L’administration chasse, depuis ce mardi 21 juin, 37 familles du village de paix de Kayange 2. Elle les accuse d’avoir occupé illégalement des maisons construites pour des rapatriés. Ces résidents protestent et accusent l’administration de vendre ces maisons à des particuliers.
Larmes aux yeux, Cynthia Mugisha (18 ans) est inconsolable. Ses objets sont sur le point d’être jetés dehors par des membres de la Commission de validation de la liste des prochains habitants (officiels) de ce village. La jeune affirme que sa famille n’a nulle pas où aller : « Mon mari n’a pas de travail et nous avons quatre enfants en bas âge.»
Village de paix de Kayange 2, à trois kilomètres du chef-lieu de la commune Rumonge. L’heure est grave. La tension est palpable. Des biens appartenant aux familles qui auraient illégalement occupé des maisons sont jetés dehors un à un par les membres de la commission. Ces derniers, munis de marteaux, n’hésitent pas à forcer des portes des occupants absents.
Juste à côté, Estelle Nsabimana peine à retenir ses larmes. Cette veuve de 50 ans regarde, impuissante, ses biens jetés dans la rue. Dans un sanglot, elle indique que seul un criminel mérite pareil traitement. Selon elle, le Conseil pour l’Education et le Développement (COPED), du diocèse catholique de Bururi, avait voulu construire le village. Mais l’administration l’a convaincue d’accepter la démolition de son ancienne maison, en lui promettant qu’elle en aurait une autre après. Aussi s’étonne-t-elle que la même administration prétende qu’elle a illégalement occupé une maison dédiée à un autre.
Les accusations…
Cet avis est aussi partagé par un autre résident sous couvert d’anonymat. Pour lui, ces familles sont victimes d’une manipulation de l’administrateur communal. Il explique que sur les 268 maisons du village, les accords du HCR et de l’administration prévoient que 80% des maisons seront données aux rapatriés et 20% aux résidents vulnérables. Et de se demander pourquoi ces chiffres ne sont plus respectés.
A.P, un autre habitant de la place n’y va par quatre chemins. Pour lui, l’administrateur communal vend ces maisons à des particuliers : « Il en a déjà vendu cinq à un prix de deux millions chacune. » Selon lui, l’administrateur communal collabore avec Juma Lubada, chef du village, et un certain Aboubakar dans les ventes.
« Que cette personne apporte des preuves »
Toutes ces accusations sont fermement rejetées par Gérard Ndikumana, administrateur communal de Rumonge. « Je suis habitué à des gens qui passent leur temps à calomnier les autres. Je mets au défi cette personne de rapporter des preuves de ce qu’il avance », martèle-t-il. Toutefois, M Ndikumana n’exclut pas qu’un groupe puisse vendre ces maisons ; mais il insiste qu’il n’en fait pas partie.
Concernant ces gens qui affirment avoir fait partie des listes des bénéficiaires des maisons dans ce village, l’administrateur communal indique qu’ils mentent. Pour lui, ces listes ont été élaborées par le HCR, le PARESI et l’administration. Il ne voit pas comment les trois décideraient d’exclure volontairement 37 familles du village.