Jeudi 20 février 2025

Politique

Chronique sur les messages de haine/Les messages de haine sur internet, une arme destructrice

17/02/2025 0
Chronique sur les messages de haine/Les messages de haine sur internet, une arme destructrice
Pour Sylvestre Nsaguye, secrétaire exécutif permanant de la commune Kayanza, il faut utiliser les réseaux sociaux avec précaution.

Les habitants de la colline Musave en commune et province de Kayanza fustigent les messages de haine diffusés par des influenceurs sur les réseaux sociaux. Ils les appellent à se ressaisir.

Zamda Hassan est une utilisatrice des réseaux sociaux qui habite au chef-lieu de la province de Kayanza. Pour elle, certains influenceurs sur les réseaux sociaux diffusent des mensonges et des messages de haine contre certains membres d’un groupe donné. Il s’agit notamment des groupes ethniques ou des partis politiques. « J’ai vu des messages de déshumanisation, d’animalisation et de chosification. Une caricature par exemple avec un nez ressemblant à celui d’un Hutu accompagnée d’un message qui dit : les Hutu sont en train de nous exterminer ».

Elle fait remarquer que les Burundais ont des origines ethniques différentes. De ce fait, ce genre de messages sème la méfiance, la suspicion et la division entre citoyens. « Les Hutu et les Tutsi vivent ensemble dans la communauté et ces messages ont des incidences sur leur cohabitation pacifique », précise-t-elle.

Jean Ndayizeye fait lui aussi savoir qu’il a vu des influenceurs s’en prendre aux leaders du parti au pouvoir ou des partis de l’opposition. « Ils les accusent de discriminer certaines catégories de gens. Ils diffusent les messages de haine avec l’objectif de troubler le cœur des citoyens ».

Pour un autre, certains internautes s’attaquent à des gens et à des médias qui ne travaillent pas comme eux. Les auteurs des messages de haine sur les réseaux sociaux, dit-il, n’ont d’autres visées que celle de semer la discorde, créer des crises et des guerres.

Ces habitants appellent au contrôle et suivi de ces réseaux sociaux pour retracer les messages de haine. Ils parlent de la mise en place d’une institution chargée de veiller à l’utilisation des réseaux sociaux pour éviter qu’ils soient des canaux de diffusion des messages haineux. Ils demandent également le blocage des comptes qui propagent des messages de haine afin de préserver la société.

D’après Sylvestre Nsaguye, secrétaire exécutif permanant de la commune Kayanza, certains influenceurs écrivent ou diffusent des messages de haine. « Ils certaines personnes traitent de tous les noms, ils les déshumanisent, l’animalisent. C’est même une façon de semer la division entre les militants des partis politiques et entre les différentes composantes sociales ».

Pour lui, si un influenceur très suivi sur les réseaux sociaux propage des messages de haine, ceux qui le suivent peuvent tomber dans le piège. Il y a alors le risque, dit-il, de retomber dans les violences.

De la prudence

Cet administratif appelle les lecteurs et les auditeurs à la prudence. « Ils doivent faire preuve de discernement afin de déceler les fausses informations, les informations divisionnistes et mensongères ».

Selon Acher Niyonizigiye, expert en leadership et utilisation des réseaux sociaux, ces plateformes sont des supports incontournables de communication. Certains influenceurs et internautes les utilisent pour semer la zizanie. « A titre d’exemple, certains influenceurs qualifient les membres de certaines composantes sociales de chiens, de criminels, de génocidaires etc. alors qu’ils ne sont pas bien indiqués pour désigner et qualifier ces crimes ».

Il trouve qu’il existe trois principales motivations pour les auteurs de ces messages. Primo, c’est juste pour exprimer leur haine, leur mécontentement, leur amertume ou leur colère contre un groupe donné de personnes.

Secundo, certains sont instrumentalisés et manipulés par d’autres gens qui ont des agendas politiques cachés et des objectifs inavoués à atteindre. « Il peuvent propager des messages de haine tout en étant payés pour le faire ».

Tertio, certains influenceurs diffusent des messages de haine pour avoir beaucoup d’abonnés sur leurs comptes et ainsi gagner de l’argent sur certaines plateformes numériques. « Des internautes aiment suivre des informations extrêmes, sensationnelles. Et ces influenceurs parviennent à les galvaniser », dit-il.

Il trouve que, si rien n’est fait pour arrêter ce phénomène, cela peut conduire à des actes de violence de masse. Le plus grand danger que courent les sociétés qui ont connu des violences de masse, dit-il, est de retomber dans le chaos. « Si on continue d’entretenir des discours de haine, il suffit d’une petite provocation et cela explose. C’est comme cela que les gens reviennent aux crimes commis 10, 20, 30 ans avant. Les agresseurs deviennent victimes et les victimes d’alors deviennent bourreaux », prévient-il.

Pour éviter l’irréparable, Acher Niyonizigiye propose trois solutions complémentaires. Il s’agit de l’implication active des autorités à travers des actions de justice et le contrôle de ces médias sociaux. Il considère que ceux qui violent la loi de façon évidente devraient être poursuivis.

Une autre stratégie consiste à dénoncer ces messages et leurs auteurs. Par-là, il s’agit de révéler au grand jour ce qui peut nous causer des problèmes. Et la troisième stratégie consiste à signaler les publications néfastes et en informer les propriétaires de ces plateformes numériques.

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