Ce jeudi 20 février 2014 au Royal Palace Hôtel, l’ambassade du Rwanda au Burundi lançait officiellement les activités relatives à la 20ème commémoration du génocide contre les Tutsi. Pour ceux qui pensent que les Hutu « modérés » tués pendant cette tragédie sont discriminés, ce n’est pas l’avis du premier secrétaire d’Ambassade.
« Le génocide de 1994 était dirigé contre les Tutsi. On ne peut pas l’appeler autrement. C’est la réalité », précise Dieudonné Nkurunziza, premier secrétaire d’Ambassade du Rwanda au Burundi. D’après lui, les Hutu ne peuvent pas le nier. Les non Tutsi qui ont été massacrés, poursuit-il, c’est qu’ils avaient quelque chose en commun avec les Tutsi. Soit, c’est qu’ils les cachaient ou qu’ils ressemblaient à eux. Dieudonné Nkurunziza affirme que les familles des Hutu qui ont péri en voulant cacher les Tutsi ne se sentent pas discriminer lors des commémorations : « Effectivement, ces personnes existent. Le gouvernement rwandais et son peuple sont reconnaissants envers eux. »
Concernant la construction sur le sol burundais d’un monument du génocide rwandais réclamé depuis quelques années par les résidents rwandais du Burundi, le premier secrétaire indique qu’il n’est pas au courant : «Le Rwanda n’a jamais fait une demande officielle. Mais comme le génocide est un crime qui concerne le monde entier, ça peut arriver que le Rwanda le fasse.»
Remember, unite, renew
Se souvenir, s’unir et se refaire est le thème de cette année. «Nous ne pouvons pas changer le passé mais nous pouvons apprendre pour éviter de commettre les mêmes erreurs.», souligne Désiré Nyaruhirira, chargé d’affaires à l’Ambassade du Rwanda. Il souligne que même si le génocide a été commis par des Rwandais, il tire ses origines dans la colonisation.
Pour Laurent Kavakure, ministre des Affaires Etrangères burundais, le moment des commémorations est l’occasion pour tout un chacun de faire une analyse rétrospective, de réflexion profonde sur le caractère sacré de la vie humaine que personne n’a le droit de détruire.
« Il faut nous souvenir pour prévenir de nouveaux crimes pour que plus jamais la main du bourreau ne soit plus levée », déclare Parfait Onanga Anyanga, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies au Burundi. De même que le conseiller du représentant spécial de la présidente de la commission de l’Union africaine, Parfait Onanga Anyanga trouve que les causes pouvant conduire les pays vers l’horreur sont visibles un peu partout : «Elles ont pour nom l’intolérance, l’exclusion politique mais aussi socioéconomique, privation des libertés, violences des droits de l’homme, justice sélective, etc.»
Signalons qu’un rescapé du génocide a fait un témoignage qui a bouleversé l’assistance, où il raconte la mort de ses parents, de son frère et son calvaire pour fuir la ville de Kigali en feu et en sang.
Rappelons que jusqu’au 7 avril, des conférences seront animés par des personnalités venus du Rwanda ou d’ailleurs.