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Cibitoke-Mutakura, les cités meurtries

14/07/2015 9

Ces quartiers du nord de la capitale vivent depuis plus de deux mois au rythme d’affrontements, parfois meurtriers. Désertés, ils semblent désormais continuellement enveloppés dans une chape de plomb. Reportage

Maison abandonnée à Cibitoke
Maison abandonnée à Cibitoke

Des boutiques fermées, des avenues fantômes, de petits marchés moribonds, une circulation inexistante le soir, voilà le visage de ces quartiers à l’origine très vivants. Dans certains coins de Mutakura, toute une localité est parfois déserte. Dès la 7ème avenue, un même détail se fait remarquer sur la plupart des maisons. Un lourd cadenas qui pend sur les portes. Les habitants de ces demeures ont plié bagages depuis longtemps.

8 juillet. Ce jour, aucun coup de feu n’a été entendu de la journée. Pourtant, dans la soirée, les quelques bars encore ouverts ont comme seuls clients un ou deux couples silencieux. Ces derniers ne s’y attardent pas d’ailleurs. Tout le monde est pressé de rentrer. Avant d’aller se cloîtrer chez soi, la règle est de rouler des pierres au milieu des avenues, barricade complétée par un cordon tendu en travers l’axe.

À 23h, les derniers hommes à se promener dans les quartiers sont quelques irréductibles « rondeurs » de nuit. Ils se qualifient de « derniers remparts sur lesquels les intimidations, les menaces, et les tirs, qui ont fait fuir la majorité de leurs compères, n’ont eu aucun effet. » À propos de leurs moyens de défense, une réponse pleine de sous-entendus : « Qu’est-ce que vous croyez, qu’on allait éternellement se défendre par des jets de pierre ? »

Une vie léthargique

À 5h30, les quelques maisons encore habitées sortent de la torpeur de la nuit. Les portes s’ouvrent, les gens commencent à sortir timidement. Dans l’avenue des forces armées, comme dans la RN1, quelques motos circulent. Un bus fait son apparition de temps en temps. La vie dans ces grands axes semble petit à petit s’animer.

Contraste. Dans les avenues internes, les passants peuvent s’y compter sur les doigts d’une main. Toutefois, l’animation remarquée sur les voies principales n’est qu’éphémère. À 9h, la circulation se fait au compte-gouttes.

Détail intéressant, les habitants de ces cités avouent partir gaiement au travail et appréhendent le moment où ils vont réintégrer leur quartier.

Une psychose permanente

« Un jour sans coup de feu est une aubaine », raconte un jeune étudiant sur le chemin de la faculté. Deux jours successifs une bénédiction, mais le troisième jour ouvre grand la porte à toutes les spéculations. Tout le monde, même sans l’avouer, commence à se demander ce qui se trame. « Le calme qui précède la tempête », spécule-t-on.
Psychose exacerbée par ce qui s’est passé le 1er juillet. Ce jour, sept personnes meurent dans une opération policière. Plus choquant, Panta Léon et ses deux fils y passent, toute une famille décimée. À partir de ce jour, l’exode s’intensifie.

Une femme d’âge mûr vient chaque matin vérifier si son homme a passé la nuit. Elle et ses enfants ont fui vers un quartier plus « sûr ». Pour elle, vivre à Mutakura est devenu insupportable. Elle venait d’y passer plus d’une dizaine d’années, mais maintenant elle s’y promène à pas feutrés et ne se permet que des passages éclairs, passages destinés à convaincre un mari qui refuse d’abandonner la maison familiale.

Dans le voisinage de la maison calcinée de Panta Léon, c’est le désert total. La seule personne encore là est Marc, mais lui aussi se prépare à partir. Le jour de l’opération policière, il était à la campagne. Il était revenu en catastrophe le lendemain pour voir si sa maison était encore debout. Il dit avoir fait partie des quelques optimistes espérant un rapide retour à la normale. Mais plus maintenant.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Inyankamugayo

    Ne nous étonnons pas! Pacifique N a bel et bien dit qu’ils veulent que tout business s’arrête: Banque, restaurant, Brasserie, bureau, commerce, du moins tout! Et Leonard N de dire que ce sont eux qui sont derrières les tueries au grenade partout dans le pays. Il était au micro de Gilbert. Pourquoi vous ne prenez pas du temps pour écrire de longs articles sur ces kamikazes. En tout murahengama cane. Kaburahe, je vous croyais pas aussi penchant que ça!

