Ils paient à la mairie, à la commune, et à l’OBR (Office Burundais des Recettes). En plus, cet office veut aussi d’eux l’impôt sur le résultat…
<doc3927|right>« Nous ne comprenons pas pourquoi on nous colle d’énormes taxes pour la planche, un produit local ! », se plaint Xavien, un des commerçants dans le secteur du bois. En tout, le commerçant doit verser près de 300 Fbu par planche : « Nous payons 100 Fbu ou 120Fbu, 100Fbu, et 100Fbu, par planche successivement à l’OBR, à la commune de provenance et à la mairie. » Et de préciser que pour le cas de l’OBR, le commerçant est obligé de payer avant qu’il n’aille prendre ses marchandises : « La facture est établie selon la commande faite aux fournisseurs. Or, la quantité commandée peut ne pas arriver en totalité, à cause des accidents par exemple. »
Et ce n’est pas tout : l’OBR compte leur demander aussi l’impôt sur le résultat (35% du bénéfice), dans les prochains jours. Ce qui exaspère encore plus Xavier : « Imagine : deux fois de l’impôt pour une même planche à un même office ! » Il lèvre les bras et crie: « D’ailleurs nous nous en sommes pas capable du moment que nous n’avons pas assez de clients ! »
Les clients viennent au compte-gouttes
Dans le pays, le pouvoir d’achat a diminué face à la montée des prix des denreés de première nécessité, causée notamment par des taxes que ces commerçants jugent « d’excessifs ». Résultat : on achète de moins en mois de bois. « Ce sont ceux qui ont des moyens qui construisent. Or, ceux-là ne sont pas légion, par les temps qui courent. La priorité est de nourrir sa famille », fait savoir N.E, un autre commerçant. Il demande à l’Etat de diminuer les taxes pour qu’il ne travaille à perte : « A 4.500 Fbu une planche d’eucalyptus, cela n’arrange pas beaucoup de personnes et nos stocks ne s’écoulent pas facilement. »
Pour Charles Nihangaza, consultant en fiscalité, les taxes payées par ces commerçants des planches sont justifiées et il n’y a pas d’exagération de la part des percepteurs : « Les 100Fbu qu’ils paient à la commune sont expliquées par le fait que la fabrication de ces planches détruit une partie de l’environnement qui nécessite un réaménagement. Les frais à la mairie sont des taxes de chargement. » Quant à l’OBR, cet ancien ministre des Finances explique que le paiement qu’ils font avant d’aller amener leurs planches est une taxe non fiscale qui donne autorisation d’aller apporter les produits : « Il n’ y a pas raison qu’ils paient pas l’impôt sur le résultat du moment que leur activité leur permet de réaliser des bénéfices. »