Jeudi 26 décembre 2024

Santé

CHUK : Les futurs médecins en suspension de stage, les patients en paient les frais.

07/05/2024 1
CHUK : Les futurs médecins en suspension de stage, les patients en paient les frais.
Centre hospitalo universitaire de Kamenge

Depuis le jeudi 25 avril 2024, les étudiants de 6e année dans la Faculté de Médecine de l’université du Burundi, année académique 2022-2023, ont suspendu leur stage d’internat au Centre hospitalier universitaire de Kamenge (CHUK) pour une durée indéterminée. Un impact négatif se fait déjà sentir sur les malades qui fréquentent le centre.

Dans une correspondance qu’ils ont adressée au recteur de l’université du Burundi, signée le 25 avril 2024, ces futurs médecins sollicitent l’intervention de ce dernier afin qu’il puisse répondre à leurs doléances.

Ils notifient que le prêt-bourse qui devrait leur garantir les conditions favorables (restauration, hébergement et autres soins) ne leur a pas été octroyé depuis le début de leur stage d’internat le 8 octobre 2023. Toutefois, ils saluent le pas déjà franchi par le BBS en leur octroyant 3 mois sur 6 mois qu’ils réclamaient.

Ils font référence à l’ordonnance ministérielle conjointe n° 610.5401 360/2018 portant sur les conditions et les modalités d’octroi, de retrait de reconduction et de remboursement du prêt-bourse, dans son article 20 qui stipule que : « les frais de subsistance sont mensuels et versés sur les comptes des bénéficiaires. »

Alors, le retard de ce prêt-bourse provoque automatiquement la suspension de l’assurance par la Mutuelle de la Fonction publique, comme l’indique l’article 13 de l’ordonnance en ces termes : « Les frais d’affiliation à la Mutuelle de la Fonction publique et à une maison d’assurance sont retenus à la source, c’est-à-dire sur la bourse d’excellence ou sur le montant du prêt-bourse et versés par le Bureau des Bourses d’études et des stages. »

Ces étudiants soulignent que ces frais devraient prendre en charge 80% de leurs soins de santé. Ils font ainsi savoir qu’ils ne bénéficient plus de la gratuité des soins alors que certaines des maladies dont ils souffrent sont liées à l’exposition au cours de leurs stages et que conformément à la convention en vigueur entre la Faculté de Médecine et le CHUK du 29 mars 2010 spécialement dans la section 3 en son article 37 stipule que : « les internes de la 6e et 7e années bénéficient de la gratuité des soins au CHUK (20%,representant la part de l’adhérant à la MFP) au même titre que le personnel hospitalier et hospitalo-universitaire .»

Ils font savoir qu’ils sont en contact permanent et en premier avec les patients souffrant des maladies pouvant être contagieuses alors qu’ils n’ont pas été vaccinés contre l’hépatite B depuis le début de leurs stages d’internat.

Ne pas bénéficier des soins gratuits devient donc inacceptable pour ces étudiants, futurs médecins.

Et le patient dans tout cela ?

Vous n’êtes pas connaisseurs et avisés, quand vous pénétrez dans les enceintes du CHUK, la situation semble normale. C’est ce que nous avons cru le lundi 29 avril 2024. Dans toutes les salles des urgences, les médecins et les stagiaires externes font en effet des tours pour soigner les malades.

Difficile donc de savoir d’emblée l’importance des stagiaires internes, ainsi que les conséquences de la suspension du stage d’internat des étudiants de 6e année en médecine.

Afin d’y voir clair, nous approchons un médecin près du bloc Urgence pédiatrique. Il nous brosse d’abord la différence entre les stagiaires externes que nous avons rencontrés sur place et les stagiaires internes pour le moment en suspension de stage.

Ainsi, les stagiaires externes font des observations sur les patients sans toutefois avoir le droit de poser des actes médicaux. Ils prestent en outre quatre heures seulement pendant la journée.

Pendant ce temps, les stagiaires internes sont impliqués directement dans la prise en charge des patients sous la supervision des médecins et opèrent dans toutes les urgences : Urgence médicale ; Urgence pédiatrique et Urgence maternité gynéco-obstétrique. Les internes assurent aussi des gardes de nuit. Ils sont au premier contact avec les malades, nous fait savoir le médecin. Ce qui signifie que les stagiaires internes ont vraiment du travail important à faire au CHUK.

Un autre médecin sous couvert d’anonymat affirme que les conséquences de la suspension des stages internes sont énormes pour les patients. « Alors que nous, nous nous occupons des patients dans d’autres services, les stagiaires internes sont en contact permanent et en premier avec les patients dans toutes les urgences de l’hôpital », fait-il remarquer.

Et d’ajouter que les stagiaires internes confectionnent bel et bien les dossiers des malades dans le service d’urgence pour leurs hospitalisations. La suspension de leur stage fait notamment donc que des patients passent plusieurs jours au service d’urgence avant d’être transférés dans le service Hospitalisation ou de rentrer. C’est sans parler, à ce niveau, du suivi des hospitalisés.

Ce qui a été confirmé par une garde-malade qui nous a fait savoir qu’ils viennent de passer cinq jours au service d’urgence médicale en attente d’une opération de son frère au niveau de la jambe. Ce qui n’est pas moins traumatisant.

« Cela nous fait mal que ces stagiaires internes ne sont pas encore rétablis dans leurs droits. Ils sont tout près de nous dans les premiers soins ; ils nous assistent à chaque instant qu’il y a des complications », déplore un patient dans une chaise roulante au niveau du bloc du service des Urgences.

Nous avons essayé de contacter le recteur de l’université du Burundi et le directeur de l’hôpital Roi Khaled de Kamenge pour qu’ils s’expriment sur ce dossier, mais en vain.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. hakizimana jean capistran

    Nukuri Benshi mubarongoye uburundi barazi akamaro kakarya ka bourse depuis longtemps. Nibibuke hama babatunganirize. C’est cela la bonne gouvernance: » se mettre A la place de l’autre »

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