Seules 85 des 130 maisons prévues ont déjà été érigées sur le site de Karurama afin d’accueillir les familles sinistrées de Gikumba. Les futurs bénéficiaires s’impatientent mais l’administration leur demande de rester calmes. Une mission du PNUD compte s’y rendre pour évaluer l’état d’avancement des travaux.
Assise devant sa maisonnette en paille, G.M., mère de deux enfants, affiche son impatience : « L’administrateur communal nous avait dit que nous serions installés à Karurama endéans les trois mois, mais sept mois viennent de s’écouler et nous ne voyons rien venir. » Comme des dizaines d’autres familles, G.M et les siens devaient être réinstallés sur le site de Karurama par les autorités administratives depuis plus de six mois. Mais aucun signe positif ne leur parvient et ils prennent leur mal en patience sur le site de Busesekara 2.
Pourtant, au mois de décembre 2012, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) avait accepté de financer la construction de 130 maisons sur le site de Karurama, au chef-lieu de la province Cibitoke. Mais depuis, seules 85 d’entre elles ont été construites. Toutes sont couvertes de tôles, tandis que portes et fenêtres ont été posées.
En attendant, sur le site de Busesekara 2, les futurs bénéficiaires des maisons de Karurama attendent. 135 familles y vivent depuis près de deux ans. Celles-là mêmes qui avaient été chassées du site de Gikumba en juillet 2011 pour la construction du village de paix initié par le président de la République. Une centaine de maisonnettes en pailles y ont été installées.
« L’attente n’a fait que durer »
Ainsi, les habitants de Busesekara 2 se demandent pourquoi ils n’ont toujours pas pu déménager et le retard pris engendre les rumeurs. P.M., un vieillard rencontré sur place, estime que certaines autorités voudraient installer d’autres personnes qui ne sont pas les vrais sinistrés : « L’attente a plus que duré ! Qu’on installe les premières familles dans le site et le reste dans les locaux de transit pour les refugiés qui arrivent depuis le Congo en attendant la fin des travaux de construction de ces maisons. Sinon, poursuit-il, il sera évident qu’il n’y aucune volonté de leur donner ces maisons. »
Cet avis est partagé par D.M., un autre habitant du site de Busesekara 2. Il explique qu’ils craignent un autre retournement de situation, comme lorsqu’ils se sont vus contraints de quitter Gikumba pour Busesekara : « Lorsque la politique de villagisation de Gikumba a été annoncée, l’administration nous promettait d’être les premiers bénéficiaires, mais nous avons été chassés comme des chiens. »
En attendant d’être installés à Karurama, ces habitants indiquent que la misère les guette toujours car il ne se passe pas une semaine sans qu’une maisonnette en paille soit emportée par les vents. Sans oublier que leurs enfants continuent à être chassés de l’école par manque de matériel scolaire.
« Un comité qui va examiner et statuer sur ces listes »
Béatrice Kaderi, administratrice communale de Rugombo, se veut rassurante à l’endroit de ces sinistrés. Elle assure que les listes des bénéficiaires des maisons de Karurama ont déjà été dressées et qu’ils seront les premiers à en bénéficier : « Même si notre province compte beaucoup de familles vulnérables, ce sont les habitants du site Busesekara 2 qui seront privilégiés. » Quant à l’idée de les installer progressivement à Karurama, l’administrateur communal estime que ce ne serait pas une bonne idée car cela pourrait diviser les sinistrés eux-mêmes.
Même son de cloche chez une source proche du PNUD. Selon elle, une mission va se rendre incessamment en province de Cibitoke pour évaluer l’état d’avancement des travaux et arrêter des mesures appropriées. Concernant le dressage des listes des bénéficiaires de ces maisons, notre source confie qu’une note conceptuelle existe déjà : « Il y a un comité qui va examiner et statuer sur ces listes afin que le processus d’installation soit enclenché. »
La construction des maisons du site de Karurama s’est faite à l’aide des briques un peu spéciales. Ce sont des briques faites avec une terre rouge, du sable et du ciment. Après un mélange de ces trois substances, le produit est versé dans un dispositif et une brique sort par un autre dispositif en quelques secondes. Elle est ensuite rangée. Elle ne sera fonctionnelle que 15 jours après. Concernant la construction, ces briques sont superposées sans l’utilisation du ciment pour la jonction. Elles s’imbriquent entre elles.