Les Bafulero considèrent [les Barundi du Congo->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2687] comme des étrangers qui veulent occuper leurs terres. Des contacts au plus haut niveau se nouent à Bukavu pour faire baisser la tension.
<doc5355|left>Au nombre de 512, ce mardi 25 septembre, les Barundi du Congo ont fui leur patrie pour trouver refuge au bureau de la zone Cibitoke de la même province. Dormant à la belle étoile et sans assistance, ces Burundais établis depuis plusieurs années à l’Est de la RD Congo ont commencé à arriver à Cibitoke vendredi 21 septembre. « Nous avons pris la décision de fuir lorsque les Bafulero munis d’armes blanches ont encerclé nos maisons dans le but de nous tuer », raconte avec amertume Consolate Mapendo. D’après cette maman de 6 enfants, plusieurs coups de feu ont été entendus dans la chefferie de la plaine de la Rusizi, traditionnellement occupée par les Barundi. Selon elle, les enfants et les femmes ont traversé la rivière Rusizi où ils ont été accueillis par les officiels burundais. La Croix-Rouge et l’administration provinciale ont accordé une assistance matérielle et alimentaire à ces Barundi.
D’après une source haut placée, les hommes sont restés au Congo. « Nous ne pouvons pas quitter les terres de nos ancêtres. Nous devrons combattre avec la dernière énergie car nous sommes Congolais et non Burundais », déclare avec fierté Kibambazi Nzeyimana venu rendre visite à sa famille réfugiée à Cibitoke. D’après lui, les Bafulero ont une haine viscérale à l’égard des Barundi. Il précise que les Barundi du Congo vivent en parfaite harmonie avec d’autres tribus. Il estime que les Bafulero seraient jaloux des Barundi qui occupent des terres favorables à l’agriculture et à l’élevage.
Un sage, dénommé Luberizi, a révélé que certains Congolais aimeraient transformer la chefferie de la plaine de la Rusizi en une circonscription électorale qui exclurait l’influence du Mwami des Barundi. « Cette stratégie est vouée d’avance à l’échec. Les Barundi devaient impérativement garder leur chefferie à l’instar d’autres collectivités qui habitent dans la région d’Uvira. » Il ajoute qu’« à l’instar des Bavira, des Bafulero et des Bashi, les Barundi de la plaine de la Rusizi ont le droit de prendre part dans la gestion de la chose publique de la RD Congo. »
Les autorités se mobilisent
Malgré de nombreux contacts entrepris à tous les niveaux, la situation sécuritaire laisse à désirer dans les groupements de Bwegera et Luberizi. Les combattants Mayi-Mayi recrutés dans les rangs des Bafulero ont juré de chasser les Barundi de la plaine. Les informations reçues sur place confirment la présence de ces combattants qui seraient descendus des hautes montagnes surplombant la plaine de la Rusizi. Les Mayi-Mayi armés de gourdins et de fusils attendraient pour faire l’assaut final.
Toutefois, des délégations venues de Kinshasa et de Bukavu séjournent dans la région. Des séances de sensibilisation et de pacifications sont entreprises par les autorités administratives et militaires. Pour cela, le commandant de la 10ème région militaire du sud Kivu, le général Pacifique Masunzu, a affirmé que tous les habitants de la plaine de la Rusizi sont des Congolais. « De ce fait, ils doivent vivre ensemble sans discrimination aucune », a-t-il ajouté. Il a demandé à toutes les composantes de cette région de renforcer la paix et la sécurité. En outre, il a lancé un appel à tous les déplacés internes et externes de revenir dans leurs propriétés.
Même son de cloche du côté du Mwami des Barundi de la RD Congo. Richard Nijimbere Ndabagoye dit Kinyoni III a appelé tous les Congolais à transcender leurs différences ethniques ou régionales. Toutefois, le jeune roi de 24 ans a regretté la recrudescence des querelles entre les Barundi et les Bafulero.
Il est à souligner que ces réfugiés ont quitté Cibitoke ce mercredi 26 septembre, dans des véhicules du HCR, pour Bujumbura.