Dans la foulée de la réunion du Comité central du parti CNDD-FDD tenu à Ngozi les 22 et 23 avril, le secrétaire général de ce parti a décrit un Burundi extraordinaire : prospère et stable. Une prophétie autoréalisatrice ? Des réactions fusent de partout.
Par Pascal Ntakirutimana, Jean Noël Manirakiza, Fabrice Manirakiza, Rénovat Ndabashinze et Jérémie Misago
Au lendemain de la réunion du Comité central du parti au pouvoir tenue dans la commune Mwumba de la province Ngozi, Révérien Ndikuriyo, le secrétaire général de ce parti s’est exprimé devant la presse pour annoncer les réformes que le CNDD-FDD au pouvoir veut initier pour atteindre la vision ‘’Burundi pays émergent en 2040 et développé en 2060’’.
« C’est le parti CNDD-FDD qui gouverne le pays. Quand les choses ne marchent pas bien, c’est lui qui est pointé du doigt. Les résolutions de cette réunion vont être exécutées par le gouvernement issu de ce parti », a déclaré M. Ndikuriyo. Avant d’indiquer que c’est une réunion qui prend des décisions en lieu et place du Congrès extraordinaire.
A la recherche des devises
Selon le secrétaire général du CNDD-FDD, des réformes dans l’agriculture, la pêche et l’élevage doivent s’imposer pour pallier la carence des devises.
Révérien Ndikuriyo a d’abord indiqué que les cultures d’exportation seront redynamisées en vue d’accroître la production. « C’est pour faire entrer des devises étrangères qui commencent à nous causer des torts ! ».
D’après lui, dans 4 ans seulement, 45 mille tonnes de café seront produites et vendues à l’extérieure. Avant de signaler que l’argent qui va provenir de la vente du café va aider le pays à constituer des stocks de carburant.
Ndikuriyo a fait savoir que désormais la culture d’avocatier fait partie des cultures d’exportation. Chaque ménage plantera au moins 10 avocatiers pour attendre la production d’un million de tonnes dans 5 ans. « Ce million de tonnes d’avocats, une fois vendu sur le marché extérieur va faire entrer, d’ici 5 ans, environ un milliard de dollars », a laissé entendre Révérien Ndikuriyo.
Il a déclaré en outre que les entreprises qui fabriquent les fertilisants vont être soutenues. « Nous espérons que grâce à ce soutien, d’ici deux ans, le pays va vendre sur le marché international, 500 mille tonnes de fertilisants. Cela pourra aussi générer de devises »
L’agriculture bio sera également mise en avant pour attirer les consommateurs étrangers qui pour lui apprécient l’alimentation saine qui ne contient pas des produits chimiques. En implantant dans tout le pays des centres nécessaires, les poissons et les lapins compenseront les protéines dans l’alimentation.
Concernant la sécurité alimentaire, les semences sélectionnées seront produites et multipliées sur place dans des centres agropoles pour lutter contre leur carence et leur mauvaise qualité. Mais surtout pour éviter de dépenser de devises dans leur exportation. « La mise ensemble des terrains agricoles est la clé pour produire beaucoup plus », a-t-il expliqué.
