La Tanzanie ne s’est pas fait remarquer par sa représentation au plus haut niveau lors du dernier sommet de Bujumbura des chefs d’État de la communauté est-africaine (EAC) de libre échange. Elle a émis des ses réserves sur la vitesse à impulser à la construction de cet ensemble de libre échange, ont relevé la plupart des invités au Club de la Presse numéro 38.
De l’avis de Bob Rugurika, rédacteur en chef de Radio Publique Africaine(RPA), au sommet de Bujumbura, « il y a eu néanmoins quelques ententes au niveau politico-diplomatique. Mais il manque encore des réponses au niveau des mécanismes d’intégration. C’est le cas des questions ayant trait à la défense commune, la libre circulation des biens et des personnes. De fortes réticences s’observent surtout du côté de la Tanzanie sur certaines questions sensibles..(…). Quant au rejet de la demande d’adhésion du Soudan du sud à la CEA, elle était légitime et fondée. C’est un nouveau pays qui se cherche économiquement, politiquement et au niveau sécuritaire.(…) Les conditions posées, « elles relèvent des subtilités diplomatiques et de certains non-dits. En matière de bonne gouvernance, démocratie, droit de l’homme, il n’y a pas que le Soudan du Sud à blâmer dans la sous région ».
Du point de vue de Faustin Ndikumana, représentant légal de l’ONG locale PARCEM, le bilan global du sommet est resté mitigé pour plusieurs raisons.
Le sommet était une occasion d’évaluer les étapes qui ont été déjà franchies sur le chemin de l’intégration dans cet ensemble sous-régional. « L’objectif ultime de toute entreprise d’intégration est de savoir en tirer les avantages. La question qui se pose maintenant est celle de savoir si les retombées de cette intégration sont déjà visibles pour les citoyens burundais. « Ces retombées se déclinent en termes d’élimination progressive des droits de douanes et du volume des échanges. L’union douanière devrait juguler l’inflation. Est-ce le cas aujourd’hui ? Au niveau de la circulation des biens et des personnes et des échanges : qu’est-ce qui a changé, là aussi, depuis l’intégration ? Combien d’investisseurs ont déjà amené les capitaux au Burundi ? Quelles est l’incidence des investissements extérieurs sur le taux de chômage, ou sur le budget ?(…) Pour le moment, on ne ressent pas concrètement ces retombées. Et puis, il y a la vitesse à laquelle l’intégration est conduite l’intégration.(..) Au niveau des négociations, il faut continuer. L’union monétaire exige beaucoup de préalables ».
Le journaliste de l’agence burundaise de presse (ABP), Daniel Ndikumna, voit « les choses sous un angle positif. Sur les cinq points majeurs à l’ordre du jour du sommet, il y en a qui ont été adoptés. Ceux qui ne l’ont pas été, comme dans le cas de la fédération politique, c’est qu’il s’agit d’une décision importante et il faut prendre le temps de l’analyser. Il en est de même de la très sensible question de la défense commune dans cette région encore marquée par beaucoup de turbulences politiques. Il faut travailler à la sensibilisation des peuples. La question de l’union monétaire reste aussi difficile. En termes de capacités financières, il y a des différences à tenir en considération et à corriger ».
Pour le vice-président du Conseil National de la Communication (CNC), Adolphe Manirakiza, « chaque Etat a des intérêts à défendre, d’où ces réticences. Concernant le bilan du dernier sommet, la chose la plus importante à retenir est que la rencontre a eu lieu dans des conditions acceptables à Bujumbura. Les réserves, c’est encore une fois pour murir les questions encore en suspens qu’elles persistent. La défense, c’est sensible à cause des perturbations qui sont encore dans la sous-région. Il y a des réfugiés qui fuient encore. La Tanzanie a droit aux réserves. Demain et après demain, il y a aura d’autres sommets pour vider les questions encore pendantes sur le chemin d’intégration totale. Les médias ont eux aussi, un rôle à jouer en termes de sensibilisation aux bienfaits de l’intégration régionale ».