Les capacités d’accueil des maisons de détention sont largement dépassées. A l’origine, le retard du traitement des dossiers.
Le cachot du commissariat de la police de Cibitoke au chef-lieu de la province compte à présent plus d’une cinquantaine de détenus alors qu’il n’a qu’une capacité d’accueil de 25 personnes.
Sur place dans cette maison de détention récemment réhabilitée par le Comité International de la Croix Rouge(CICR), les détenus s’entassent les uns sur les autres. « Même la nuit, certains détenus restent debout », déplore un policier de garde. Suite à cette forte concentration humaine, selon un OPJ, l’hygiène laisse à désirer. Des cas de maladie liées à l’hygiène sont monnaie courante suite au manque d’eau.
Un détenu interrogé fait savoir que l’exiguïté de ce cachot ne leur permet pas de jouir de leurs droits. «Même les cas de tentative d’évasion observées ces derniers jours trouvent origine dans cette situation», souffle-t-il à travers les vitres d’une fenêtre cassée. Il fait savoir que tous les détenus sont obligés de partager les maigres quantités de nourriture apportées par les proches. Souvent, insiste-t-il, un nombre impressionnant de détenus provenant de loin n’ont pas de visiteurs qui leur amènent à manger. Les nouveaux détenus doivent obligatoirement s’acquitter d’ une somme de 50 mille Fbu destinée dans le jargon des détenus à acheter la bougie au moment de leur entrée au cachot.
Lenteurs judiciaires
Selon un magistrat rencontré au parquet de Cibitoke, le traitement des dossiers qui traîne à la fois dans la phase pré juridictionnelle et juridictionnelle explique cette forte concentration des détenus. D’après lui, les délais de détention sont souvent dépassés suite au problème de transfert des détenus des cachots des communes vers celui de la province.
Presque le même problème se rencontre pour les détenus qui doivent bénéficier de la mesure de libération provisoire à cause des lenteurs observées au niveau du Tribunal de Grande Instance de Cibitoke. L’autre défi concerne le manque de moyens de transport pour les détenus condamnés dont les jugements ont été prononcés au cours des audiences publiques.
Suite à toutes ces difficultés, les défenseurs des droits de l’Homme conseillent aux instances policières et judiciaires de respecter avant tout les délais de détention et la procédure pendant la phase d’instruction et de jugement. Les représentants de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme, CNIDH, à Cibitoke, demandent aux instances concernées de mettre en avant les droits des personnes incarcérées d’être jugées dans les délais raisonnables.