Cibitoke : trafic d’enfants au grand jour

Une dizaine d’enfants âgés de 6 à 12 ans en provenance de la province Karuzi ont été appréhendés par la police dans la commune de Buganda alors qu’ils étaient sur le point d’être embauchés comme domestiques. <doc2549|left>Originaire de la colline Gasasa, commune Gitaramuka, province de Karuzi, Jean Barakamfitiye, 50 ans, a été arrêté dimanche 25 décembre à 13 heures par la police de Buganda. Il était en possession de 11 enfants qu’il s’apprêtait à faire embaucher comme domestiques dans la commune voisine de Murwi. Mais l’intéressé affirme que ces enfants sont venus de leur gré à la recherche du travail : « Les parents m’ont chargé de chercher du travail pour leurs enfants. J’ai tout simplement contribué dans le transport et l’accompagnement de ces enfants. ». Cependant, il ne peut trouver de preuves tangibles comme documents écrits et signés. Selon ses dires, c’est la deuxième fois qu’il avait à s’occuper d’une telle affaire. «J’avais déjà amené d’autres enfants à partir de la province de Karuzi. Leur destination est la commune Murwi », a-t-il précisé. Il indique que chaque famille d’enfant embauché un enfant lui versait de l’argent en remerciement. Pour le moment, M. Barakamfitiye est incarcéré au cachot communal de Buganda et clame son innocence car « il n’a fait qu’aider des enfants en difficultés. » Daphrose Kankindi, 12 ans, est l’une de ces enfants. Elle indique qu’elle a dû abandonner ses études à cause de la pauvreté de sa famille : « J’étais en 3ème année primaire et ma famille n’était plus en mesure d’assurer nos besoins. C’est à ce moment que M. Barakamfitiye m’a proposé de venir à Cibitoke à la recherche d’un travail. »  A la salle de la commune où ils sont hébergés, Cyriaque Niyomusavyi originaire de Gitaramuka, dit que c’est la population qui leur apporte de quoi à manger. Il implore les âmes charitables pour qu’elles puissent venir à leur secours. Pour le chef de poste de polices Buganda, Désiré Bizimana, le cas de ces enfants est urgent et mérite une attention particulière. Selon lui, la police est dans l’obligation de nourrir tous ces enfants alors qu’elle n’en a pas les moyens. Un véritable trafic d’êtres humains D’après les informations recueillies sur place, une commission était exigée sur chaque enfant. La population rencontrée au bureau communal de Buganda ne décolère pas. Madame Jeanine Nitanga parle d’une situation inacceptable. « Il est regrettable que des personnes soient traitées comme des esclaves au 3ème millénaire. L’auteur doit-être puni conformément à la loi et aux textes internationaux ratifiés par le Burundi ». Selon cette jeune femme, ces enfants doivent retourner dans leurs familles. Tous ces enfants n’ont pas de liens de parenté et proviennent de diverses familles. D’où Mme Nitanga met en doute la véracité de la version donnée par M. Barakamfitiye à propos de ces enfants. Selon les organisations de défense des droits de l’homme à Cibitoke la loi est claire. Les mineurs ne doivent pas être exploités pour des fins à caractère commercial. « Les droits des enfants doivent être impérativement protégés. L’esclave et la traite des êtres humains sont à combattre sous toutes leurs formes », ajoutent-elles. Contacté à ce sujet, le gouverneur de la province de Cibitoke, Anselme Nsabimana, affirme avoir déjà établi des contacts avec son collègue de Karuzi. Ce dernier affirme que Barakamfitiye est recherché par les services administratifs et policiers de Karuzi. Il est, selon lui, connu pour ce trafic des enfants depuis Karuzi jusqu’à Cibitoke. D’après le N° 1 de la province de Cibitoke, l’ordre a déjà été donné à l’administrateur de Buganda de rapatrier tous ces enfants à Karuzi. « Quant à M. Barakamfitiye, il doit être déferré devant la justice », conclut-il. ____________________ Noms et prénoms de ces enfants et leur âge : – Daphrose Kankindi, 12 ans – Cyriaque Niyomusavyi 12 ans – Gaspard Manirakiza, 12 ans – Gérard Ndayishimiye, 12 ans – Tharcisse Nteramirimana, 11 ans – Nestor Bizimana, 12 ans – Vitar Ntahiraja, 11 ans – Constance Butoyi, 11 ans – Evelyne Bukuru, 11 ans – Claudine Iteriteka, 6 ans – Désiré Ndimubansi, 10 ans Tous ces enfants sont originaires de la même colline et commune, respectivement Gisasa et Gitaramuka