Mercredi 18 décembre 2024

Politique

Chronique sur les messages de haine/Nyabiraba : la population s’oppose à toute discrimination et à toute violence faites aux femmes

17/12/2024 0
Chronique sur les messages de haine/Nyabiraba : la population s’oppose à toute discrimination et à toute violence faites aux femmes
Pour les habitants de la colline Bubaji, il faut éviter toute communication violente contre les femmes

Les habitants de la colline Bubaji, commune Nyabiraba, province de Bujumbura considèrent que la discrimination et la violence envers les femmes doivent cesser. Ils appellent au respect de la dignité des femmes.

Pendant la période de la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre faites aux femmes et aux filles, les habitants de la colline Bubaji, commune Nyabiraba en province de Bujumbura sont catégoriques. Tous les messages de discrimination et de dénigrement envers les femmes doivent cesser. « Certains hommes disent que les femmes n’ont pas de valeur, qu’elles sont incapables. Un mari peut insulter sa femme qu’elle ne fait ou qu’elle n’est rien. Et partant, il peut lui faire tout ce qu’il veut », se plaint Jeanne Ndayisenga, une habitante de la colline Bubaji.

Pour Alphonsine Kamariza, depuis son enfance, on disait que les filles ne sont pas des enfants ; qu’elles sont des nattes pour les invités (que les invités pouvaient coucher avec elles comme ils veulent). Il existait d’autres expressions de dénigrement comme : une poule ne peut pas chanter quand le coq est là pour dire que les femmes ne peuvent pas s’exprimer dans une assemblée des hommes.

Ce qui l’agace de plus, c’est que si des femmes cherchent du travail qui demande de la force notamment comme aide-maçons, elles sont marginalisées dans la communauté comme si ce sont des prostituées. « C’est comme si elles avaient perdu leur dignité. Si on s’exprime, on est pointée du doigt. Nous sommes prises pour des indisciplinés », se désole-t-elle.

D’après un homme habitant sur la colline Bubaji, le langage qui rabaisse les femmes existe encore dans la communauté. Des femmes sont considérées comme des incapables. « Dans certaines activités, on peut même aller jusqu’à leur donner une rémunération inférieure à celle accordée aux hommes. C’est dommage, car nous sommes égaux devant Dieu et devant la loi ».

Il s’agit de la même lecture de la part de Didace Ndayizeye qui trouve que certaines femmes sont considérées comme des enfants alors qu’elles ont des capacités pour agir. « Empêcher les femmes de jouir de leurs droits, c’est les traumatiser », souligne-t-il.
Ces habitants expliquent que si la souffrance des femmes atteint le paroxysme, elles peuvent s’organiser pour se venger. Ils parlent par exemple des hommes et des femmes qui sont tués par leurs conjoints.

Ils estiment que les femmes doivent être respectées au même titre que les hommes. Il faut, disent-ils, des sensibilisations pour faire comprendre aux hommes que les femmes ont de la dignité en plus de reconnaître qu’elles sont des citoyennes à part entière ayant des droits et des devoirs.

Selon Simon Ndinzemenshi, conseiller chargé des questions socio-administratives et juridiques en commune Nyabiraba, « une femme qui a longtemps été maltraitée, marginalisée peut développer un esprit de vengeance. Les violences faites aux femmes empêchent le développement familial et celui du pays ».

Cet administratif explique que dans toutes les réunions organisées par l’administration, les hommes sont sensibilisés pour bien traiter leurs femmes et les jeunes filles. « Elles sont des êtres capables. Elles ne doivent pas être mises à écart ou discriminées. Les femmes sont capables et quand elles occupent des postes de responsabilité et s’en sortent plutôt bien », fait-il observer.Il appelle à éviter toute communication ou langage qui rabaisse les femmes.

Cesser toute marginalisation

Selon Augustin Niyongabo, point focal du Réseau Burundi men engage, réseau des organisations qui luttent pour les droits des femmes et la justice sociale, le langage rabaissant les femmes pose problème. Il y a un langage, des messages, des coutumes, des usages, dit-il, utilisés depuis des générations qui violent les droits des femmes.

Il donne quelques exemples. En kirundi on dit : Umwonga umwe wonza inyoni (une seule source amaigrit les oiseaux). Il estime qu’il s’agit d’une invitation aux hommes à pratiquer la polygamie ou à coucher avec plusieurs femmes, car une seule femme semble ne pas suffire pour un homme.

Il cite d’autres adages comme Amazi iyo abaye make aheberwa impfizi (s’il y a une petite quantité d’eau, c’est le taureau qui est privilégié). Il explique que c’est une façon de dire qu’économiquement, si on a peu de moyens, il faut les laisser à l’homme. « C’est encourager la violence économique contre les femmes », trouve-t-il.

Augustin Niyongabo explique que si une telle communication est répandue et que les actes de violence continuent, les conséquences sont néfastes. « La violence appelle la violence. Si l’homme qui se croit fort viole les droits de la femme, elle peut se retourner contre lui et chercher des voies et moyens pour se venger ».

Pour lui, trop, c’est trop. Toute pratique ou attitude visant à marginaliser, à discriminer et à maltraiter les femmes doit cesser. Il faut, dit-il, inventorier tous les adages qui discriminent les femmes pour les interdire dans la communication.

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