Jeudi 21 novembre 2024

Politique

Colline Mutambara: Des conditions difficiles, un catalyseur des messages de haine dans la société

10/09/2024 2
Colline Mutambara: Des conditions difficiles, un catalyseur des messages de haine dans la société
Certains habitants de la colline Mutambara considèrent que les conditions de vie précaires ne doivent pas saper la cohésion sociale.

Souvent, quand les gens se retrouvent dans des conditions difficiles et de précarité, ils ont tendance à donner du sens aux situations qu’ils vivent. Ils cherchent à nommer les responsables à tort ou à raison. Certains habitants de la zone Gatete, colline Mutambara, en commune et province de Rumonge appellent à la retenue.

M.P, une habitante de la colline Mutambara fait savoir que la situation actuelle est propice aux plaintes et aux accusations. « Certaines gens disent à leurs voisins : vous avez mal voté. C’est votre parti qui nous fait ça. Vous êtes responsables de cette situation », indique-t-elle. Et de craindre qu’il puisse y avoir la résurgence des crises cycliques comme on en a connu dans le passé.

Une autre habitante témoigne que ceux qui vivent les crises ne peuvent pas se plaindre. Ces derniers indexent les autorités d’être comptables des faits et effets de la crise subie. « Des commerçants, des citoyens sont frustrés. Les yeux sont rivés sur les dirigeants qui doivent en porter l’entière responsabilité. Malheureusement, ils sont pointés du doigt selon leur appartenance ethnique », regrette-t-elle.

Pour M.J, habitant de la colline Mutambara, les conditions difficiles que vit la population provoquent la méfiance et les suspicions. Et pour cause, le contexte actuel n’assure pas le bien-être de la population. « Il y a des gens qui sont accusés de sabotage de l’économie du pays sans que des preuves soient apportées. Dans ce cas, l’unité est mise en cause », fait-il observer.

Selon un médiateur collinaire rencontré, les difficultés ne sont pas provoquées par des Hutu, ni par des Tutsi ou tout autre groupe d’appartenance sociale. « Il faut éviter des accusations mutuelles sans fondement. Nous devons nous confier à nos dirigeants et les soutenir pour trouver des solutions », insiste-t-il.

D’après les habitants de la colline Mutambara, les conséquences de ces accusations mutuelles sont néfastes pour la société. Des gens commencent à se rassembler dans des groupes. Ce repli identitaire peut être suivi par la méfiance et les suspicions. « Ce qui peut culminer dans la haine et les violences de masse ».

Garder l’unité malgré les défis

Ils considèrent alors que personne ne devrait être gratuitement accusée d’être à l’origine des difficultés des autres quand rien ne prouve sa responsabilité. « Nous sommes tous touchés par des crises. Mais, il faut toujours garder l’unité et la cohésion sociale pour surmonter les défis ensemble. Quand nous vivons de meilleurs moments, cela doit aussi être une fierté pour nous tous », soulignent-ils.

Abdoul Ntiranyibagira, chef de cabinet du gouverneur de la province de Rumonge, explique que c’est dans les moments difficiles que le peuple doit manifester son unité. « Les problèmes vont trouver des solutions. Il faut alors éviter des paroles blessantes et des propos incendiaires. Dire que les problèmes vécus sont causés par telles institutions, tel groupe, tels individus sans la moindre preuve est très dangereux », fait-il savoir.

Cet administratif considère que les défis sont passagers. Il rassure que les autorités sont à l’œuvre pour trouver des solutions. Il appelle la population à garder espoir et à s’abstenir de toute accusation gratuite contre d’autres citoyens.

Selon le psychologue Désiré Tuyishemeze, la société est pleine de préjugés. Il fait savoir que pendant les moments et situations de difficultés socioéconomiques, les clivages reviennent à la surface. « Dans ce cas, les gens sont emportés par la colère et développent une communication violente. Ils sont tentés de trouver des bouc-émissaires. C’est la justification la plus facile pour leurs souffrances ».

Il trouve que cela a des conséquences néfastes sur la cohésion sociale et sur la santé communautaire. Il parle de la méfiance, des suspicions et de la mise en cause de l’unité et de la cohésion sociale. « Si nous continuons à cultiver le langage de haine, d’accusations réciproques, cela risque de nous conduire dans des crises plus douloureuses et difficiles à gérer », prévient-il.

Cet expert appelle à soigner la communication pour éviter des retombées négatives. Il faut, dit-il, se retenir et adopter un langage positif, constructif et responsable. « On doit imaginer des solutions pour sortir de la crise au lieu de fabriquer des ennemis », insiste-t-il. Et d’ajouter que chacun doit apporter sa pierre à la construction de l’édifice.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Anonyme

    Comme quoi les mauvais souvenirs, les cauchemars et les traumatismes ne nous quittent pas.

    • H

      C’est le passé qui ne passe pas!

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