Un regain de violence attribué aux jeunes du parti CNDD-FDD s’observe à travers toutes les communes de la province de Cibitoke. Nombreux observateurs estiment que ces Imbonerakure tentent de se substituer aux instances policières et judiciaires.
Azila Nikwigize est de la colline Kivumero, secteur Miramera, zone Ndava, commune Buganda. Elle a été sérieusement battue par des Imbonerakure dans la nuit du 03 au 04 juillet vers 20 heures. Assise sur sa natte, cette mère de 8 enfants n’arrive pas à prononcer un seul mot. Pressée par de nombreuses questions, cette septuagénaire dit avoir été tabassée par un groupe des jeunes Imbonerakure à la solde d’une femme d’un enseignant du nom de Ferdinand Ndayizeye, membre influent du parti au pouvoir. « C’est après avoir vigoureusement dénoncé les chèvres de Ferdinand Ndayizeye qui venaient de ravager mon champ de manioc que cet enseignant, en connivence avec sa femme, ont ordonné à ces jeunes de me battre jusqu’à la mort », raconte-t-elle avec les larmes aux yeux. Selon ses dires, ces jeunes affiliés au parti au pouvoir ont également fait irruption à l’intérieur de sa maison et lui ont pris une somme de sept cents mille Fbu. Et de poursuivre : « Ils me croyaient morte. C’est après leur départ que j’ai pu être secourue par les militaires de la position Kivumero.»
D’après les informations recueillies sur place, Azila Nikwigize a été transportée par les militaires au centre de santé de Rugano. Selon elles, le personnel de cet établissement sanitaire a exigé en vain une décharge de la part des agresseurs d’Azila Nikwigize car elle était dans un état très critique. Après trois jours de soins intenses, Azila Nikwigize a été renvoyée à la maison faute de frais d’hospitalisation. Pour le moment, cette vieille maman ne sait plus à quel saint se vouer et sent de la douleur partout. Sa famille demande que les auteurs de cet acte soient déferlés devant les instances judiciaires et qu’ils soient punis conformément à la loi et à la hauteur de l’infraction commise.
Ce cas est loin d’être isolé. Un groupe de jeunes gens qui rentraient paisiblement chez eux a été arrêté par les jeunes Imbonerakure en patrouille au chef-lieu de la province dans la nuit du 2 au 3 juillet. « Au nombre de 8, ces jeunes du CNDD-FDD armés de couteaux et de gourdins nous ont intimés l’ordre de nous assoir dans le caniveau. Ils ont commencé à nous tabasser comme bon leur semblait », témoigne un d’eux. Selon lui, ces Imbonerakure leur disaient qu’ils sont chargés de la sécurité pendant la nuit et qu’ils ont les prérogatives de punir qui ils veulent. « Ce qui est choquent, ils nous ont pris une somme de 50 mille », ajoute-t-il.
Jean Paul Nizigama,14 ans, de la colline Nyamyeha, zone Ndora, commune Bukinanyana a été torturé en date du 28 juin par des Imbonerakure qui voulaient lui faire admettre de force d’avoir volé une somme de 400 mille Fbu.
Les défenseurs des droits de l’Homme réagissent
Cette situation préoccupe davantage les défenseurs des droits de l’Homme. D’après les informations recueillies auprès des organisations de défense des droits humains, les Imbonerakure font pour le moment la pluie et le beau temps dans cette province de l’Ouest du pays. Ces défenseurs demandent au parti au pouvoir de discipliner ces jeunes à l’instar des jeunes d’autres partis. En outre, ils exigent que des enquêtes minutieuses soient menées pour punir les auteurs..
L’administration provinciale envisagerait de tenir de nombreuses réunions de sensibilisation à travers toutes les collines pour décourager ce mauvais comportement.
Du côté de la police, le commissaire de police, OPC 2 Jérôme Ntibibogora, tranquillise la population. D’après lui, quiconque accusé de perturber l’ordre public sera puni conformément à la loi. Et de conclure : « Les policiers chargés de la sécurité publique sont suffisants en quantité et en qualité. Personne n’a le droit de se substituer à la police. »