Cet ancien représentant de l’Aprodh dans la région centre-est vient d’écoper d’une peine de 5 ans de prison. Une condamnation que son avocat et les autres défenseurs des droits de l’Homme jugent injuste.
Un verdict rendu, lundi 13 août 2018, par le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Mukaza. Selon son avocat, Me Fabien Segatwa, Nestor Nibitanga a été condamné pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Pour motiver cette condamnation, le TGI de Mukaza indique que ce défenseur des droits de l’Homme a continué à rédiger des rapports sur la situation des droits de l’Homme pour le compte de l’Aprodh, radiée par le gouvernement burundais de la liste des organisations de la société civile.
«Depuis 2014, mon client ne travaillait plus pour l’Aprodh», indique Me Fabien Segatwa. D’après lui, il travaillait pour le Réseau national des observateurs des droits de l’Homme au Burundi (RNODH), une organisation reconnue par la loi. Me Segatwa fait savoir que Nestor Nibitanga l’a fait remarquer aux juges lors des audiences. «Ces derniers ont indiqué qu’au moment de son arrestation, Nestor Nibitanga avait une clé USB contenant un rapport de sécurité des provinces Gitega, Ruyigi et Cankuzo ». Me Fabien Segatwa ne nie pas l’existence de ce rapport, mais il indique que ce rapport n’était pas destiné à l’Aprodh mais au RNODH.
«Nous allons interjeter appel»
Me Segatwa parle d’une erreur judiciaire : «C’est pourquoi nous allons interjeter appel pour montrer qu’il n’était pas en train de travailler pour l’Aprodh.» Il espère que son client sera blanchi en appel, une fois que l’accusation de travailler pour l’Aprodh sera levée.
Nestor Nibitanga est incarcéré dans la prison de Murembwe en province Rumonge. Il avait été arrêté, le 21 novembre 2017, à son domicile sis dans la ville de Gitega. Après une fouille-perquisition, l’activiste a été conduit manu militari dans les cachots du service national des renseignements (SNR) avant d’être transféré à Rumonge.
Plusieurs organisations internationales, comme Protection Internationale et l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (OMCT-FIDH), ainsi que le Parlement européen parlent d’un acharnement contre les défenseurs des droits de l’Homme et demandent leur libération immédiate.
Nestor Nibitanga est le 5ème activiste des droits humains condamnés en moins d’une année. Germain Rukuki a été condamné, le 26 avril 2018, par le Tribunal de Grande Instance de Ntahangwa à 32 ans d’emprisonnement pour « mouvement insurrectionnel », « atteinte à la sûreté intérieure de l’État » et « rébellion ». Ce défenseur des droits de l’Homme, ancien employé de l’ACAT-Burundi et représentant légal de l’association Njabutsa Tujane, avait été interpellé, le 13 juillet 2017, à son domicile sis dans le quartier 6 de la zone Ngagara, commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura, par le SNR.
Emmanuel Nshimirimana, Aimé Constant Gatore et Marius Nizigiyimana, points focaux de l’ONG Parcem dans la province Muramvya ont été quant à eux condamnés, jeudi 8 mars 2018, à 10 ans de prison pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». Ils avaient été appréhendés en juin 2017 dans cette même province. Selon des sources à Muramvya, ils procédaient à une identification de participants dans un atelier qu’ils comptaient organiser.