Les réseaux sociaux sont devenus incontournables comme supports de communication et sources d’information. Selon des journalistes, des blogueurs burundais, des leaders d’opinions très actifs sur ces plateformes, il y a toujours le risque d’y colporter aussi des fake news et des messages de haine. Ils mettent en garde les utilisateurs.
Les réseaux sociaux sont une opportunité dans la mesure où ils constituent le très grand espace de partage d’informations. S’informer sur les réseaux sociaux est donc positif, s’ils sont utilisés dans une démarche de traitement de l’information : sélection, vérification, doute, analyse, comparaison. Par contre, ils peuvent être exploités, délibérément ou non, d’une manière qui provoque, induit en erreur ou influence le public, souvent avec des conséquences dangereuses favorisant les clivages.
L’une des tendances les plus préoccupantes dans ce contexte est la présence croissante de propos haineux sur les réseaux sociaux, surtout en période de crises ou d’autres situations de tension politique ou sociale.
D’après le blogueur Hugues Safari, actif sur ces plateformes, les internautes bénéficient d’un certain avantage qu’offrent les réseaux sociaux. Il parle notamment de l’anonymat. « On ne les reconnaît pas et ils ont tendance à tout dire ».
Il indique que dans le contexte burundais, ce n’est pas que les messages politiques qui sèment la haine. Il parle de la tendance à tout politiser. « Les messages de haine ne viennent pas des politiques. C’est vraiment de partout dans toutes les couches de la société ».
Hugues Safari fait savoir que proférer des messages de haine c’est porter atteinte à la paix et à la sécurité d’un groupe de gens. On ne peut pas, dit-il, sous-estimer la diffusion des messages de haine. « Sur les réseaux sociaux, il ne faut pas tout dire pour insulter les gens ».
Selon la blagueuse Dacia Munezero, les réseaux sociaux sont susceptibles d’être infectés par des messages de haine. C’est une plateforme, un espace ouvert à tout le monde. « Certains internautes ont de la haine, de la rancœur. Ils utilisent des messages de haine, d’insultes envers d’autres personnes. D’autres sont blessés intérieurement pour diverses raisons. Ils viennent alors se défouler ».
D’après elle, ces messages peuvent créer des conflits et des frictions. Tout commence, dit-elle, par se lancer des piques, des injures et des messages divisionnistes qui peuvent se termine par des violences.
La blogueuse Munezero estime qu’il ne faut pas prendre à la légère ces messages divisionnistes diffusés sur les réseaux sociaux. Elle appelle les autorités administratives à poursuivre les auteurs de ce genre de messages. « Ce n’est pas parce qu’on est derrière un écran qu’on doit dire et écrire du n’importe quoi ».
Diffuser avec prudence
Acher Niyonizigiye est un expert en leadership également actif notamment sur X (anciennement Twitter). Il fait savoir que ces derniers temps, il y a beaucoup de discussions et d’échanges à partir de certains événements dans des Spaces surtout. « Ils portent sur des publications de la Commission Vérité et Réconciliation, CVR et la guerre qui se passe en RDC. Il y a vraiment des gens qui sont très actifs et qui ont des messages susceptibles de provoquer la haine dans la communauté ».
Il trouve que ceux qui le font ne visent pas à concilier les points de vue mais plutôt à accuser les autres et à se justifier. Acher Niyonizigiye met en garde sur la nocivité de ces messages haineux. « A partir de là, il est possible de basculer et de nous retrouver avec les mêmes divisions aussi au sein de la population ».
De son côté, le journaliste senior Claude Nkurunziza, actif sur les réseaux sociaux, est inquiet en cette période électorale qui est très délicate. « Parfois, ceux qui se réclament d’un parti politique donné utilisent ces plateformes pour insulter et propager des messages de haine contre d’autres. C’est un problème lié à notre passé douloureux avec le clivage ethnique. Ils manifestent une sorte de méfiance entre les membres de la composante sociale des Tutsi et celle des Hutu ».
Ce professionnel des médias déplore que le Burundi reste en retard par rapport à l’éducation au média. Cette dernière permettrait à la population de comprendre que tout ce qui passe sur les réseaux sociaux n’est pas vrai. « Les médias doivent jouer un rôle important dans la publication des informations d’une façon professionnelle ».
Tous ces acteurs considèrent qu’il est particulièrement important de vérifier la source de toutes les informations partagées sur un réseau social. C’est dans l’objectif d’en établir la véracité.
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