Le Conseil National de la Communication (CNC) a réuni, ce jeudi 11 août les responsables des médias au Centre Communautaires pour échanger sur {La liberté de la presse et ses limites}. Le débat a plutôt tourné aux accusations des uns envers les autres sur leurs manquements.
Après la « note introductive » du président du CNC, celui de l’Union burundaise des journalistes (UBJ), Alexandre Niyungeko, a voulu, d’entré de jeu, comprendre l’orientation du débat : « Allons-nous finalement échanger sur votre mot liminaire ? », demande-t-il à M. Pierre Bambasi qui répond par la négative : « C’était pour lancer le débat. »
Justement, le débat sera engagé quand les uns et les autres vont fustiger l’action de l’organe de régulation qui, plutôt que de régler les litiges à l’aide d’outils juridiques dont il dispose à l’interne, opte pour le transfert des dossiers au Parquet : « Cela voudrait dire que vous démissionnez face à vos responsabilités », reproche le directeur de la RPA à M. Pierre Bambasi.
« Pas du tout ! », rétorque ce dernier qui brandit l’article 12 de la loi N°1/8 du 25 septembre 2007 portant missions, composition, organisation et fonctionnement du CNC : « Le Conseil peut saisir le Ministère Public pour des cas plus graves dont les sanctions ne sont pas prévues dans les délits de presse mais pouvant menacer la profession. »
Bondissant sur l’occasion M. Innocent Muhozi, en même temps directeur de la Radio télévision Renaissance et président de l’Observatoire de la presse burundaise (OPB) pose sa question : « Quel est l’avis du CNC au sujet du débat sur la radio Rema FM d’hier soir ? {[Dans l’après-midi de mercredi 10 août, passait à la radio une émission interactive où les intervenants s’exprimaient d’un ton sévère sur la réaction de Me Rufyikiri par rapport à un éditorial diffusé sur les mêmes ondes et qu’il a qualifié de honteux et de haineux, Ndlr]}» Réponse de M. Bambasi : « Nous condamnons ce qui a été diffusé sur cette radio. »
Comme un volcan qui explose …
Et là, M. Muhozi hausse le ton, fixe le podium royalement érigé pour MM. Pierre Bambasi et Adolphe Manirakiza, son adjoint, les pointe du doigt, le visage ravagé par la fureur et lance : « Vous êtes responsables, dans une certaine mesure, de ce qui se passe actuellement dans le monde médiatique. Le CNC doit sévir impitoyablement contre n’importe quelle radio ou télévision qui dérape de la sorte. »
Il devrait aussi, appuie Eric Manirakiza, directeur de la Radio Publique Africaine, tenir compte de l’impact négatif sur les relations du Conseil avec les médias, lorsqu’il transfère des dossiers au Parquet, au lieu d’user de ses propres forces de coercition.
Non loin de lui, M. Louis Kamwenubusa, directeur de la radio Rema FM avait les lèvres qui le démangeaient : « Que l’OPB [organe d’autorégulation] demande de l’aide pour se restructurer car il n’existe que de nom actuellement ! », lance-t-il en visant M. Muhozi, qui cache finalement à peine son sourire.
… mais dont la lave est refroidie par la mer
Les autres responsables des médias, dont celui de la Télévision Nationale, tenteront de mettre un peu d’eau dans le vin en rappelant le rôle ô combien crucial des journalistes en cette période où l’on parle de la mise en place de la Commission Vérité Réconciliation : « Si nos organes commencent à se tirer dessus à boulets rouges comme on le constate amèrement maintenant, où en serons-nous dans deux ans quand l’effervescence électorale sera en son comble ? Ressaisissons-nous ! », lance Nestor Bankumukunzi.
Après tout, il fallait terminer la rencontre sur quelque chose de positive : « Nous aimerions avoir des suggestions pour plutôt assainir encore plus nos relations », demande M. Bambasi aux responsables des médias.
« Qu’il y ait plus de collaboration entre le CNC et l’OPB. Il faut à tout prix maintenir ce dialogue entre l’organe de régulation et les médias et qu’il punisse sévèrement ceux qui violent les règles de l’art, plutôt que de se limiter aux mise en garde », suggèrent les professionnels des médias qui voudraient également qu’un expert en matière de droits de la presse les aide à mieux comprendre la loi régissant le métier.
Ce qui rentre, par ailleurs en droite ligne avec ce que [le président du CNC voulait mettre en œuvre au début de son mandat.