L’annonce du secrétaire exécutif du Cnared d’une volonté de cette coalition de l’opposition en exil de prendre part aux élections de 2020 semble être un cri de détresse. C’est une sorte d’appel lancé au gouvernement pour permettre aux représentants de cette plateforme de rentrer d’exil.
«C’est pour ne pas laisser le champ libre au seul Cndd-Fdd», justifie Anicet Niyonkuru. Mais ces hommes politiques désireux de revoir la mère patrie auront beau s’époumoner à exiger ceci ou cela, leurs cris leur sont toujours renvoyés comme des échos, butant sur un mur d’entêtement ou d’intransigeance du gouvernement burundais. Il ne les considère pas, à tort ou à raison, comme des partenaires valables.
La question légitime qui se pose est de savoir s’il ne s’agit pas là d’une reddition qui ne dit pas son nom. Tout porte à croire que cette classe politique entend regagner le bercail après avoir laissé tomber ses revendications et renoncer à son idéal. Finies les conditionnalités clamées haut et fort. Pour ce ’’Cnared’’, l’heure n’est plus à bomber le torse mais à faire des salamalecs, …pour que la justice soit clémente.
La sortie médiatique d’Anicet Niyonkuru met fin à une sorte de longue guerre des tranchées et à la ’’résistance pour restaurer, réhabiliter l’Accord d’Arusha et la Constitution qui en est issue’’. L’aile dure du Cnared originel tient toujours mordicus à ces exigences. «Ils peuvent continuer à rêver», ironisent certaines langues à Bujumbura.
«Le retour de l’enfant prodigue»
Mais entretemps le référendum constitutionnel, avec toutes ses retouches avantageuses offertes à la nouvelle Loi fondamentale déjà promulguée, est passé par là.
Au pouvoir aujourd’hui, les anciens rebelles savent ce que la guerre d’usure, avec une pincée de guerre des nerfs, signifie. Et tout cela conjugué aux querelles intestines récurrentes pour le leadership finira par laminer ces opposants.
C’est à se demander où bat le cœur du Cnared et qui est le porte-flambeau de ce mouvement. Il y a des jusqu’auboutistes qui n’entendent pas céder d’un iota à leurs revendications. Comme dans toutes les solidarités, associations et mouvements, il y a toujours des maillons faibles, il faut pouvoir les déceler, les détecter. Tout système a ses points faibles. Il y a toujours un ventre mou quelque part.
Avec son dernier communiqué, le Cnared du Dr Minani sonne le tocsin. Le message de cette coalition des opposants en exil, qui semblent ne plus opposer de résistance, sonne alors le glas des espoirs nourris depuis de longs mois de se retrouver un jour autour d’une table des négociations avec une délégation du gouvernement burundais afin de pouvoir engager des pourparlers.
Cette note des ténors de ce mouvement traduit un rêve brisé pour certains. Les frères d’armes restés en exil parlent de couardise, de trahison de la part de ceux qui veulent regagner le pays. Voués aux gémonies, ces accusés parlent de réalisme, de courage, de volonté de déboulonner le système en place par la voie des urnes. «Mon œil», semblent dire les caciques du pouvoir en place. Au pays, avec un relent biblique, certaines langues parlent de ’’retour de l’enfant prodigue’’.