Selon des habitants de la colline Kibogoye, commune Kayokwe de la province de Mwaro, les leaders doivent soigner leur langage et ne pas tenir des messages d’appel à la violence. Ils doivent également être des modèles d’amour, de paix et de compassion.
Selon un habitant de la colline Kibogoye, il existe des leaders qui appellent publiquement à la violence. « La population prend le message d’un leader très au sérieux. Si c’est un message pour induire les gens en erreur, les conséquences sont néfastes ».
D’après un sexagénaire, un leader doit être responsable et unificateur de ses dirigés. Il a le pouvoir de fédérer les gens tout comme il peut les diviser. « Le pays a été endeuillé lors des crises suite aux messages de haine. Si un leader tient un discours violent, il a un groupe qui le soutient et un autre qui est victime. Les victimes se mettent à la défensive et les conséquences sont néfastes ».
De son coté, Euphrasie Ndayizigiye fait remarquer que les discours de haine rappellent les dates sombres de l’histoire du pays. Elle craint que les crises du passé ne resurgissent. « Il est important de soigner le langage pour éviter l’irréparable ». Et de préciser que rester indifférent quand des messages violents sont diffusés n’a pas de place.
Même lecture chez M.K, un habitant de cette colline. Il considère que quand des messages d’appel à la violence sont tenus par une autorité, les gens vivent la peur. Quand tu l’entends, cela te rappelle ce qui est arrivé de douloureux dans le passé.
Selon ces habitants, pour qu’un pays soit stable, il doit avoir des leaders éclairés, épris de paix et de justice.
Transcender les clivages
D’après Côme Gahungu, chef de la colline Kibogoye, en tant que leader, on doit transcender tous les clivages. Un leader doit faire preuve de retenue. Il ne doit pas tenir des propos incendiaires. Un leader qui appelle à la violence ne mérite pas cet honneur. »
Il estime qu’avant de prendre la parole, il faut réfléchir sur sa portée et ses conséquences. Il considère que tout discours d’un leader doit être unificateur et pacifiste. De la base au sommet, les leaders doivent être des apôtres de la paix. « Le Burundi a trop souffert des crises du passé. L’heure est à la réconciliation et au développement inclusif. Ce n’est pas négociable ».
Honorée Hatungimana, l’administrateur de la commune Kayokwe, rappelle elle aussi qu’un leader doit faire preuve de retenue, de responsabilité et d’amour. « Comme le chef de l’État le dit souvent, en tant que dirigeants, nous sommes des serviteurs de la population. Les citoyens sont nos patrons. C’est pourquoi, dans les réunions, nous insistons sur la manière dont la population doit être accueillie quand elle a besoin des services ».
Elle indique que dans des réunions, les administratifs à la base, les leaders communautaires, les leaders religieux et politiques sont souvent sensibilisés pour soigner leur langage. « Nous enseignons toujours à nos subalternes que le leader doit montrer un bon exemple. J’appelle tous les leaders à être des modèles ».
Selon Dismas Ndayikengurukiye, expert en leadership, les leaders ne doivent pas oublier leur responsabilité d’œuvrer pour le bien-être de tous sans discrimination. Un leader a la responsabilité essentielle d’inspirer et de guider les autres vers un avenir commun, marqué par le respect, l’unité et la paix. « Le pouvoir qu’il exerce dans ses mots et actions ne doit jamais être sous-estimé. Les messages transmis influencent profondément ceux qui les écoutent ».
Il souligne que le discours d’un leader devrait être rassembleur et appeler à la tolérance pour consolider la cohésion sociale. Il indique que l’histoire regorge de moments où des discours enflammés, des appels à la haine ou à la violence ont provoqué des destructions irréparables.
Il appelle les récepteurs des messages violents de la part des leaders de faire preuve de retenue. « Les gens ne doivent pas tomber dans le piège de considérer les diversités d’opinion ou d’identité comme des menaces mais plutôt comme des richesses. La violence n’a pas de place ».
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