Poursuivre les présumés putschistes
Dans le but de continuer à bien organiser le pays, a déclaré Révérien Ndikuriyo, le Burundi doit continuer à rechercher les présumés putschistes de 2015. Pour lui, ceux qui pensent et disent que l’affaire de ces derniers n’est plus d’actualité se trompent. L’affaire n’est pas encore close. « Ce qui a été commis sous le règne de feu président Pierre Nkurunziza ne peut pas s’effacer sous celui d’Evariste Ndayishimiye »
Il a dit de ne jamais amnistier ces présumés putschistes. « Toute personne qui a participé à l’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et à la tentative de renversement des institutions en 2015, où qu’elle soit et durant toute sa sa vie, elle sera toujours poursuivie. Car, elle a voulu porter atteinte à la démocratie populaire »
Pour ceux qui accusent le CNDD-FDD d’être derrière ce qui s’est passé au CNL, Ndikuriyo a répliqué que les affaires de ce parti n’incombent pas à sa formation.« Le CNDD-FDD est un parti fort et organisé, il ne peut pas se mêler dans ce genre de choses. »
Par ailleurs a chargé M. Révérien Ndikuriyo, le CNL n’a pas été détruit, il a changé ses organes dirigeants comme le fait régulièrement le CNDD-FDD. « Est-ce que le fait de changer les organes signifie détruire un parti ? »
C’est plutôt l’égoïsme du président de ce parti, , qui a fait que certains membres de cette formation politique se révoltent contre lui. « Imaginez un parti qui obtient la chance d’avoir la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Mais qui décline pour la simple raison que ce n’est pas le président du parti qui est éligible. Là, les gens peuvent évaluer et constater que c’est du n’importe quoi. Lors de l’élection des députés de l’EALA, elle a mis en avant un certain Christophe et son épouse. Et quand ses militants se révoltent, est-ce que c’est Ndikuriyo ? »
On m’accuse d’avoir prédit ce qui s’est passé au CNL. « Mais quand je dis ça et que ça aboutit, il n’y a aucun problème là aussi. »
S’agissant du message des Evêques catholiques, Ndikuriyo a fait savoir que les prélats ont profité de « la liberté d’expression qui règne au Burundi. » Mais que les accusations de vouloir instaurer le monopartisme sont de loin réelles. « A chaque Pâques, ils reçoivent et baptisent de nouveaux chrétiens. Est-ce le CNDD-FDD qui va repousser ceux qui veulent adhérer au parti ? »
Il confie qu’il serait par ailleurs fier si tous les Burundais deviennent des Bagumyabanga, après être convaincus de l’idéologie du parti et de ses programmes politiques.
Une ‘’formation patriotique’’ de deux ans pour les lauréats des humanités
Pour Révérien Ndikuriyo, la sécurité du pays est indispensable. Il regrette malheureusement la perte de discipline et le sens de moralité actuelle de la jeunesse burundaise. Il a ainsi promis de mettre rapidement sur pied l’enseignement de la culture burundaise et une formation patriotique à l’endroit des jeunes qui terminent le secondaire.
« Désormais les lauréats des écoles secondaires vont bénéficier d’une « formation patriotique’’, durant deux ans avant de poursuivre leurs études universitaires. », a déclaré Ndikuriyo
Et de préciser : « les jeunes doivent apprendre ce que la patrie veut dire : une histoire, des devoirs, des droits, une langue, le sens profond du respect et de l’engagement, et cela dès l’enfance. »
D’après le secrétaire général du CNDD-FDD, ce n’est pas la première fois que le pays instaure ce genre de formation. « Le Service militaire obligatoire a existé. D’ailleurs, dans d’autres pays c’est comme ça. Allez lire le modèle de développement singapourien, le Premier ministre a pris une décision que chaque jeune ayant 18 ans revoulus doit entrer dans l’armée pour permettre de bien organiser le pays. Pensez-vous que nos jeunes vont apprendre seulement les mathématiques ? Non, ils doivent également avoir une formation militaire pour bien organiser le pays »
Ndikuriyo s’est exprimé également sur les cas d’enlèvement et Kidnapping récemment dénoncés par les Evêques catholiques. Il a estimé qu’il y a plusieurs raisons pouvant générer des conflits entre individus, ce qui peut amener à avoir ces cas d’enlèvements. La solution pour lui est d’alerter les autorités à temps pour permettre à tout le monde d’aller au secours de la victime. « Sinon nous sommes sur terre et le pays n’est pas habité par des anges. »
Concernant la récente affaire des machettes, Révérien Ndikuriyo a tranquillisé la population. Il s’agissait des rumeurs. « Ce n’est pas la première fois que ces informations circulent. Il y a ceux qui ne sont pas fiers de l’état actuel du pays. L’Etat est stable. Les déstabilisateurs ne peuvent pas manquer. Il y a les gens qui sont habitués à tuer. Qui se sentent mal à l’aise quand trois ans par exemple passent sans qu’il y ait des massacres. Ce qui montre que c’étaient des rumeurs, les mêmes gens ont vite fait un rétropédalage. »
Une politique pour la croissance ?