  2. Mutama

    @ Liliane&Rugamba

    Ncuti zanje, urupfu rwanyu ntimurwitege ku mbonerakure, ahubwo nibaza ko ruri muri ako karimi kanyu kazova muri iryo hinguriro ryanyu ry’ibinyoma n’amarementanya. Nibaza ko uravye ibigwanisho biriko birava mu basans-echecs bahora bitwa « les manifestants pacifiques », devenus des rebelles comme cela avait ete bien annonce par les grands organisateurs des manifestations pacifiques, dont la plupart sont les anciens sans-echecs, ndi mwebwe sinosubira gukurako n’umunwa.

    Laissez en paix les imbonerakures qui se font abattre, bruler, etc, ariko bakagaherana. Nibaza ko abitwa opposition mu Burundi bazokwicwa n’akarimi n’ububeshi gusa. Une opposition qui meprise le peuple, une opposition qui ne compte que sur l’occident, une opposition qui reclame le desarmement des Imbonerakure (des armes qu’elle n’a jamais montre) pour armes ces propres miliciens, iratwengeje tout simplement.

    Ikiremesha n’uko abatanguye intambara bamaze kubonera ko itangurira iwabo kandi ariho izoherera: musaga, mutakura, et Nyungwe. Umusi muzokwemera kubana n’abandi barundi mudafise umugambi wo kwishira hejuru y’ibintu vyose, ku mutakura amahoro n’umutekano bizorara bigarutse nk’iyindi mihingo y’Uburundi. Grenades zihaturikira n’iziwanyu, inkoho zihavugira n’iziwanyu, abazivuza ni mwebwe, none wumva mubuze iki kugira umutekano ugaruke? Abahunze n’abiwanyu, bigira kwa kagame bibaza ngo mu misi ine Nkurunziza azoba yatembagaye. None niho ari, kandi murundi simbona ko hari uwo ariko arabuza amahoro ngo n’uko yamwifurije inabi. Eka da.

  3. DD-DD

    Mannif avortées, coup de force avorté, rébellion étouffée dans l’oeuf… et on ne fait que crier à la « Rementanya ». Honte aux piètres opposants en manque d’arguments!!! Aba bana b’Uburundi bakene bariko bazira iki? Aho Peter yohava boronka iki? Barabaza abajeunes bafashije Buyoya kwirukana Ntiba en 1996 ico yabahemvye!!! la prison ou l’exile.

  4. Godefroid

    Tout ca a cause du soit disant 3eme mandat pour les uns et 2eme mandat pour les autres! c’est grave. Ce qui me choque c’est que les leaders de ces mouvements anti-patrie eux ils ne sont pas inquietes et c’est le petit peuple qui paie les pots casses.

  5. @rugamba rutaganzwa
    Ivyo bihugu biteye imbere,aho ntiwokwigira kwiberayo,amayira aruguruye.Ubu ingwano yatanguye ni ukuyibandanya nta numwe ashoboye guhagarika ivyo wavuze,ibintu birakomeye.

  6. RUGAMBA RUTAGANZWA

    C’est la République de la terreur où des miliciens remplacent les forces de défense et de sécurité! Ces miliciens sont aussi très efficaces en jouant le rôle d’indique des opposants et autres leaders des manifestations anti-troisième mandat… ! Cela me réveille les tristes souvenirs des années soixante-dix avec la JRR de Michel MICOMBERO… ! Inimaginable que le Burundi fasse un si long retour en arrière alors que tous les autres pays voisins avancent chaque jour. J’ai de plus en plus la conviction qu’on va tout droit dans le mur ! Une seule personne peut arrêter cette course effrénée de toute une nation vers l’abime assurée…. ! J’ai cité le Président NKURUNZIZA.

