En cas d’erreur, une personne doit avoir le courage de faire un examen de conscience et se remettre en question. Cela n’est pas le cas chez certains leaders, surtout quand ils ont tenu des propos violents. Pour certains habitants de la colline Gabaniro, zone Gitaza, en commune Muhuta, de la province Rumonge, refuser de reconnaître ses erreurs est une preuve d’immaturité.
Les erreurs sont humaines, inévitables, et arrivent à tout le monde. Elles sont généralement perçues comme des faiblesses ou des signes d’incompétence.
Cela conduit souvent à dissimuler les erreurs au lieu d’en tirer des leçons. Cependant, une grande attention est accordée à la façon dont une personne fait preuve de reconnaissance de ses erreurs. Les habitants de la zone Gitaza reviennent sur cet état des faits.
Selon un habitant de cette zone, il est indispensable de se remettre en question quand on s’est trompé. « Malheureusement, certains campent sur leurs positions. On peut leur montrer qu’ils ont dérapé dans leurs propos, mais retardent à reconnaître leurs erreurs ».
M.K., un autre résident de la localité, indique que certains se disent que reconnaître ses erreurs en tant que dirigeant, c’est déshonorant, se rabaisser : « Demander pardon, avoir le courage de se remettre en question, c’est montrer son sens de leadership et de responsabilité. Malheureusement, certains y résistent ».
Sous anonymat, un autre habitant souligne que les choses commencent à se compliquer davantage sur le plan politique. Il y a des dirigeants, fait-il remarquer, qui empêchent leurs partisans de nouer des relations avec des personnes ayant des convictions politiques différentes.
Une habitante de la colline Gabaniro insiste quant à elle sur le déni du mea-culpa chez ces dirigeants. Elle signale qu’en cas des propos tenus violemment, des discussions devraient suivre pour rectifier le tir. « Nous sommes tous des Burundais, pas question de se haïr ».
Les habitants de cette zone font savoir que refuser de se remettre en question pour un leader génère, au fil du temps, des conséquences dans la société. « La cohésion sociale est mise en cause. Se remettre en question offre la possibilité d’une réconciliation. Se ressaisir, c’est pacifier la société ».
Selon Sébastien Sinzotuma, chef de zone Gitaza, c’est possible qu’un leader commette des erreurs, car c’est un être humain. « Se ressaisir est une bonne attitude pour une personne responsable. Celui qui n’accepte pas les conseils et qui refuse ainsi de se remettre en question, n’est pas responsable ».
Une introspection afin de rectifier le tir
Pour cet administratif à la base, quand quelqu’un tient des propos haineux, il se détruit lui-même. Personne ne peut, dit-il, se confier à lui pour lui rendre justice. Il ajoute qu’il est intéressant de faire une introspection afin de rectifier le tir. « On peut prendre une décision à la va-vite, sans réflexion poussée. Cette mesure irréfléchie peut causer des dommages ».
D’après lui, prendre du recul sur soi, c’est comme se repentir. « Nous les dirigeants, quand nous prenons des mesures irréfléchies, il est préférable de les suspendre pour le bien des dirigés ».
Dismas Ndayikengurukiye, expert en leadership, explique que ce n’est pas toujours facile pour les dirigeants de reconnaître leurs erreurs. « Les autorités ont peur de se remettre en question quand ils ont fait des déclarations haineuses ou qui sème des divisions. Elles pensent que reconnaître leurs erreurs dégraderait leur statut de leader ».
Pour cet expert, se ressaisir est une preuve d’un sens de responsabilité. Cette dernière, dit-il, renforce le leadership. « Un leader est celui qui reconnaît que son engagement ou ses convictions devraient renforcer l’unité ».
Il considère que certains leaders agissent dans l’ignorance totale sans pour autant mesurer l’impact de leurs propos. « Prenant comme modèle leur leader, les gens peuvent commettre des violences ou des actes d’intolérance. » C’est pourquoi, suggère Dismas Ndayikengurukiye, il faut continuer à sensibiliser des leaders afin de s’abstenir à tenir des propos divisionnistes.
Cet expert conseille également les gens à ne pas se laisser manipuler par des propos violents proférés par certains leaders. Il rappelle que la responsabilité pénale est individuelle. « On ne peut pas dire aux juges que tu l’as fait suite à l’influence des leaders. » Il insiste enfin à la responsabilisation de la société. « Tout acte qui nuit à la cohésion sociale et le vivre-ensemble doit être éludé ».