Les agriculteurs et les éleveurs de cette localité se regardent en chiens de faïence. Depuis longtemps, les premiers accusent les seconds de détruire leurs cultures. La tension est explosive.
Située au bord de la Rivière Rusizi, frontalière de la R.D.C, la sous-colline Gatoki dépend du Secteur Gabiro-Ruvyagira, domaine consacré à l’agriculture et l’élevage. Beaucoup des vaches, venues de différents coins, viennent y paître, à côté des champs. « Il serait mieux que les vaches soient amenées ailleurs pour éviter des représailles des agriculteurs, parce qu’elles ravagent nos champs », se lamente Aïsha Nibigira, mère de six enfants. Larmes aux yeux, elle regrette ses champs de manioc, de sorgho et de maïs, détruits par les vaches pendant la nuit. « Je ne sais plus sur quel pied danser, ces champs faisaient vivre ma famille, mais ces vaches me plongent dans la misère. » Quant à Amissi Mazinda, agriculteur habitant le Secteur Mparambo I, il se plaint qu’aucun remède n’ait été trouvé, malgré les interventions menées auprès des autorités administratives communales et les réunions en vue de régler cette situation. Il raconte qu’une solution avait pourtant été trouvée: « Le propriétaire des vaches qui seront attrapées en train de ravager les champs d’un agriculteur paiera une amende équivalente aux dommages causés ». Selon lui, plus de 80 familles ayant exploité 50 ha à Gatoki ne récolteront rien, car c’est surtout pendant la nuit que les vaches détruisent les champs.
Une bombe qui risque d’exploser
Ces agriculteurs accusent aussi certaines autorités communales. Au départ, racontent-ils, ces vaches broutaient plus loin, mais ont été approchées à Gatoki, à 300m des champs. Ils se lamentent que, même si les vaches sont attrapées entrain de ravager les champs et conduites au bureau communal, l’agriculteur n’est pas indemnisé. Et demandent que ces vaches aillent ailleurs. M. Nteziryayo, président du comité des éleveurs de Gatoki, reconnaît ces faits. Mais pour lui, deux solutions sont envisageables, séparer les vaches des champs et augmenter le nombre des gardiens des vaches. M. Nteziryayo souhaite qu’il y ait une franche collaboration entre les agriculteurs et les éleveurs, basée sur le respect mutuel. Les deux parties se sont convenues pour la première solution, et les éleveurs ont applaudi la seconde, puisque augmenter l’effectif des gardiens permettra de bien garder les bêtes jour et nuit, en se relayant. Le conseiller communal chargé des affaires sociales et administratives dans la commune Rugombo, Firmin Habumuremyi, ne baisse pas les bras : « les sanctions prévues seront mises en application pour les vaches qui seront attrapées. » Cette situation risque de dégénérer, si une solution n’est pas trouvée. Car, il y a deux ans, un pareil conflit, plusieurs vaches furent décapitées, d’autres empoisonnées, à cause d’un pareil conflit.