Révérien Ndikuriyo souhaite également accélérer le réarmement académique, scientifique, technologique, industriel et agricole.
D’après lui, l’expérience a montré par exemple que pour nombre de biens essentiels, comme les engrais agricoles et autres médicaments, le Burundi dépend trop souvent de l’étranger. Des solutions technologiques ou le numérique nécessitent la formation des techniciens.
Dans ce point de presse avec les médias, Révérien Ndikuriyo n’a pas manqué de souligner que la vision d’un pays émergent en 2040 et un pays développé en 2060 ne pourrait pas être atteint sans des industries de transformation des biens. « Les écoles doivent former des techniciens et ingénieurs pour exploiter nos mines. L’énergie électrique fer de lance dans les industries et l’exploitation des mines va être produite en grande quantité. »
Santé et reproduction comme priorité
D’après Ndikuriyo, il n’y a pas de bonne santé sans les médecins et des structures de soins proches de la population. Le taux de natalité est le plus fort dans notre pays. A cette allure, tous les efforts de développement seront vains. Il faut réguler et diminuer les naissances. Les établissements scolaires et les universités qui enseignent la médecine seront multipliés et soutenus.
D’autres décisions : la propreté corporelle et environnementale seront obligatoires. La consommation et production locale des boissons très alcoolisées produites par des sociétés ou entreprises locales seront suspendues jusqu’à ce que des études sérieuses soient faites pour évaluer l’impact sur la santé de la population et surtout sur les jeunes
« Il s’est avéré que la teneur d’alcool de ces boissons n’est pas vérifiée La santé de notre jeunesse pour arriver à la vision 2040-2060 est notre défit !», a déploré le secrétaire général du CNDD-FDD.
Sur la pénurie du carburant et la flambée des prix, le secrétaire général du CNDD-FDD a donné des raisons. « Le carburant n’est pas acheté en Franc burundais. Et la flambée des prix des produits alimentaires est due au déséquilibre entre la production et la consommation »
Cherchant à assainir le climat social et juridique dans un pays souvent déchiré par des crises politique et sociale, le secrétaire général du parti au pouvoir a indiqué que des réformes sociales et juridiques et la sensibilisation des hommes et femmes de la loi sur la corruption et la justice équitable sont plus que nécessaires.
L’utilisation des téléphones mobiles pendant les heures de services sera bientôt interdite. « Nous avons déjà remarqué que le temps de production est gaspillé par l’utilisation abusive des téléphones mobiles !», a constaté M. Ndikuriyo.
Réactions
Phénias Nigaba : « C’est une distraction »
« A travers ce communiqué, nous avons entendu que le secrétaire général du parti au pouvoir a des intentions démontrant qu’il y a des projets qu’il souhaite que ce parti fasse. Mais au niveau de notre parti, c’est un mensonge », réagit Phénias Nigaba, vice-président du parti Sahwanya-Frodebu.
En effet, explique-t-il, il y a un programme du gouvernement qui est en train d’être mis en application et qui doit être exécuté suivant les résultats des dernières élections.
