Dans le contexte de la guerre à l’Est de la RDC, des rumeurs circulent abondamment sur les réseaux sociaux et au sein de la communauté, semant la panique et la confusion. Les habitants de la zone Rugazi, commune Kabarore, en province de Kayanza, expriment leur inquiétude face à cette situation.
Le conflit opposant l’armée congolaise, soutenue par ses alliés, au groupe rebelle M23, que l’ONU accuse d’être appuyé par le Rwanda, a des répercussions sur le Burundi. La toile s’enflamme avec des informations non vérifiées sur la situation en RDC, alimentant la peur parmi la population, notamment chez les habitants de la colline Tondero, dans la zone Rugazi.
Germaine Ndayiziga exprime son inquiétude face aux rumeurs persistantes : « On dit que la destination finale est Bujumbura après la prise des villes de l’Est de la RDC. »
Jules Nduwayo rapporte quant à lui des propos entendus sur les médias rwandais affirmant que les militaires burundais, officiellement en mission de paix en RDC, se seraient en réalité alliés aux génocidaires des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Selon ces sources, le Burundi soutiendrait les FDLR pour attaquer le Rwanda, ce qui pourrait justifier une riposte de Kigali.
De son côté, Jeanne Bigirindavyi relate avoir entendu parler de l’arrestation d’un rebelle en provenance du Rwanda sur la colline Nyamisagara. Toutefois, elle souligne que cette information demeure difficile à vérifier. « Les rumeurs propagées ont un impact direct sur la sérénité de la population. »
Même sentiment chez Bélyse Ndayirukiye, qui redoute l’imminence d’un conflit armé au Burundi. « Début février, nous avons entendu dire que des rebelles s’étaient infiltrés dans notre pays. Nous avons passé des nuits blanches, prêts à fuir », confie-t-elle.
Les autorités rassurent la population
Face à ces rumeurs persistantes, les habitants demandent aux autorités de rassurer la population en fournissant des informations vérifiées. Berchmas Nsaguye, administrateur de la commune Kabarore, reconnaît que la population suit les événements à l’Est de la RDC via les réseaux sociaux et que de nombreuses rumeurs circulent.
« Certains entendent dire que des rebelles venus du Rwanda ont pris la ville de Goma et se dirigent vers Bukavu, et que leur destination finale serait Bujumbura », rapporte-t-il. Toutefois, il tient à rassurer ses concitoyens. « Aucun pays n’attaquera le Burundi. Notre intégrité territoriale est inviolable. Même si un ennemi tentait quoi que ce soit, il ferait face à notre capacité de riposte », affirme-t-il.
Il met en garde contre les effets néfastes des rumeurs, susceptibles de diviser la population et de freiner le développement du pays. Il encourage les citoyens à se tourner vers l’administration pour obtenir des informations officielles et fiables.
De lourdes conséquences
Hélène Mpawenimana, docteure en communication et cheffe du Département de communication et de journalisme à l’Université du Burundi, définit les rumeurs comme des informations dont l’origine est incertaine et la véracité douteuse. « Aujourd’hui, de nombreuses rumeurs circulent en lien avec la guerre en RDC, et leurs conséquences peuvent être dévastatrices : méfiance entre citoyens, panique menant à l’exil, accusations mutuelles et violences basées sur des soupçons », explique-t-elle.
Elle appelle chacun à la responsabilité. « Lorsqu’on reçoit une information douteuse, il est primordial de garder son sang-froid et de ne pas la propager sans vérification. Il faut s’informer via des médias professionnels qui fournissent des informations analysées et recoupées », recommande-t-elle.
Elle insiste aussi sur le rôle des autorités en période de crise. « Elles doivent non seulement rassurer la population, mais aussi lui fournir des informations vérifiées en temps réel. Il est essentiel que les leaders évitent eux-mêmes de relayer des rumeurs. Une information provenant d’une autorité est souvent perçue comme véridique, et ses conséquences peuvent être graves », prévient-elle.
Dans un climat de tensions régionales, la propagation de rumeurs constitue un véritable danger pour la stabilité du pays. Il est essentiel que chacun adopte une attitude responsable en évitant de relayer des informations non vérifiées et en s’appuyant sur des sources d’information crédibles. Les autorités, quant à elles, doivent jouer pleinement leur rôle en veillant à la diffusion d’informations exactes et rassurantes, afin de préserver la paix sociale.
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