La balance commerciale continue à être déficitaire. Les experts suggèrent la mise en place de bonnes politiques de promotion des exportations, même si le gouvernement affirme être à pied d’œuvre.
<doc7529|left>Les statistiques de la balance commerciale du Burundi pour le commerce interne à la Communauté Est-Africaine (EAC) mettent en évidence un déficit commercial de 55,5 millions de dollars américains en 2006. Celui de 2011 est plus lourd encore : 242 ,7 millions de dollars américains selon le rapport « EAC facts and figures 2012 » (la balance commerciale étant la différence en termes de valeur monétaire entre les exportations et les importations d’une économie sur une période donnée). Aussi quelques anciens exportateurs de certains produits vivriers indiquent que les produits exportables deviennent de plus en plus rares au Burundi. « Il y a une année je faisais le commerce des maracujas, des prunes du Japon et de pili-pili au Rwanda. Mais maintenant je ne peux plus », se désole D.N., un commerçant de Ngozi (province nord du Burundi). Il explique que les mauvaises conditions climatiques sont la principale cause qui l’empêche d’exercer son métier : «Souvent, ce sont des pluies torrentielles ou trop de soleil dans notre région. Et comme ça, je ne trouve pas de lieu d’approvisionnement.»
D’après lui, d’autres commerçants de sa localité subissent le même sort. « Il y en a d’autres ici qui exportaient du haricot, du sorgho ou du maïs vers les pays limitrophes, surtout lors des grandes récoltes. Le sol devient de moins en moins fertile et les gens parviennent à peine à produire une petite quantité juste pour la consommation.»
Nécessité d’élaborer de bonnes politiques
Pour Patrice Ndimanya, professeur d’économie rurale à l’Université du Burundi, il est possible d’inverser la tendance même si le Burundi devient de plus en plus dépendant des autres pays de l’EAC en matière d’import-export. Aux familles rurales, il suggère de s’organiser et de se regrouper : « Ce qui permettrait à tous leurs partenaires d’entretenir avec elles des relations à moindre coût et d’ainsi arriver à la réalisation d’économies d’échelle. »Bien plus, une administration compétente et correcte, en mesure de concevoir de bonnes politiques et de faciliter leurs mises en place, serait un autre élément clé pouvant promouvoir les exportations. « Le gouvernement doit prendre conscience que son rôle est de faire fonctionner ses services, les planifier, les suivre et les contrôler », rappelle-t-il.
La liberté dans la gestion des récoltes devrait aussi être accordée aux paysans, eux les 1ers investisseurs, d’après M. Ndimanya : « La récente mesure de détaxation s’est accompagnée du contrôle des circuits de commercialisation de certains produits. Cela freine aussi nos exportations, alors que dans tous les pays du monde, c’est la liberté d’entreprendre qui favorise le développement », mentionne-t-il.
<img7527|left>Selon lui, l’esprit protectionniste guidant certains pays membres de l’EAC et l’instauration de la liste des produits sensibles au niveau de la même communauté n’ont pas raison d’être. « Il faut plutôt gérer le déficit au niveau régional s’il y en a pour un pays. Si vous décidez d’adhérer à une communauté, vous acceptez aussi de payer le coût de la solidarité. Au lieu de s’enfermer dans le protectionnisme, autant accroître la capacité de production nationale et régionale »
Toutefois, l’économiste affirme l’existence des exportations frontalières en riz, haricot, sorgho … vers la Tanzanie et le Rwanda : « Même s’il y a une forte dépendance du Burundi en produits vivriers en provenance de l’Ouganda et de la Tanzanie en particulier. »
Des actions pour promouvoir les exportations sont en cours
Au ministère burundais du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, certaines mesures sont déjà entreprises pour développer les exportations, d’après Dismas Baradandikanya, porte-parole du ministère. « Nous comptons promouvoir nos produits industriels, de plus une politique soutenant les fruits et les légumes exportables est déjà établie », indique-t-il. Et de citer parmi les actions concrètes, la lutte contre les barrières non-tarifaires ; l’identification de nouveaux produits exportables et la recherche des marchés à l’exportation, la participation à la foire du COMESA ET EAC, etc.