La fraude, la non-collaboration entre les agents de l’OBR et l’administration, le manque de sensibilisation sur le civisme fiscal sont parmi les défis auxquelles fait face la collecte des taxes et impôts au Burundi. Le ministre de l’Intérieur appelle l’administration à collaborer avec l’OBR et à lutter contre la fraude.
« Certains administratifs sont complices dans la fraude. Ils protègent les fraudeurs des produits comme les pagnes, les boissons alcoolisées, etc. Certains savent où se trouvent les stocks des marchandises frauduleuses, mais ne renseignent pas l’OBR », a indiqué Félicité Nibigira, directrice des opérations douanières à l’Office burundais des recettes (OBR), lors d’une réunion avec le ministre de l’Intérieur et les gouverneurs des provinces.
Elle déplore que certains administratifs ne comprennent pas le rôle de l’OBR et ne collaborent pas avec ses agents dans la collecte des taxes et impôts : « Il faut que l’administration, la police et l’OBR travaillent en synergie pour augmenter les recettes. Nul ne devrait ignorer l’autre alors que nous travaillons pour le même gouvernement. Chacun doit savoir les responsabilités et les limites de l’autre ».
Félicité Nibigira regrette que certains administratifs et policiers ne savent pas ce que dit la loi sur la gestion des marchandises frauduleuses saisies, ce qui fait que certaines marchandises saisies soient parfois détournées.
En outre, l’OBR dénonce l’association antifraude, agrée par le ministère de l’Intérieur, qui demande de la corruption aux fraudeurs pour ne pas renseigner leurs cas à l’OBR. Et d’appeler à plus de sensibilisation de la population sur l’importance de renseigner l’OBR sur la fraude et l’évasion fiscale.
Le directeur des taxes internes et recettes non-fiscales à l’OBR, Frédéric Manirambona, appelle les administratifs à appuyer l’OBR dans la sensibilisation sur le civisme fiscal.
Il les exhorte à faciliter régulièrement le travail des agents de l’OBR sur terrain, vérifier que les commerçants œuvrant dans leurs localités déclarent et paient l’impôt et les taxes, et fournissent des renseignements sur la présence des petites unités de transformations dans leurs circonscriptions.
Il demande aussi à l’administration de transmettre à l’OBR des renseignements concernant les coopératives œuvrant dans le secteur des mines et carrières ainsi que le rapport des maisons en location, des hôtels et des maisons de passage.
Des gouverneurs parlent d’agents de l’OBR irrespectueux
« C’est regrettable qu’un représentant de l’OBR dans la province ne connaisse pas le gouverneur de cette province. Dans ce cas, la collaboration est difficile », indique Jean-Claude Barutwanayo, gouverneur de la province Muyinga.
Pour lui, il faut que les représentants de l’OBR dans les provinces se présentent auprès de l’administration pour que la collaboration et la synergie dans la collecte des taxes et impôts soient effective.
Le gouverneur de la province Kirundo, Albert Hatungimana, fustige le comportement de certains agents de l’OBR dans les provinces : « Il y en a qui ne respectent pas les gouverneurs. Comment est-ce qu’on peut collaborer avec ces agents irrespectueux ? Certains pensent qu’ils sont au-dessus des gouverneurs. Nous travaillons pour le même gouvernement et devons collaborer dans un respect mutuel ».
Pour le gouverneur de la province Kayanza, Rémy Cishahayo, l’OBR devrait accroître son personnel pour maximiser les recettes. Pour lui, il faut faire la rotation régulière des agents de l’OBR dans les provinces : « Au fil du temps, certains deviennent des amis des contribuables, ce qui peut entraîner l’évasion fiscale et favoriser la fraude. La rotation du personnel aura un impact positif sur la collecte des taxes et impôts ».
Le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, Martin Niteretse, appelle les administratifs à collaborer avec les agents de l’OBR dans leurs circonscriptions et à lutter contre la fraude : « Tout fraudeur doit être arrêté et traduit devant la justice. Le fraudeur est un ennemi du pays ».
Il demande aux gouverneurs de faire l’inventaire des maisons en location et des petites usines de transformation dans leurs provinces endéans deux semaines pour qu’un rapport soit soumis à l’OBR.