Une campagne d’assistance judiciaire pour plus de 100 dossiers des actes de viol a été entamée par le Centre de Développement Familial (CDF) de Cibitoke. Les justiciables saluent ce geste.
Floride Icitegetse du secteur Nyabugimbu, commune Mugina, une mère de dix enfants, avait déjà perdu l’espoir de voir un jour sa cause entendue. "J’ai été violée en 2008. L’auteur a été incarcéré puis relâché . Pour le moment, je constate que la justice a bien fait son travail", se réjouit-elle.
Dans la communauté, continue-t-elle, j’ai été à maintes reprises stigmatisée et je ne savais pas à quel saint se vouer. « Le ministère public a requis une peine de 20 ans de servitude pénale à l’endroit de Damien Nsanzabaganwa, auteur du viol », poursuit Icitegetse.
Françoise Ntakirutimana elle ne cache pas non plus sa satisfaction. "Après avoir été violée en mai 2009, j’ai failli fuir ma localité. L’entourage m’a toujours conseillé d’abandonner le procès. A présent, je me sens totalement réhabilitée", fait-elle savoir à la sortie de l’audience publique. Cette octogénaire, originaire de la commune Buganda a été violée alors qu’elle rentrait d’un culte dominical. Une peine de 15 ans de servitude pénale a été prononcée à l’endroit de Madaraka Ndayizeye, responsable du viol qui a été jugé par défaut.
La première quinzaine du mois de février 2012 a été dominée par des audiences publiques des procès en rapport avec le crime de viol au Tribunal de Grande Instance de Cibitoke. Les victimes dont la plupart venaient de passer plus de 4 ans d’attente ont eu l’occasion d’être entendues par les juges.
De l’avis des responsables du CDF, la situation était tellement alarmante qu’il fallait à tout prix plaider en faveur des justiciables. Selon Richard Nkurunziza, coordinateur-adjoint de ce centre, 132 dossiers restés pendants devant le Tribunal de Grande Instance ont été traités au moment où les prévenus plus de cent cinquante étaient libres. Dans l’optique de soulager les victimes des violences sexuelles, le CDF a appuyé les instances judiciaires et administratives pour que les juges puissent statuer sur tous ces dossiers.
La population est satisfaite
D’après une source locale, les victimes et les présumés violeurs ont eu droit à une justice équitable.
Plusieurs dossiers ont été placés en délibéré. Il a été constaté que les présumés violeurs ne répondent pas aux convocations. D’après une source proche du service de la greffe du Tribunal de Grande instance de Cibitoke, des assignations à domicile connu et inconnu seront incessamment délivrés pour arrêter et juger tous les délinquants.
La population rencontrée au Tribunal de Grande Instance de Cibitoke indique que la lenteur excessive de la justice décourage les victimes. A telle enseigne que souvent les auteurs des actes de viol se la coulent douce. Selon elle, la corruption et le règlement à l’amiable en sont les principales causes.
Un coup de pousse à la justice
Contacté à ce sujet, le président du Tribunal de Grande Instance de Cibitoke, Jean Claude Hatungimana se dit satisfait de l’appui du CDF Cibitoke. D’après lui, faute de moyens, beaucoup de dossiers impliquant surtout les affaires pénales tels que les cas de viol n’avançaient pas. "A présent, on se réjouit du pas déjà franchi. Les présumés auteurs ont pu être entendus durant cette période et pas mal de jugements ont été prononcés." En outre, continue-t-il, les victimes ont pu être réhabilitées dans leurs droits.
Il interpelle d’autres partenaires à emboiter le pas au CDF Cibitoke.