Pour lui, le parti au pouvoir ne peut pas s’arroger le droit de changer ce programme à une année des élections. D’ailleurs, observe-t-il, un programme du gouvernement ne peut pas être changé par un parti. « Parce que le gouvernement met en application ce qu’il a promis au peuple. C’est donc une distraction pour cacher les problèmes internes du parti. Ce n’est pas cela le grand problème auquel le pays fait face. »
Il signale d’ailleurs que le gouvernement n’était pas présent dans cette réunion du comité central du parti. « Il y a des voies connues pour changer le programme du gouvernement. Ce n’est pas dans une seconde qu’on change le programme du gouvernement. Qu’on arrête de mentir le peuple burundais. Peut-être qu’ils étaient en train de discuter sur d’autres questions et pour essayer de créer de l’espoir, ils ont pensé à sortir ce communiqué. Ce sont des souhaits irréalistes. »
Pour lui, dire par exempleque les étudiants de l’Université du Burundi vont dormir encore dans les homes, qu’on va revenir sur le système d’internat dans les lycées, c’est juste des intentions quasiment impossibles de réaliser. « C’est juste une distraction », se résume-t-il.
Simon Bizimungu : « Le Burundi émergent sera construit par toutes les forces vives de la nation »
Selon Simon Bizimungu, c’est un retour en arrière de revenir sur l’affaire du 3è mandat. « La cour de l’EAC, dirigée par un Burundais a déjà jugé d’illégal la candidature de feu président Pierre Nkurunziza. Revenir sur cette affairec’est faire un pas en arrière. »
Pour lui, le Burundi émergent dont on parle aujourd’hui sera construit par toutes les forces vives de la nation y compris ceux qui sont en exil.
Bizimungu trouve que c’est un langage politique de dire que ce sont les cultures d’exportation qui vont combler le problème de devises. « Quelles sont les techniques qu’ils vont utiliser pour arriver à une si grande production des cultures à exporter en un peu de temps ?»
D’après ce politique, une formation patriotique de 2 ans est une exagération. Car dans 2 ans, explique-t-il, le lauréat risque de perdre beaucoup en ce qui est de la capacité intellectuelle. Mieux vaut une formation d’une année où incorporer cette formation dans les programmes de l’enseignement pour éviter toute forme de perturbation.
Sur le cas du CNL, ce député proche d’Agathon Rwasa réagit sans langue de bois. « Le parti CNDD–FDD a purement et simplement contribué dans la destruction du parti CNL. Les 10 dissidents ont été encadrés par le parti CNDD–FDD par le biais de certains administratifs issus de ce parti. La main du parti CNDD–FDD a été remarquable lors de la tenue du pseudo-congrès du 10 mars 2024 là où la participation des imbonerakure à la place des Inyankamugayo statutaire au congrès a été remarquée sous une grande ampleur. » Et d’enfoncer le clou que le CNDD-FDD a peur d’entrer dans une compétition.
Le président du parti n’a pas été égoïste comme le dit Ndikuriyo poursuit Bizimungu. Il explique que toutes les initiatives prises par le Président du parti pour résoudre la question, ont été rejetées par le ministre de l’Intérieur. « Cela montre clairement le plan de destruction du parti CNL qu’avait le parti CNDD–FDD. »
Si les contributions des partis politiques n’ont été prises en considération lors de l’élaboration de la loi électorale, conclut Bizimungu, c’est fort probable que seules les contributions du parti CNDD-FDD ont été prises en compte.
Aloys Baricako : « Pas de développement sans cohésion sociale »
Le président du parti Ranac regrette que l’affaire du 3ème mandat soit toujours d’actualité. « Maintenant nous sommes dans une autre époque. Avec un Président démocratiquement élu et qui a la légitimité populaire. Pourquoi ne pas oublier cette affaire pour tourner la page ? »
Pour lui, le fait de ne pas oublier renforce la rancune et la haine. Or, observe Baricako, quand il y a la rancune ou la haine, on ne peut avoir la cohésion sociale, politique, économique. Il indique qu’on ne peut pas développer économiquement le pays, sans créer de nouvelles bases visant à reconstruire la nation. « La vision qui est sur toutes les lèvres ; comment va-t-on y arriver avec cette rancune ? »
Il faut le dire, insiste le président du Ranac, tout ce que les Burundais sont en train de subir, c’est à cause de ce 3e mandat. « Nous connaissons les gens qui ont tué les gens en 1972, ils sont toujours là. Est-ce que le 3e mandat est plus grave que les tueries de 1972 qu’on qualifie de génocide ? », s’interroge Baricako.
