Au Lycée communal de Rugombo, les activités scolaires ont timidement repris le mercredi 5 mars après deux semaines de suspension. Quant aux Ecofo Rugombo II et IV, la reprise a eu lieu le jeudi 6 mars. Néanmoins, vu la situation hygiénique consécutive à la présence des réfugiés congolais dans ces écoles, la tâche ne s’annonce pas facile. Les responsables crient à l’aide.
« Vraiment, nous sommes très contents. Parce que nous venions de passer deux semaines à la maison, sans étudier alors que les autres étaient en train d’avancer dans les programmes scolaires. C’était très frustrant surtout que nous approchons la période des examens du 2e trimestre. C’était une grande perte pour nous », confie Désiré Sinzinkayo, élève au Lycée communal de Rugombo Il qui se réjouit d’avoir retrouvé le chemin de l’école.
Néanmoins, les craintes sont là. Les enfants ont tellement peur pour leur santé. « Les conditions hygiéniques se sont détériorées. Dans la cour de l’école ou tout autour des salles de classe, il faut bien voir où poser les pieds. Vous sentez déjà cette mauvaise odeur. Cela ne nous permet pas de bien étudier. »
Une réalité troublante sur le terrain. A cette école, les toilettes sont saturées. A côté des murs des salles de classe, il y a des tas de défécations humaines. Des restes d’aliments attirent des mouches qui grouillent partout. Pire encore, malgré la délocalisation de ces réfugiés, certains sont toujours là. C’est devant les salles de classe qu’ils placent leurs braserons pour cuisiner. « C’est vraiment très difficile d’apprendre dans ces conditions. Prenons un élève qui voit à travers la fenêtre une casserole remplie d’aliments autour de midi. Peut-il continuer à suivre la leçon ? », analyse un enseignant à cette école. Il signale que même la fumée envahit les salles de classe. A cela, il ajoute les cris des enfants demandant de quoi manger, l’odeur nauséabonde qui envahit l’endroit quand le vent souffle, etc. « Vraiment, il faut que tous ces réfugiés congolais partent d’ici afin de nous permettre de mieux vaquer à nos activités et de ne pas indisposer nos élèves », plaide-t-il.
Pour sa part, Désiré Sinzinkayo demande à la Croix Rouge de désinfecter régulièrement cet endroit afin de prévenir les maladies comme le choléra.
Plus de la moitié des bancs-pupitres démolis
A l’Ecole fondamentale Rugombo II jumelée avec l’Ecofo Rugombo IV, les dégâts sont énormes. « On avait 300 bancs-pupitres. Entre 150 et 200 ont été démolis. Ces réfugiés les ont soit cassés ou d’autres ont été utilisés pour la cuisson comme bois de chauffage », déplore Léonce Nzikwinkunda, directeur de l’Ecofo Rugombo II. Ce qui signifie que sur 1 953 élèves de son école, plus de la moitié n’auront pas où s’asseoir. Il précise qu’un seul banc-pupitre équivaut à 60 mille BIF.
Côté hygiène, il se dit très dépassé. « On avait un seul bloc de latrines avec six compartiments pour les filles et six autres pour les garçons. Il était utilisé par 3 200 élèves de nos deux établissements. Aujourd’hui, la fosse septique est totalement remplie. Sans la vidanger, les enfants n’auront pas où se soulager. » Une opération qui, d’après lui, coûte au moins 1 500 000 BIF.
M. Nzikwinkunda ajoute qu’à côté des latrines, même d’autres endroits, à savoir la cour et derrière les salles de classe, la situation hygiénique s’est détériorée. « Vraiment, nous craignons beaucoup pour la santé de nos élèves et des éducateurs. Avec le soutien de la Croix Rouge, nous avons essayé de désinfecter les lieux mais la situation hygiénique reste préoccupante. »
Malgré la reprise des activités scolaires, il indique que les élèves n’ont pas encore de latrines. « Nous appelons les humanitaires à nous aider à résoudre ce problème dans l’urgence surtout en procédant à la vidange de la fosse septique déjà existante. Cela permettra aux élèves de réutiliser ces toilettes déjà sur place. Sinon, à l’état actuel, c’est impossible. »
Contacté, Etienne Ndikuriyo, chargé des Relations publiques à la Croix Rouge au Burundi indique qu’ils sont à l’œuvre : « On fait tout pour désinfecter les lieux afin d’éviter des maladies. C’est ce que nous faisons chaque matin. »
Les premiers réfugiés congolais ont été déjà délocalisés vers Musenyi, en province de Rutana, depuis le samedi 1er mars. Ce site a une superficie de 60 hectares et sa capacité d’accueil est de 10 mille personnes.
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