Difficile de comprendre la communication qui se fait entre Bujumbura et le secrétariat général du Comesa, Marché commun de l’Afrique orientale et australe.
Pendant plus d’une année, Bujumbura se prépare à accueillir le Sommet des Chefs d’Etat de la Communauté. Tout est mis en œuvre et les autorités ne lésinent pas sur les moyens. Ce qui est normal, quand un pays accueille une rencontre d’une telle ampleur.
Ainsi, des panneaux et banderoles annonçant la tenue du Sommet sont fixés sur quelques grandes artères, les drapeaux des Etats membres du Comesa flottent le long de la route menant à l’aéroport international de Bujumbura, des hôtels sont rénovés, des véhicules de l’Etat réquisitionnés. Les dates sont connues. On attend le jour « J ».
Et voilà que le 21 mai, une correspondance du secrétaire général du Comesa au ministre burundais du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme vient doucher l’effervescence de Bujumbura. Elle annonce « qu’en raison de circonstances imprévues », le sommet est reporté vers Lusaka en juillet 2018.
Bujumbura rétorque que «les fonctionnaires de l’organisation n’ont aucune prérogative de changer le lieu du déroulement. Cela incombe aux chefs d’Etat du Comesa». Dixit le secrétaire général du gouvernement de la République du Burundi. Bujumbura dit « poursuivre les préparatifs ».
Comme disait avec un peu d’humour quelqu’un « même un Chinois et un ouvrier burundais finissent par se comprendre sur le chantier ». Car depuis ce courrier annonçant la délocalisation, nous allons basculer dans une autre dimension, dans la confusion la plus totale, le non-dit, les interprétations.
Les réseaux sociaux ne sont pas en reste. Les comptes twitter des autorités vont entrer en activité. Sur son compte twitter, l’ombudsman burundais ne mâche pas ses mots : «L’accueil du sommet est un droit et non une faveur destinée à prouver au monde que nous avons la paix. »
Dans cet imbroglio, il y a tout de même un fait : ce courrier envoyé aux autorités burundaises.
Admettons que Bujumbura pourrait déplorer la forme. Mais les autorités burundaises devraient également noter que « les Chefs d’Etat » du Comesa, en tout cas au moment où nous mettons sous presse, n’ont pas encore remis en question la correspondance qu’elles fustigent.
Au lieu de continuer les préparatifs, comme si de rien n’était, ce qui peut apparaître comme un déni de la réalité, Bujumbura serait mieux inspiré d’user des canaux diplomatiques classiques pour comprendre les vraies raisons derrière cette délocalisation. En langage diplomatique, il y a un message. Ce serait une question à poser aux chefs d’Etat . Directement. Les yeux dans les yeux.