Il propose une politique d’ouverture et de pardon afin d’avoir plus de crédibilité pouvant permettre au pays de bénéficier des financements. « Il n’y a pas de devises au Burundi. Vous voyez les conséquences ; pénurie de carburant… Il ne faut pas se tromper, dès maintenant, il faut muser sur tout ce qui peut nous donner des devises. »
Aloys Baricako fait savoir également que c’est regrettable qu’aujourd’hui on puisse avoir un dirigeant d’un parti au pouvoir qui ose dire que c’est bon que tout le monde se retrouve dans un même et seul parti politique. Avoir effectivement le marasme socio-politique et économique dans lequel le Burundi est tombé avec ce monopartisme sous le régime Micombero.
Le président du Ranac considère que dire tout simplement que la promotion des cultures d’exportation va apporter des devises sans faire des études approfondies ressemble à un rêve.
Selon M. Baricako, c’est regrettable et marrant d’inviter les gens à discuter et finir à déconsidérer ce qu’ils ont contribué. Cela montre d’où proviennent les décisions. M. Baricako reste débout. « Quoiqu’on nous fasse un code bizarre, nous devons participer à ces élections. »
Kefa Nibizi : « Il serait plus sage de tourner d’abord la page de 2015 »
D’après le président du parti Codebu, il est incompréhensible de revenir sur une question déjà vidée. « Concernant le troisième mandat du feu président Nkurunziza, la Cour de l’EAC a déjà rendu le verdict que le troisième mandat n’était pas constitutionnel.»
Pour lui, il aurait été plus sage pour le CNDD-FDD de tourner la page de 2015 et d’imaginer des mesures pour éviter de recommencer avec cette crise. « Il faut prendre des mesures de grâce pour ceux qui étaient déjà condamnés, mais aussi en abandonnant les charges pour ceux qui sont jusqu’à maintenant recherchés par la justice. Cela, afin de faciliter le retour volontaire de tous les réfugiés de 2015 via un dialogue inclusif qui fixerait les conditions sécurisées de retour de ces réfugiés. »
Selon Kefa Nibizi, le secrétaire général du CNDD-FDD ne peut pas nier que le parti au pouvoir a une main dans ce qui s’est passé au parti CNL. « Bien sûr qu’il y avait des problèmes internes comme pour le parti au pouvoir. Mais la façon dont l’administration a géré cette question du CNL est très surprenant, si on s’en tient au comment la situation a évolué. »
Si on se rappelle par exemple, explique largement ce politique, que le représentant légal du CNL avait demandé la tenue d’un Congrès et que le ministre ayant les partis politiques dans ses attributions lui a refusé la tenue de ce congrès. En lui exigeant avant tout le retour d’un consensus de tous les membres du bureau politique et qu’après ces deux temps, il a donné le droit aux dissidents d’organiser un congrès sans créer ce consensus. « Cela montre que finalement, le ministre n’aurait pas agi de son propre compte. »
Si le secrétaire général du parti au pouvoir réplique qu’il n’y a pas une main de son parti dans ce qui s’est passé au CNL, fait encore constater Nibizi, cela montre que les injonctions données au ministre de l’Intérieur seraient venues dans un autre centre de décision.
