Jeudi 27 février 2025

Politique

CNL : Procès sous tension d’Agathon Rwasa reporté

27/02/2025 0
CNL : Procès  sous tension d’Agathon Rwasa reporté
Des militants et sympathisants pro Rwasa massés devant la Cour suprême du Burundi

Le procès opposant Agathon Rwasa à la nouvelle direction du parti Congrès national pour la liberté (CNL), prévu pour le 27 février 2025, n’a finalement pas eu lieu. Alors que la partie adverse n’était pas présente, l’audience a été rapidement ajournée au 25 septembre 2025 pour cause d’assignations incomplètes. Agathon Rwasa dénonce une manipulation politicienne autour de ce dossier.

Le 27 février 2025, la Cour suprême du Burundi devait se prononcer sur le procès opposant Agathon Rwasa à la nouvelle direction du CNL. Pour rappel, au cœur du litige se trouve la légalité du congrès tenu le 10 mars 2024 à Ngozi, au cours duquel un groupe de députés a évincé Rwasa de la présidence du CNL au profit de Nestor Girukwishaka. Depuis, Rwasa et ses fidèles contestent la validité de cette décision, arguant qu’elle viole les statuts du parti.

Très tôt le matin, des groupes s’étaient déjà formés aux alentours du bâtiment de la Cour suprême du Burundi. Il s’agissait des fidèles et sympathisants d’Agathon Rwasa, venus lui manifester leur soutien. Vers 9 h, le groupe s’étoffe. Des députés pro-Rwasa arrivent sur les lieux. Devant ce parterre de militants et de sympathisants, Agathon Rwasa échange avec certains cadres du parti. L’atmosphère est tendue à l’approche de l’entrée dans la salle d’audience.

Aux environs de 10 h, Agathon Rwasa et ses partisans pénètrent enfin dans la salle. Quelques minutes plus tard, les juges font leur entrée. À la grande surprise de l’assistance, la partie adverse de Rwasa est absente. Seuls ses avocats sont présents.

L’ajournement contesté du procès

D’un coup de maillet, le président de séance ouvre l’audience. La juge commence par rappeler les dossiers inscrits à l’ordre du jour.

Au grand dam du camp Rwasa, elle annonce que l’affaire ne peut pas avancer en raison d’assignations incomplètes. « Nous n’avons que six personnes déjà assignées sur dix parmi les défendeurs. Il s’agit de Bernard Ndayisenga, Térence Manirambona, Godeberthe Hatungimana, Léopold Hakizimana, Jean-Berchimas Mbanye et Zénon Hakizimana. Pélate Niyonkuru, Nestor Girukwishaka, Félix Mpozeriniga et Marie-Immaculée Ntacobakimvuna ne sont pas encore assignés », déclare-t-elle.

La défense de Rwasa demande alors aux juges d’accélérer le dossier malgré ces assignations incomplètes. « La lenteur de ce dossier est une victoire pour les défendeurs », s’indigne Clément Retirakiza, un des avocats du camp Rwasa.

La juge réplique : « Il est vrai que la Cour souhaite faire avancer ce dossier, mais la loi est claire sur ce point. Vous connaissez vous-même la procédure d’assignation. Aidez plutôt la Cour à faire progresser ce dossier. »

Finalement, le procès est reporté au 25 septembre 2025. À 10 h 10, la séance est levée.

Un ajournement qui suscite l’indignation

Interrogé sur cet ajournement rapide, Agathon Rwasa se dit loin de se réjouir et compare la gestion de cette affaire à un véritable « escape game ». « Il y a une manipulation politicienne autour de ce dossier. Le rendez-vous d’aujourd’hui était connu de tous, mais la partie adverse n’a pas daigné se présenter. D’ailleurs, on constate que la Cour applique exactement ce qu’elle a toujours voulu mettre en œuvre. Visiblement, il n’y a aucune urgence à ce que ce procès connaisse une issue. Or, une société où la justice fait semblant d’exister est une société qui n’est pas viable et qui n’a probablement pas d’avenir », déplore-t-il.

Selon lui, au lieu de tergiverser, le ministère public devrait exercer une pression sur l’autre camp afin qu’il respecte la Cour. « Sinon, on serait en droit de penser que cette Cour est aux ordres », ajoute-t-il.

Concernant la procédure d’assignation, le député à l’Assemblée nationale du Burundi rappelle qu’un tel procès doit être tranché dans un délai de trente jours. « Or, cela fait presque un an que nous avons déposé notre plainte », souligne-t-il.

Un proche de Rwasa présent lors de l’audience critique ce qu’il qualifie de « manœuvres dilatoires » de la Cour et rappelle que ce dossier n’est que l’un parmi tant d’autres illustrant la fragilité de la justice au Burundi.

Pour rappel, dans une interview exclusive accordée récemment à Iwacu, Agathon Rwasa a affirmé qu’il ne participera pas au marathon électoral de 2025.

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