Jeudi 13 mars 2025

Société

Chute de Goma : les étudiants congolais au Burundi dans l’angoisse et la misère

Chute de Goma : les étudiants congolais au Burundi dans l’angoisse et la misère
Le bâtiment de l’Université Espoir d’Afrique à Ngagara que fréquente la plupart des étudiants congolais

Confrontés à la précarité et coupés de leurs familles, de jeunes congolais étudiants au Burundi racontent leur quotidien déchiré entre angoisse et survie après la prise de Goma par le M23. Témoignages poignants, cris d’alarme de parents impuissants face à la situation et silence de leur ambassade.

« Je me demande où je vais aller après mes études. Comment vais-je faire, je n’ai plus d’argent pour vivre ? » C’est avec une voix tremblante, que Jimmy, étudiant congolais à l’Université Espoir d’Afrique à Bujumbura, évoque ses peurs à l’approche de la soutenance de son mémoire.

Comme lui, des dizaines de jeunes originaires de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), étudiant au Burundi, vivent un cauchemar. Avec la prise de Goma par le M23, ils disent que leurs espoirs s’effondrent.

Narcisse, un autre étudiant de l’Université Espoir d’Afrique, a paniqué lorsque les communications avec sa famille ont été coupées pendant des jours. « J’ai vécu des moments d’angoisse insupportables. Dieu merci, ils sont sains et saufs », confie-t-il, soulagé.

Mais son calvaire financier, lui, persiste : dépendant des transferts d’argent de ses projets, il redoute désormais de ne plus pouvoir payer son loyer ou ses frais universitaires. « C’est grâce à eux que je vis ici. Sans cela, je suis perdu », révèle-t-il.

La solidarité entre compatriotes devient leur seule bouée de sauvetage. « Sans entraide avec les concitoyens, je ne pourrais même pas manger », admet Jimmy, reconnaissant envers cette chaîne de survie improvisée.

À Kisangani, Olivier Maloba Banza. , père d’un étudiant à Bujumbura, parle d’ une génération sacrifiée. « Nos enfants vivent un traumatisme profond. Comment se concentrer sur les études quand on apprend que des proches meurent sous des bombes au Nord-Kivu ? » interroge-t-il, la colère mêlée à l’impuissance.

Pour lui, l’exode des déplacés de Goma vers les pays voisins aggrave le désarroi de ces étudiants, tiraillés entre l’envie de rentrer et la peur de l’insécurité.

Les difficultés financières des familles, déjà criantes, deviennent insurmontables. « Nous transférons de l’argent via le Mobile Banking, mais entre les coupures de connexion et les changes défavorables, c’est un casse-tête », explique Olivier.

Lui-même survit grâce à de petits boulots, mais la guerre a sensiblement réduit ses revenus. « Si les universités n’assouplissent pas les frais, ce sera la catastrophe. Nos enfants devront abandonner leurs études », alerte-t-il, appelant à une « solidarité régionale » pour sauver ces parcours académiques.

La détérioration des relations diplomatiques entre la RDC, le Rwanda et le Burundi complique encore la situation. « Beaucoup de parents ont perdu leur emploi à cause de ces tensions. Nous ne pouvons plus soutenir nos enfants », déplore-t-il. IL en appelle à une intervention urgente des autorités.

Contactée, l’ambassade de la RDC à Bujumbura n’a pas encore voulu s’exprimer. Interrogé sur cette détresse des étudiants congolais au Burundi, un responsable, sous anonymat affirme que « l’ambassade n’a pas encore reçu de demande d’aide de leur part ».

Partageant leurs inquiétudes, cet officiel leur rappelle que « ce sont des adultes ». Ce qui laisse sous-entendre que leur ambassade ne compte pas et n’a pas les moyens pour leur apporter un quelconque soutien financier.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
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  2. Emery

    Personne n’a chassé personne, aucun rwandophone n’a été tracassé . Ceux qui véhiculent le message de haine récolteront ce qu’il sèment

  3. Sarambwe

    Ceci est une bonne occasion pour ces pauvres étudiants de bien réfléchir sur l’avenir de leur pays, la RDC! Il y a d’autres (étudiants) congolais qui vivent dans des camps de réfugiés dans les pays voisins depuis 30ans et leur seul crime est d’être Rwandophones!
    Lorsque tous les Congolais apprendront à vivre ensemble, personne n’aura plus aucune raison de prendre une Kalashnikov!!

  4. Bite

    Mais plaidez aussi pour les réfugiés congolais qui sont partout au pays: Bujumbura, Muyinga et Mwaro depuis 1997

    • HARAHAGAZWE Janvier

      Mais vous oubliez d’autres milliers de Rwandophones Congolais se trouvant à BWAGIRIZA, Kavumu et Nyenkanda!!

  5. Ernest M.

    Je pense qu’il n’y a pas milles solutions. il faut qu’ils arrêtent leurscours et aller défendre leurs Pays, et aussi il faut pas oublié qu’une situation pareille nous ait arrivé en 1993-2003 ici au Burundi. Comment chercher de midi à 14h00? les envahisseurs sont deja bien préparer à annexer leus partie de leurs Pays. Les etudes reviendront après avoir liberé leur Pays.

  6. Fefe

    Je l’ai dit et je le répète, mettre une ville commerciale, touristique et géostratégique comme Goma c’est de l’imbécillité totale.

    Tout le monde considérait les dirigeants du Corridor nord comme étant les plus visionnaires de l’EAC mais viennent de nous prouver le contraire. Imagine quelqu’un qui coupe l’arbre sur lequel il est assis. C’est ce qui de se passer à Goma.

    Il ce qui se trompe en pensant qu’ils vont développer leurs pays grâce aux minéraux congolais. Le développement ce ne pas sont pas les infrastructures ou les bâtiments. Certes, ce sont des supports importants et un symbole du développement mais le développement n’est que la croissance des revenus de la population. Or, pour que les revenus de la population augmente, il faut que leur production augmente et si la production il faut un marché d’écoulement. En imposant la guerre au Nord Kivu, ils se privent eux-mêmes le plus grand marché de la région.

  7. Sugira Mireille

    La vie reprend à Goma, les ecoles, les banques et ládministration ont repris leurs activités aujourd’houi. Pas besoin de paniquer.

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