    • Régine

      Reka kuduhenda kuko mu Burundi hamye ingorane na NYakwubahwa NKURUNZIZA ataraza, ingorane siwe yazizanye zamyeho
      kuva igihugu cikukira nta mahoro yigeze abaho, nkumbure wewe niho ugishikigwa n’ingorane.
      Mbega GÉNOCIDE de 1972 niwe yayizanye,NDADAYE niwe yamwishe abamwishe baracigwa urubanza , ivyo vyose ngira ntuvyibuka.
      CVR niba, abantu bakavuga ingorane zashikiye igihugu cacu hanyuma abahanwa bagahanwa,abahabwa imbabazi bakazihabwa nico kizokiza igihugu cacu, twese duharanire amahoro.

      • MBIKIJE

        @Regine,

        Ego cane Regi, ingorane zamyeho na NKURUNZIZA ataraza, ndavyemeye..! None ga yaje kuzongerereza canke kuzigabanura, agakemura ibibazo Uburundi bufise, tugatera imbere..? ? Yatorewe guteza imbere igihugu canke gukora ivyahoze bikorwa kuva igihugu cacu kicikukira nkuko ubivuga? Oya sindabikwemereye iki ciyumviro ushikirije ntikirashe ahubwo tubwire ingene ivyakera bitazosubira, ingene tuzotera imbere ureke kutubwira kahise kabi ntako dukeneye dukeneye kubu na kazoza…! Tubwire ingene NKURUNZIZA yafashije igihugu kugira kivavanure n’ingorane uvuga zamyeho ureke kudusubiraramwo ibintu tuzi neza…! Umuhisi NDADAYE twabuze tutanka nyakwigendera, nivyo abamwishe ntibaracirwa urubanza..! Nyakubahwa NKURUNZIZA amaze imyaka cumi atwara, ari ganza sabwa, kubera iki atahamagaye abagabo ngo intahe isase tumenye abishe umuhisi Ndadaye..?
        Regina we, mu kinjana giheze hari umwanditsi w’umufaransa yanditse ati : ‘’Les sots parlent beaucoup du passé, les sages du présent et les fous de l’avenir..’’ Iryo ryungane rirarashe kandi rirumvikana…! Sinzi wewe categorie wojamwo muri ivyo uwo mufaransa yanditse..!
        Je voudrais au passage féliciter I Wacu pour ce magnifique reportage qui était à la une ce matin dans la Revue de la presse africaine de RFI. Vous nous faites honneur cher I Wacu…! Vous êtes très professionnels et nous sommes vraiment fiers de vous..! Nous espérons que vous ne subirez pas bientôt le sort des radios privées, victimes de leur succès et de leur professionnalisme.

        • Régine

          Mbikije urirengagiza ko abakoze ayo mabi yose bagifise ububasha ngaho mu gihugu, kuko bari no mur’ubwo butegetsi bwa Nkurunziza none yobakoran’iki. Nkurunziza yafashij’igihugu avuza ba ntaho nikora, yubaka amashuri, amavuriro, abari baraheze hanze barataha, yiyegereza abato bato, udashatse kwirengagiza ivyo sibike mu myaka cumi kuko nabatwaye kuva twikukira nta kinini bakoze.
          Nkuko navyanditse ukaba udashaka kubibona navuze ko CVR ibaye Abarundi tukavuga ivyadushikiye n’icabiteye,tugaheza
          tukababarirana canke abahanwa bagahanwa , hanyuma tukabona gutangura bishasha ngira ngo nivyo vyakijije Afrique du Sud ,naho kuvuga ngo nitwibagirwe ivyabaye , iyo niya nvugo y’Abarundi ngo agapfuye kabazw’ivu, ngo urazur’akaboze.
          Ushatse kuzana ivyo abazungu banditse nanje nokwibutsa ko kugez’ubu naba Nazis bagihigwa s’abazungu, haciye igihe kingana gute bakoze akabi. Pardonner oui mais pas oublier.

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