Lundi 17 mars 2025

Politique

Chronique sur les messages de haine/Makebuko : Être des témoins actifs positifs

17/03/2025 0
Chronique sur les messages de haine/Makebuko : Être des témoins actifs positifs
Les habitants de la commune Makebuko appellent tout le monde à agir pour contrer la propagation des messages haineux

Selon certains habitants de la colline Mwaro-Mavuvu en commune Makebuko, province de Gitega, la propagation des messages de haine a des effets néfastes sur la cohésion sociale. Ils appellent tout un chacun à être témoin actif positif pour éviter des violences comme on en a connu dans le passé.

Pour Evariste Ndayizeye, les messages de haine contre un groupe donné blessent les gens et peuvent créer des violences. « A une certaine époque, les Hutu étaient considérés comme des sauvages. Les Tutsi étaient pris pour des serpents. Ces messages violents créaient de la méfiance et des suspicions. Dans pareille situation, si des mesures ne sont pas prises pour y mettre de l’ordre, le risque d’assister à des violences de masse est grand ».

Pour un autre habitant, le Burundi compte trois groupes ethniques, à savoir les Hutus, les Tutsi et les Batwa. Il rappelle que des gens stigmatisent les Batwa comme étant des personnes de seconde zone. Les autres s’attaquent aux Tutsi en leur collant des qualificatifs odieux. Des Hutu sont aussi indexés.

Ces habitants font savoir que la période de campagne électorale est très propice à la propagation des messages de haine entre les adversaires politiques. Dans ces conditions, la population trouve important d’agir pour freiner cette propagation de la haine.

Ils considèrent que pour faire face à ces messages de haine, il faut y aller doucement. « Si des gens sèment la zizanie, cela demande des efforts et de la patience pour les ramener à la raison. On leur explique que la propagation des messages de haine n’a pas d’importance si ce n’est que de créer des problèmes. Si des gens se lèvent pour dire assez, les auteurs des propos violents ont peur ».

Un habitant de Makebuko explique qu’il ne peut pas se taire quand un langage haineux est tenu. « Quand j’entends des propos violents, je ne reste pas indifférent. Je dis aux auteurs qu’un tel langage provoque les mésententes et la méfiance ». Et d’appeler à ne pas avoir peur d’agir pour asseoir la compréhension mutuelle et le vivre ensemble.

Même lecture chez Marie-Rose Ndayisenga. Elle fait savoir que l’indifférence face à la propagation des messages représente un danger. « Si on n’agit pas, on en vit les conséquences. Les messages de haine apportent des malheurs et des pleurs dans la société. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice ».

Les habitants de Mwaro-Mavuvu rappellent que les messages de haine provoquent des violences et des crises. Ils appellent les auteurs à se ressaisir. Ils interpellent également chaque individu à être des témoins actifs pour bâtir une société juste et prospère.

Siméon Bukuru, secrétaire exécutif permanant dans la commune Makebuko, reconnaît dans le passé, des messages violents ont été tenus entre différents groupes. Il fait savoir que cela est encore possible lors du processus électoral. « Il est difficile que tout le monde tienne des propos pacifistes, unificateurs. S’il y a une compétition, des gens peuvent tout faire pour ternir l’image d’un adversaire afin de le faire disqualifier. Cela peut se faire dans les paroles et en actes ».

Il indique que dans le contexte actuel, ces messages de haine ne sont pas encore enregistrés dans sa commune. Il affirme que tout est mis en œuvre pour contrer toute propagation de la haine lors de la prochaine campagne électorale. Il parle notamment des réunions de sensibilisation qui sont souvent organisées pour asseoir la cohésion sociale.

Selon le sociologue Patrice Saboguheba, la période électorale reste propice à la propagation des propos violents. « En 1993, pendant la campagne électorale, on a constaté que les messages de haine de la part des politiciens et de leurs partisans circulaient beaucoup. Quelques temps après, les massacres et la guerre s’en sont suivi. Ceux qui n’ont pas vécu ces crises ont assisté à l’atmosphère de 2005. Il y avait de la terreur, mais pas de scènes de crime. En 2010, des gens ont connu la mort, la prison et l’exil. En 2015, c’était le débordement, car il y a eu des mouvements de masse. Ils se lançaient des messages traduisant de la haine viscérale. C’est-à-dire une haine qui s’est conservée depuis longtemps. Là, on a constaté qu’il y a des blessures qui n’ont pas été cicatrisées depuis 1993 ».

Pour lui, il faut que des gens agissent pour éviter l’irréparable. Il parle des témoins actifs à l’image des Burundais qu’on a qualifiés « justes » (inkingi d’Ubuntu ou z’amahoro). Ce sont des gens épris de paix et de justice qui ont sauvent des vies. « Ils s’imposent devant une situation difficile. Ils acceptent les coups et même les blessures. Très souvent, ils sont minoritaires. Mais, ils sont capables d’agir pour la paix ».

Ce sociologue indique que cette attitude de responsabilité, de justice, de pacifiste doit caractériser les gens en cas de propagation des messages de haine. Chacun peut agir pour arrêter, condamner ou dénoncer la violence. Si on les laisse passer, à un certain moment, c’est la disparition d’une nation. Car une nation sans cohésion sociale n’en est pas une.

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