« Cela qui risque de faire penser que finalement, dans le système au pouvoir, il y aurait plusieurs centres de décisions et qui marchent à des vitesses différentes. »
Faustin Ndikumana : « Tout ce que le Secrétaire général a répondu ne convainc pas au regard des contradictions. »
« A voir la situation actuelle du pays : le niveau d’inflation, les entreprises qui se sabordent au jour le jour, le manque des devises, la carence des produits de première nécessité, l’importation de l’offre alimentaire pour combler le déficit de l’offre alimentaire interne qui ne peut pas être assuré suite au manque des devises, la Brarudi et la Sosumo sont en difficulté suite au manque de devises, le barrage Jiji-Mulembwe, … Si rien n’est fait, le pays risque de sombrer dans une situation où il sera difficile de se relever », analyse le directeur exécutif de Parcem.
Et d’ajouter : « Si on analyse les réponses du Secrétaire général du Cndd-Fdd, on dirait qu’il n’appréhende pas le danger qui pèse sur le pays actuellement. Ils veulent toujours parler de la vision alors qu’il y a des contradictions qu’ils continuent à entretenir au sein de leur parti. »
Comme contradictions, Faustin Ndikumana trouve qu’on ne peut pas vouloir décoller économiquement alors que, même maintenant, on continue à nier qu’on est pauvre. « On n’a pas encore accepté le niveau de pauvreté dans lequel on est. On continue à entretenir des discours qu’on autosuffit. »
De plus, poursuit-il, on ne peut pas vouloir décoller économiquement alors que la cohésion nationale n’est pas encore assurée. « Le pays reste plus ancré à des divisions, à des problèmes de crise politique, de transparence électorale … On n’a pas de trajectoire à suivre. On élabore des documents, mais il n’y a pas de trajectoire qui est tracé. »
Selon lui, le niveau de compétence et la recherche scientifique sont relégués au second plan, une stratégie de mobilisation des financements est inexistante, le contrôle budgétaire et la rationalisation de la gestion des finances publiques ne sont pas encore une réalité, la corruption n’est pas attaquée de façon visible, l’administration est politisée, le secteur privé est relégué au second plan, … « On ne peut pas décoller économiquement en restant devant nos ressources et nos potentialités au lieu de voir comment les valoriser à partir d’un modèle de croissance évident. Je crois qu’il faut vraiment une introspection. »
D’après le directeur exécutif, tant que ces contradictions sont là, ce sera comme un coup d’épée dans l’eau. « La Vision qu’ils sont en train de chanter ne va pas être mise en application. Tout ce que le Secrétaire général a répondu, ça ne convainc pas vu toutes ces contradictions évoquées. »
Comme le Plan national de développement (PND) a été adapté à la Vision 2040-2060, indique M. Ndikumana, il faut privilégier ses deux piliers principaux à savoir la gouvernance, paix et réconciliation ainsi que la coopération et la mobilisation des ressources. « Ces deux piliers doivent être le guide de la relance économique dans notre pays. En dehors de ça, la situation sera toujours catastrophique. »
Gabriel Rufyiri : « Le Burundi ne pourra pas avancer avec une formation militaire de la jeunesse »
Selon Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, il y a un problème de vouloir militariser le pays au lieu d’armer la jeunesse pour le développement. Aujourd’hui on a besoin, dit-il, du développement, mais le parti au pouvoir veut aller dans la militarisation des enfants de moins de 10 ans aux majeurs. Pour lui, les militariser ne dit pas leur donner des armes, mais les former pour avoir un esprit militaire.
Il explique que dans beaucoup de pays développés, en Suisse par exemple, on dirait que tout le monde est militaire. C’est l’Etat qui le fait, précise-t-il, mais pas le parti. « On forme par rapport à la philosophie et l’éthique en vue d’être des citoyens qui incarnent des valeurs morales. Chez nous ce n’est pas le cas. Regarder ce que l’UPRONA a fait avec les JRR, ce que le parti Frodebu voulait faire avec sa Jeunesse pour la défense de la démocratie, JDBU et voilà ce que le CNDD-FDD fait avec les Imbonerakure ».
