Les artistes du collectif Maoni exposeront, du 2 au 23 décembre, leurs œuvres à l’IFB. L’abstrait y sera célébré sous toutes ses formes.
Fini la routine et les représentations figuratives ! Maoni se lance un nouveau défi : séduire le public par des peintures, des sculptures et autres formes artistiques abstraites plus générales, plus mystérieuses. «Nous voulons que le public de Bujumbura à l’instar des portraits et du réalisme comprenne que les formes abstraites sont aussi de l’art », confie Zuwaina Salim, la présidente du collectif.
Une dizaine d’artistes seront présents, chacun dans son élément se prépare du mieux qu’il peut. «Outre l’exposition-vente, des contrats peuvent être décrochés», chuchote l’un d’eux rencontré au Musée vivant.
« Formes et couleurs harmonieuses » est le thème choisi cette année. Sylvestre Ngendakumana, un sculpteur, s’active pour honorer la date du dépôt des objets artistiques. Du haut de ses cinquante ans, il creuse dans son bois pour lui donner forme.
Au fur et à mesure que ce sculpteur s’applique, des formes d’êtres humains apparaissent, ces derniers semblent s’entrelacer. Tenter de comprendre le message que véhicule cette forme n’est pas sans difficulté. Sourire aux lèvres, M. Ngendakumana, droit dans son stand au Musée vivant, livre que c’est l’effet escompté. «Les Burundais commencent à aimer les formes abstraites. Quelques années plutôt seuls les Occidentaux convoitaient ces œuvres.»
Plus loin, dans un autre stand, Pierre Ndayisaba expose ses produits. Son domaine de prédilection est la sculpture métallique. Plus connu sous le nom de Kibuye, ce sculpteur fait aussi parti de Maoni. Il confie quelques astuces de son savoir-faire : «Il s’agit de manier un fil métallique, de lui donner diverses formes jusqu’à obtenir l’aspect voulu. » Une carte d’Afrique à base de fils métalliques et dans laquelle est incrustée des haricots, riz, maïs est l’une des œuvres à son actif.
Des départs, des arrivées aussi
Maoni, c’est aussi la peinture. Dans la galerie Alexander, Christian Bujiriri vient d’emménager dans un autre local. Tout comme les autres artistes, il s’active pour être prêt pour le grand rendez-vous du 2 décembre. Il travail sur deux tableaux. Sur l’un d’eux, une femme voilée avec des tissus aux multiples couleurs. Son regard est perçant. « Je me suis inspiré de la condition des femmes de l’Islam. Naturellement elles savent exprimer leurs émotions, ce qui est artistiquement une bonne chose. »
Malgré l’exposition qui approche à grands pas, les difficultés ne manquent pas. «Nous n’avons pas encore eu de sponsors suffisants», admet Zuwaina Salim. Avec la crise, confie la présidente de ce collectif, des artistes se sont éparpillés dans la sous-région pour vivre de leur art. Dans la foulée, des étrangers sont partis, privant ce collectif de sa première clientèle. « L’art, c’est un luxe, la priorité des Burundais est ailleurs », admet, Zue Salim. Cette dernière est toutefois confiante : «L’année passée, nous avons assuré. Nous espérons faire pareil cette année.»
Pour rappel, deux jeunes artistes Nelson Niyakire et Clovis Ngoy viennent de passer une année en France. Ils ont eu grâce au concours de l’IFB des bourses d’art.