Dimanche 22 décembre 2024

Politique

CNL, le tilapia de la politique

30/08/2019 Commentaires fermés sur CNL, le tilapia de la politique
CNL, le tilapia de la politique

C.G., ex-cadre du MSD au nord, B.N., ex-cacique de l’Uprona pro Nditije au sud, et E.S., ancien responsable de l’Uprona au centre du Burundi. Se trouvant à la croisée des chemins, ces trois politiques aux trajectoires différentes ont bifurqué vers le CNL, poids lourd de l’opposition burundaise. Transhumance politique liée au calendrier électoral ou simple illustration du constat d’Aristote : «La nature a horreur du vide

Tel un tilapia pouvant s’acclimater à un milieu toxique pour les autres poissons, le climat politique hostile ambiant semble glisser sur le CNL. Mieux qu’une faculté d’adaptation, le négatif se révèle être le ferment de sa vitalité. Le verrouillage de l’espace politique, consécutif à l’éclatement de la crise politique d’avril 2015, s’avère être un tremplin, son ressort.

Dans un contexte de manque d’espace vital pour s’épanouir, et qui plus est de violence politique – quasi exclusivement à son encontre -, la première force de l’opposition parvient à tisser des liens empreints de ferveur avec sa base. « Twopfuma dupfa hako duheba umugambwe wacu » (« Plutôt mourir que d’abandonner notre parti », soutiennent  des militants du CNL de la zone Rugari dans la commune et province Muyinga.

Autre tour de force, quand les autres leaders de l’opposition reculent – « main tendue vers le pouvoir » – sous l’effet des vents violents contraires, celui du CNL a appris à naviguer dans les eaux sinueuses de l’adaptation – manoeuvres dilatoires pour l’agrément de son nouveau parti -, durant les quatre années écoulées, évitant les écueils de la compromission. Son entrée à l’hémicycle de Kigobe, considérée par certains comme une capitulation, est aussi une autre manière de slalomer sur le champ de bataille qu’est l’échiquier politique.

Mieux, il siphonne par le haut les autres partis politiques de l’opposition dans un état de conscience politique minimale. Des cas isolés ou début d’hémorragie? Quid de leurs bases désormais orphelines d’un leadership charismatique in situ?

Des dynamiques souterraines de reconfiguration du paysage politique font déjà affleurer un constat : la polarisation de la vie politique burundaise autour d’un corps-à-corps entre deux titans. En résulte l’immobilisme, pas de  véritable nouvelle offre politique.

Le combat d’idées pour remettre le pays sur les rails du développement socio-économique, l’échange fécond dans lequel « Autrui est mon Maître » passent ce faisant à la trappe.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 2 458 users online