Pour cette activiste, le Burundi doit asseoir la bonne gouvernance et stimuler la croissance économique. Il parle également de l’équité économique, donc la redistribution des ressources. « Si on n’a pas une stabilité au niveau de la gouvernance, de l’économie et au niveau de la redistribution des ressources, il y aura toujours de l’instabilité. On a vu dans le passé que la jeunesse a été manipulée et instrumentalisée».
Gabriel Rufyri revient sur plusieurs résolutions prises par le parti au pouvoir, dont la redynamisation des cultures d’exportation. Il considère qu’il y a un problème au niveau des politiques publiques. « Souvent, c’est très difficile de différencier le parti au pouvoir et l’Etat. Les politiques publiques, dont celles évoquées par le secrétaire général du CNDD-FDD doivent être pilotées par les autorités au plus haut sommet de l’Etat ».
Le président de l’Olucome rappelle deux fora importants organisés pour booster la croissance économique. Le premier a été organisé en 2021 et le second en avril 2023. « On a identifié 7 piliers et 22 objectifs. Amener d’autres trucs, je ne comprends pas à quoi ils pensent. Est-ce que ces résolutions du CNDD-FDD viennent compléter la vision et le Programme national de développement (PND) révisé ? Ça vient faire quoi? On a une vision. On ne peut pas aller contre cette dernière ».
Concernant le projet des avocats, le président de l’Olucome rappelle que depuis 2006, il y a une rubrique dans le budget général de l’Etat intitulé Appui aux bonnes initiatives. « On avait injecté jusqu’à 3 milliards de BIF qui devaient financer ce genre de projets. Souvenez-vous des plants d’avocatiers qui ont été plantés un peu partout, mais qu’on ne voit pas le fruit. C’est vrai que les fruits peuvent être des sources de devises, mais ce n’est pas normal de nous dire cela alors que ce programme existe depuis 2006. Il ne faut pas oublier que c’est le Cndd-Fdd qui dirige depuis cette année jusqu’aujourd’hui. » Et de se poser une question : Quel est la valeur ajoutée aujourd’hui par rapport à ce qui s’est fait depuis 2006 ?
Pour lui, le Burundi doit garantir les droits fondamentaux de l’homme, dont le droit à l’alimentation, à la santé, au logement. « Tout ça est dans les objectifs détaillés du PND révisé. On n’a pas besoin de la parole, mais des actions concrètes, car le Burundi vit une crise économique. Il faut montrer la logique d’intervention pour sortir le pays de cette situation ».
Pour l’économiste André Nikwigize, le gouvernement devrait, en priorité, engager des réformes avant de parler de Vision pour le long terme. Lire suite
J’apprecie bcp de politiques qui s’expriment sur l’abandon des soit disantes charges qui pesent sur les manifestants et les anti 3 ème mandat. Il faut qu’ils rentrent. Cette voie doit continuer à émerger
A quoi pense un quidam (et ils sont nombreux) qui a de la peine à joindre les deux bouts quand il entend ce genre de discours où on essaie de lui vendre des lendemains qui chantent? Est-ce une bonne politique de vendre un futur lointain et incertain à un ventre qui crie famine?
Stop..Stop
allez vous arrêter toutes vos peroraisons.
Le peuple en a assez de vos VISIONS
Ce n est même plus de rêves, personne n y croit.
La première vision ce serait d apprendre à gérer le pays
Depuis 20 ans tout se déglingue, même maintenant…plus de bière
C’est vous qui en êtes l’unique responsable.
En 20 ans donnez moi un signe positif que vous avez apportez à notre si beau pays…..RIEN
Quand on se sent coincé, on fait du n importe quoi !
Ne plus savoir quoi inventer
les enfants de primaire, ceux qui terminent le secondaire….tous à la caserne.
il se prend pour un Führer ?
