Ils devaient réfléchir sur « l’harmonisation des textes de lois et conventions relatifs à la liberté d’expression, d’opinion et de presse », le thème du jour. Mais ils ont longuement débattu sur le silence exigé aux médias par rapport au massacre de Gatumba. C’était lors d’un atelier organisé conjointement par le ministère ayant la Communication et l’Information dans ses attributions avec l’institut Panos Paris et les associations des professionnels des médias ce mardi, 18 octobre.
<doc1669|left>« Il y a quelque temps, on assassinait les gens au vu et au su de tout le monde et personne n’osait le dénoncer. Il n’en est plus question maintenant », s’insurge Innocent Muhozi, directeur de la Radio Télévision Renaissance et président de l’Observatoire de la Presse Burundaise. Sur le cas de Gatumba, poursuit-il, il ne fallait pas que les gens s’imaginent ce que les médias allaient faire avant qu’ils ne le fassent : « Plutôt ils allaient apporter leur contribution en éclairant l’opinion d’autant plus que la loi le lui reconnaît », se justifie-t-il.
Le thème semblait inopportun aux yeux des participants qui ont juste manifesté leur soif d’intervenir après l’exposé du professeur Pascal Rwankara. Il est souvent revenu sur les droits et les limites de l’exercice de la liberté d’expression et le rôle que doivent jouer les uns et les autres dans le processus d’informer : il donné comme exemple de limite le fait de ne pas publier les informations d’une enquête en cours : « Mais il faut savoir qu’il existe l’enquête journalistique qui est différente de celle judiciaire », a-t-il souligné.
Selon, Vincent Nkeshimana, président de l’Association Burundaise des Radiodiffuseurs, les journalistes ont la responsabilité morale de proposer au public des informations justes et constructives, mais ils n’ont pas le droit de lui ôter son droit le plus précieux, la liberté d’expression.
« Avez-vous l’impression que les journalistes mettent de l’huile sur le feu, qu’ils disent tout ce qu’ils veulent ou qu’ils constituent le problème pour le pays ? Le problème est plutôt nos relations avec les pouvoirs publics qui devrait être facilitées par le CNC », pense-t-il.
Force est de constater que les intervenants sont conscients de l’existence d’une divergence des points de vue sur les actions entre les médias et les autorités administratives et que tous les acteurs devraient se rencontrer souvent pour trouver une solution efficace.
Quant au CNC, Pierre Bambasi, son président, indique qu’il est indépendant et qu’il souvent sollicité pour régler des litiges entre médias, d’une part et entre ceux-ci et les autorités publiques, d’autre part. Ce qui a semblé ne pas avoir convaincu tous les participants.
La ministre en charge de la Communication et l’Information reconnaît la discordance entre la loi régissant la presse et la Constitution et promet une révision tout en consultant les médias, cette fois-ci.