Les enseignants, qui ont corrigé le concours national, ont été contraints de payer 2.000 Fbu pour la construction du stade de Bunganda. Ils déplorent cet " usage de la force " …
«Un retrait de 2mille Fbu était obligatoire pour tout enseignant de la province Cibitoke ayant participé à la correction du concours national », révèle F.N. D’après cet enseignant de Mabayi, tout commence, le 13 juin dernier. Plus de 400 enseignants, surtout de la 6ème année, directeurs et inspecteurs communaux se rencontrent à l’école primaire Karurama, située au chef-lieu de la province, pour corriger le concours national édition 2011-2012. Selon G.F., un enseignant de Murwi, chacun devait toucher 12500Fbu par jour. Pour lui, c’était déjà mal organisé parce que les organisateurs ne tenaient pas compte du lieu de provenance de l’enseignant. «Tout le monde recevait la même somme, alors que la plupart étaient obligés de payer l’hôtel », s’étonne notre source.
Jeudi matin, poursuit un autre enseignant, un autre fait troublant. Les directeurs font savoir aux enseignants qu’on va retirer à la source 2 mille francs pour la construction du stade de Buganda. Certains enseignants comme ceux de Mabayi, Murwi et Bukinanyana refusent. Curieusement, raconte un autre enseignant, l’argent est retiré par force. Ils décident alors d’arrêter les corrections. Pour ces enseignants, il n’y a pas eu de consensus. « La contribution devait être volontaire, mais nos directeurs ont pris une décision unilatérale », s’insurge M.A., un enseignant de la commune Bukinanyana. En outre, constate-t-il, la gestion de tout l’argent collecté est opaque. Ces enseignants demandent à leurs supérieurs hiérarchiques de ne plus user de leur pouvoir pour prendre des décisions contre leur gré. Ils constatent qu’ils n’ont pas encore atteint la vraie indépendance du moment où ils sont contraints de financer les œuvres qu’on va présenter lors du cinquantenaire.
Les syndicalistes durcissent le ton
Edouard Icimpaye Muramiye, représentant du STEB à Cibitoke, décrie cette mesure. A son sens, des discussions entre l’inspection et les représentants des enseignants s’imposaient sur ce sujet. Pour lui, le retrait de l’argent sans l’aval de tous les concernés démotive les employés.
Même son de cloche de la part de Gaspard Muhitira, responsable du SLEB dans la même province. Il estime que le temps de l’usage de la force est révolu. : « Nous déplorons le manque de concertation et de dialogue lors du retrait de cet argent. »
Anicet Saïdi, directeur provincial de l’enseignement à Cibitoke, précise qu’il n’était pas sur les lieux, ce jour-là. Néanmoins, il indique avoir appris que l’inspecteur provincial de l’enseignement primaire a tenu une réunion avec les représentants des enseignants, avant cette opération. Interrogé, ce dernier affirme avoir expliqué à tous les représentants des enseignants le bien fondé du retrait de cet argent. « C’est une décision qui émane du cabinet du gouverneur», martèle-t-il.
Anselme Nsabimana, gouverneur de la province Cibitoke, reconnaît qu’une réunion s’est tenue, le 25 mars dernier, pour collecter l’aide d’urgence, destinée à la construction du stade de Buganda qui sera présenté par la province, lors de la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance. Toutefois, le gouverneur Nsabimana est contre ce retrait forcé d’argent. Il demande à ces enseignants de se présenter à son cabinet pour trouver une solution à l’amiable.
Des enseignants de la province Cibitoke devant l’école primaire Karurama où se sont déroulées les corrections ©Iwacu