bras de Morphée. En comparaison avec Bujumbura, c’est le jour et la nuit.
<doc4688|left>Les Ougandais ont compris et su intégrer l’un des objectifs principaux de l’intégration régionale : promouvoir le développement du commerce. Dans la ville de Kampala et plus spécialement à Katuubo, on ne distingue pas les heures de travail et le temps du repos. Les différents magasins et restaurants sont ouverts depuis 6h du matin. A midi, les commerçants ne rentrent pas. Hommes et femmes, jeunes et vieux, tout le monde reste au boulot. Ils continuent à accueillir leurs clients et, en même temps, ils mangent. « Time is money », précise une dame commerçante rencontrée dans l’un des magasins. Elle considère que si on rate une seconde sans être dans son magasin, on risque de perdre beaucoup de clients : « C’est nous qui cherchons les clients et nous devons être à leur service à chaque fois qu’ils ont besoin de nous. »
Le quartier vibre aussi la nuit. Certains magasins fonctionnent jusqu’à l’aube. A 22h et même au-delà, on peut facilement y trouver quelque chose à mettre sous la dent. On fait circuler des brochettes ici et là. Des femmes continuent à cuire des frites, du poisson, etc. On peut aussi se procurer des chaussures, des habits, pendant la nuit.
Le commerce de la monnaie est aussi prospère dans ce quartier. Les bureaux de change sont nombreux et éparpillés à l’intérieur du marché. Donc, si tu as besoin de convertir ton argent, pas besoin de chercher pendant longtemps.
A Bujumbura, certains magasins ferment aux heures de pointe
Le marché central est ouvert à 6h du matin. Certains commerçants commencent à s’installer à 8h du matin. D’autres arrivent à 10h. A 17h, c’est l’heure de fermeture du marché. A l’avenue de la mission, une des avenues les plus commerçantes de la capitale, il n’y a pas âme qui vive à 12h 30. Certains reviennent vers 15h. Idem pour le quartier asiatique. Or, c’est à cette heure que beaucoup de gens, notamment les fonctionnaires de l’Etat et les étudiants, prennent leur temps de pause. Ils pourraient en profiter pour acheter ce dont ils ont besoin. « Même si tu arrives quand un commerçant est en train de fermer son magasin, il ne t’accueille pas », regrette une dame rencontrée à l’avenue de la mission.
<doc4687|right>Entre manque de clients et fainéantise
Des commerçants interrogés au marché central de Bujumbura affirment qu’ils n’ont pas beaucoup à faire. « On aimerait bien travailler, même au-delà de 17h. Mais, le problème est que nous n’avons pas de clients », précise E.N. Aujourd’hui, indique-t-il, peu de Burundais parviennent à satisfaire leurs besoins fondamentaux.
En outre, le fait que les véhicules de transport venant de l’intérieur du pays n’ont plus de parking à ce marché a fait diminuer l’effectif de clients.
Par ailleurs, chez les Burundais, le repos est pour ainsi dire inscrit dans leurs gènes. « On doit aller se reposer, même si on n’est pas fatigué », indique A .C, une commerçante au marché central. Elle est consciente que certains de ses collègues quittent le boulot durant les heures de pointe. Mais, elle déplore qu’on ferme tôt le marché : « Ici, on ferme le marché à 17h. Mais, c’est à ce moment que les fonctionnaires, les privés, etc, aimeraient bien passer au marché parce qu’ils rentrent du travail. »
Le président de l’association des commerçants transfrontaliers du Burundi, Emmanuel Ndayiragije, estime que la fermeture du marché central est une barrière non-tarifaire : « Fermer le marché à 17h, c’est encore tôt. Et quand tu traînes à fermer ton Kiosque, tu es frappé par les policiers.» Ce commerçant demande au gouvernement de prolonger les heures de fermeture. « La sécurité et l’éclairage à l’intérieur du marché sont nécessaires », conclut-il.