Un motard a failli perdre la vie à cause d’un billet de 2 mille francs bu exigé de force par un policier. Le commissariat de police promet des sanctions sévères.
Innocent Barutwanayo, du secteur Samwe à un un kilomètre du chef-lieu de la commune Rugombo où se trouve la position policière a été rossé par un policier du nom de Lionel Nimbesha, le 21 mai. Trouvé à son domicile, Innocent Barutwanayo est toujours agonisant bien qu’il ait passé trois jours d’hospitalisation au centre de santé de Rugombo. Selon ce motard de 23 ans, il a été sérieusement tabassé alors qu’il rentrait à la maison vers 18 heures. « Le policier en question réglementait ce jour la circulation routière. Je lui avais refusé un billet de 2 mille fbu qu’il ne cessait de me demander chaque fois que je passais devant lui. C’est à la hauteur de leur position qu’il m’a arrêté pour me battre avec la crosse de son fusil et son ceinturon », raconte-t-il. Dans son lit qu’il ne quitte pas, ce jeune papa dit qu’il est pour le moment confronté aux difficultés de faire vivre sa famille. « Etant orphelin de père, j’ai dû abandonner mes études alors que j’étais en 9 ème. J’ai été immédiatement embauché comme motard pour faire face aux problèmes de la vie », signale-t-il très amèrement.
Sa mère ne décolère pas. « Je l’attendais le soir à la maison pour qu’il nous amène l’argent destiné à la ration. Par la suite, j’ai été informée que mon fils venait d’être admis au centre de santé après avoir été molesté par un policier », témoigne cette quinquagénaire de 8 enfants. Virginie Sahinkuye dit qu’elle ne pourra pas survivre sans l’aide de son fils qui achetait la nourriture à la famille et qui payait les frais de scolarité pour ses petits frères.
Quand corruption et violation des droits humains vont de pair
D’après les informations collectées sur place, les pratiques de corruption sont souvent accompagnées des intimidations des policiers à l’endroit des motards. « Il s’agit d’une mauvaise habitude à laquelle nous sommes contraints d’obéir. Ce n’est pas de notre propre gré de donner chaque fois de l’argent aux policiers », insiste Emmanuel Ndikumana, un des motards de Rugombo. Selon lui, lorsqu’on refuse de donner l’argent, on est taxé de récalcitrant. Selon lui, ce qui est arrivé à leur camarade est à chercher de ce côté. « Pour le moment, on est en train de proférer des menaces à son endroit pour l’empêcher d’intenter une action en justice », renchérit-il.
Quant au vice-président de l’association des motards de Rugombo, Désiré Nimbona, les auteurs de ces cas de corruption et de violation des droits humains ne sont pas inquiétés : « Si une telle situation ne s’arrête, les motards risquent de perdre confiance au corps de police ».
Le commissaire de police à Cibitoke, OPC2 Jérôme Ntibibogora, dit que le policier qui a battu Innocent Barutwanayo n’a pas agit au nom du corps de police. Pour preuve, poursuit-il, l’auteur de cette bavure est pour le moment incarcéré au cachot de Cibitoke. Il appelle à l’ordre tout policier qui a perdu la ligne de conduite. « A défaut, des mesures adéquates vont-être prises», souligne-t-il.
Les défenseurs des droits de l’Homme à Cibitoke font savoir que des cas de violation massive des droits de la personne humaine où les policiers sont pointés du doigt sont légion ces derniers jours. En outre, ils rappellent que toute personne a droit d’exercer son métier lorsqu’elle conformément à la loi. Aux motards, les organisations des droits de l’Homme leur demandent de porter plainte devant les juridictions compétentes lorsque de tels abus sont commis.