Mais sur les routes déplorable, le manque criant de carburant, les pannes d’électricité, d’eau, plus de bière et j en passe et des meilleurs
Les fertilisants seront tellement nombreux qu on exportera
les avocatiers vont produire des millions de tonnes, mais il oublie assécheront les terres.
on va booster l agriculture, l élevage, les produits bios, le café va exploser et arriver à avoir assez de recettes en devises pour payer l essence
Il nous rabâche sa vision de
2040/2060, mais de quelle vision parle-t-il ?
Où sont les préparatifs,les travaux, les explications, le schéma d intronisation, pas un livre publié…ce n est que du vent
La tempête sévi sur le lac, bientôt elle va faire des ravages dans notre manière de vivre.
Beaucoup vont en souffrir
Mon coeur continue à pleurer!
Est-ce que au moins il sait pourquoi « le taux de natalité est le plus fort dans notre pays »?
La question que je me pose à ce stade: » Est-ce que ces déclarations sont issues de réflexions au sein du parti ou il s’agit juste d’un freestyle?
Excusez-moi, mais ce monsieur ne sait pas de quoi il parle et ça fait vraiment de la peine.
Quand rien ne va plus, il faut simplement retourner aux fondamentaux. Il n’y a pas besoin de réinventer la roue et surtout pas besoin de se ridiculiser aux yeux du monde.
Et comme le disait un homme sage: Abarundi (abadutwara) bishwe no kutamaramara.
Quand on incite les gens à étudier, à faire des recherches et surtout à voyager (kurahura ubwenge), c’est pour ne pas se retrouver à revivre les erreurs des autres.
Aujourd’hui , dans les conditions actuelles, la solution pour notre pays serait une mise sous tutelle; mais je sais que nous avons encore des têtes pensantes, des patriotes, abantu b’ijunja.
Ce commentaire n’est nullement une critique, mais l’expression de mon chagrin: AGAHINDA.
Le regime DD est au pouvoir depuis bientot 20 ans. Le bilan est catastrophique. Les prochains 20 ans sous les memes DD (puisqu’il est impossible de les changer sans elections libres), seront la descente aux enfers. Au lieu d’un pays emergent en 2040, nous aurons un pays pauperise a outrance. Au lieu d’un pays developpe en 2060, nous aurons un pays « haitise ». Les deux slogans sont de vieux pieux sans aucun fondement. Le regime se gargarise de beaux reves irrealisables dont il n’a ni la capacite institutionnelle ni la legitimite. De quel droit un regime issu d’un coup d’etat constitutionel et electoral pretend-il faire le bonheur du peuple qui ne lui a rien demande?
Je suis du même avis lorsque tu dénonces les coups de force électoraux, mais tu devrais rester cohérent en ne restant pas un supporter indéfectible d’un pays voisin qui a fait de ce genre d’élection sa spécialité.
La mise en avant de cette promesse illusoire d’extradition des « putshistes » en réalité des patriotes qui ont voulu mettre fin au 3ème mandat illégal permet au parti au pouvoir d’éluder les vrais problèmes: – La pauvreté extrême ( pays le plus pauvre du monde). – Le manque de carburant , de l’electricité , de l’eau potable , des devises….. et surtout le manque de solutions des « Bagumyabanga »….. Peuple Burundais a quand le reveil ????
A Monsieur Rufyiri que je respecte dans ses interventions relatives à la lutte contre la corruption, je ne suis pas d’accord avec vous, la Génération Démocratique du BURUNDI (GEDEBU) et non JDBU dans cet article n’a rien à voir avec la JRR de triste mémoire, en 1972 et dans les villes mortes de début 1994. Pour votre gouverne, la GEDEBU n’a jamais été agrée par le ministère de l’intérieur. Il ne faut pas alors prêter des intentions à une organisation qui n’a jamais existé. Actuellement, le parti Sahwanya-FRODEBU a une Centrale des Jeunes Démocrates, (CJD). Je crois sans me tromper que ce sont des jeunes responsables, qui dans leurs comportements incarnent l’idéal démocratique.