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COCAFEM/GL engagée dans la transformation des normes de genres et les pratiques culturelles néfastes

10/02/2025 Commentaires fermés sur COCAFEM/GL engagée dans la transformation des normes de genres et les pratiques culturelles néfastes
COCAFEM/GL engagée dans la transformation des normes de genres et les pratiques culturelles néfastes
Les participants à l’atelier se sont engagés à agir pour la transformation des normes et pratiques hostiles à la participation politique des femmes

La Concertation des Collectifs des Associations féminines de la Région des Grands-lacs, COCAFEM/GL a organisé le lundi 3 février 2025, un atelier de présentation du rapport de recherche sur les normes de genre et les pratiques culturelles qui entravent la participation politique des femmes. Des experts ainsi que différents acteurs dont les partenaires, les organisations communautaires et les autorités se sont engagés à agir pour éradiquer les inégalités basées sur le genre.

L’atelier de présentation et validation a vu la participation des autorités administratives, des députés, des sénateurs, des représentants du Ministère de tutelle et ceux du ministère de l’Intérieur.

En outre, il y avait les représentants des organisations internationales et nationales, et des Agences du système des Nations-unies, les organisations de la société civile et les organisations partenaires. Ils ont donné des contributions et se sont engagés activement dans la transformation des normes culturelles et du genre néfastes pour booster la représentativité des femmes dans les sphères de prise de décisions.

Cette étude a été menée dans les treize communes des provinces de Ruyigi et de Rutana par des éminents enseignants-chercheurs de l’université du Burundi. Elle rentre dans le cadre du projet «Bakenyezi Dukenyerere Amahoro», BDA mis en œuvre en provinces de Ruyigi et Rutana. Christian Aid Burundi, CAB est le chef de file du consortium constitué par : COCAFEM/GL, Association Dushirehamwe, Réseau Femmes et Paix et YELI sous le financement de UNPBF.

Pour le représentant de Christian Aid, les résultats de cette étude sont le fruit d’une collaboration entre Christian Aid Burundi, la COCAFEM et le ministère de la Solidarité qui s’occupent des questions du genre. Il a précisé que les résultats serviront de référence pour les autres associations qui travaillent dans la communauté pour éviter de reprendre les activités déjà réalisées.

Cette étude livre une analyse des causes profondes des inégalités entre les hommes et les femmes entretenant la violence contre les femmes et filles au Burundi. Tout cela perpétue une dynamique de genre inéquitable et des obstacles à leur participation politique au Burundi.

Un système patriarcal qui reste une entrave

Selon les chercheurs, le système patriarcal reste une entrave à l’épanouissement de la femme et de la fille. Pour eux, les normes sociales de genre traitent de la notion de masculinité et de féminité. « La manière dont le genre acquiert une dimension hiérarchique avec la tendance de privilégier la masculinité maintient la hiérarchie genre et la manière dont les hommes et les femmes croient pouvoir devoir réagir. Puis, il y a possibilité de sanctions sociales en cas de transgression de ces normes. Ces règles perpétuent les inégalités, la discrimination et la violence basée sur le genre », explique Léonidas Ndayisaba, politologue et l’un des chercheurs ayant mené l’étude.

D’après ce chercheur, dans un système patriarcal traditionnel, le masculin père-fils prime sur le féminin mère-fille. « Avec des normes y afférentes et même des pratiques conséquentes. Ce qu’on peut attendre d’une femme et qu’elle soit une femme soumise, une femme devant toujours être confinée dans les travaux peu ou non rémunérées, des travaux de champ, travaux de maison, etc. En conséquence, elle doit être peu présente dans l’espace public par exemple ». Et d’ajouter que même au niveau de la prise de décisions et de la participation à l’intérieur du ménage. Ce sera toujours un système patriarcal qui doit prendre le dessus.

La consultante Christine Mbonyingingo a également présenté un rapport consolidé utilisant les éléments du rapport sur les normes et les pratiques culturelles néfastes ainsi que les éléments issus des dialogues communautaires. Elle est revenue sur les différentes inégalités. Elle a cité notamment des inégalités de droit à la parole et à la liberté d’expression ; les inégalités d’accès au droit de vivre libre de toutes les violences et la discrimination.

En outre, il s’agit des inégalités d’accès au droit à l’éducation scolaire et académique ; des inégalités au droit à la propriété foncière et aux facteurs de production ainsi que des inégalités d’accès à une participation équitable aux décisions qui engagent le ménage. Enfin, elle a parlé d’inégalité dans le partage des rôles au sein de la famille et des inégalités à la participation politique.

Une étude salutaire venue à point nommé

Selon Pascasie Sinzinkayo, 2è vice-présidente de COCAFEM, cette étude témoigne d’un engagement résolu du COCAFEM/GL et de ses partenaires envers un avenir plus équitable au Burundi. « La concertation a un objectif de voir un épanouissement intégral de chaque citoyen de la région c’est-à-dire, l’homme, la femme et l’enfant qu’ils soient épanouis intégralement. Partant de ce rapport, il a pu nous montrer les pratiques et les normes néfastes qui entravent la participation politique de la femme au Burundi », a-t-elle précisée.

Le représentant de Christian Aid (gauche), représentante du ministère en charge du Genre (milieu), et la 2ème Vice-présidente de COCAFEM (droite) procédant à l’ouverture de l’atelier de présentation du rapport d’étude sur les normes et pratiques culturelles néfastes à la participation politique des femmes.

Pour Pascasie Sinzinkayo, les résultats et recommandations sont destinés dit-elle, à tous les acteurs étatiques et non étatiques pour prendre des mesures qui s’imposent. « Nous espérons que les éléments clés qui y sont sortis vont nous aider à mobiliser les partenaires étatiques et les partenaires technico-financiers pour qu’on puisse continuer à plaider dans le sens de booster la représentativité des femmes dans les sphères de prise de décision ».

Pour le ministère en charge du Genre, cette étude vient à point nommé. Ses résultats sont salutaires. « Nul n’ignore l’importance des travaux scientifiques qui sont de nature à éclairer toutes les interventions visant à promouvoir les droits humains en général et ceux des femmes en particulier. Nous saluons l’initiative de l’étude organisée dans le cadre du projet Bakenyezi Dukenyerere Amahoro, BDA », s’est réjouie Donavine Niyonsaba, directrice de l’Egalité de genre au ministère de la Solidarité.

Elle a indiqué que le rapport de cette étude permettra de prendre connaissance des normes de genres et pratiques culturelles persistantes faisant obstacle à la participation politique effective des femmes au Burundi. « Ces évidences nous aideront à bien orienter les initiatives ultérieures relatives à la promotion de la participation politique des femmes dans les instances de prise de décision ».

Recommandations pertinentes résultant de l’atelier de validation du rapport

1.Il est observé régulièrement des situations qui montrent que la représentation effective des personnes du genre féminin n’est pas une réelle priorité. Les exemples ont été donnés par l’équipe des chercheurs de l’Université qui présentaient le rapport. Cette composée de 4 hommes et une femme. De ce fait, il a été recommandé à chaque entité participante à l’atelier de profiter de toutes les opportunités pour aller rapidement vers la parité.

2. Les organisations citoyennes ne sont pas suffisamment actives et s’autocensurent. Elles n’ont pas suffisamment d’audace pour aborder les sujets qui fâchent. Il a été suggéré aux acteurs de la société civile d’affiner les stratégies de plaidoyer et d’en faire un suivi permanent pour que son impact soit à la hauteur des investissements humains, techniques et financiers consentis.

3. La Constitution devrait changer pour consacrer la parité. La loi sur les régimes matrimoniaux, les successions et les libéralités devrait enfin voir le jour car les gouvernements successifs au Burundi ont tous mis un frein à la venue de cette loi. Le Code électoral n’est pas égalitaire non plus. Il est alors recommandé d’abord aux parlementaires et aux acteurs de la société civile d’articuler un plaidoyer fort pour l’intégration de la parité dans la Constitution dans toutes les sphères de la vie nationale. En attendant cette révision, le Burundi devrait se doter d’une loi sur la parité comme les autres pays de la région et la mettre en œuvre effectivement.

4.La loi sur les violences sexuelles et basées sur le genre lacunaire en cours de révision devrait être partagée à un large public. Il est demandé au ministère en charge du genre d’accélérer la revue de ladite loi et la diffuser rapidement auprès des ménages pour qu’ils se l’approprient.

5.La coordination des acteurs des communautés et de la société civile est des fois difficiles. La meilleure stratégie serait de travailler directement avec les ménages. Le rapport suggère à tous les intervenants de Commencer à travailler au sein de la communauté par la stratégie de proximité en investissant les énergies auprès des ménages.

6.Les églises constituent une force avec laquelle les divers acteurs doivent travailler. Cette force devrait être au service de l’équité. Il est recommandé aux églises de faire la promotion des masculinités positives comme une stratégie pour enseigner correctement les jeunes.

7.La culture est considérée comme un élément identitaire qu’il faut ménager. Il est nécessaire de travailler sur elle d’une façon stratégique. Tous les intervenants doivent préparer une feuille de route pour susciter le changement des normes sociales nocives qui annihilent le développement.

8.En attendant les lois qui des fois tardent à venir, une jurisprudence aide à éviter des conflits et à désengorger les cours et tribunaux. Les acteurs déplorent la suspension de la jurisprudence en matière de partage de la terre, domaine dans lequel il y a un vide juridique concernant les femmes. Il est demandé aux parlementaires de rencontrer les autorités de droit pour leur indiquer les avantages comparatifs de la jurisprudence en matière de partage des terres par les familles.

9. La parité est une bonne pratique de gouvernance et d’inclusion sociale. Les parlementaires devraient organiser une évaluation de la situation au sein des administrations publiques et privées afin d’exiger un redressement. Des changements s’imposent pour accélérer la parité d’ici 2030.

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