Dans un contexte de crise politique, économique et ethnique ou pendant la période post-conflit, il y a la propagation des messages de haine. Certains membres des groupes sociaux peuvent être qualifiés d’animaux. Des habitants de la commune Giheta trouvent que ce genre de messages constituent un danger pour la société.
Selon les habitants de la colline Ruhanza, commune Giheta, province de Gitega, un message animalisant est une forme de communication qui dévalorise, stigmatise et discrimine un groupe ou les membres d’un groupe donnés. Ils s’insurgent contre ce genre de messages d’animalisation et de déshumanisation utilisés.
Ildephonse Ndayisenga, habitant de cette colline, fait savoir que dans le passé, des gens s’insultaient. Certains qualifier mutuellement de grenouilles et d’autres animaux. « Cette situation prévalait au moment de la crise que le Burundi a connue ».
Pour un autre, des gens aimaient qualifier les autres d’animaux sauvages, de chiens et de vauriens. Cela se passait entre des personnes d’appartenances ethnique et politique différentes
Un autre témoigne que certains membres des groupes ethniques étaient qualifiés de cafards (Inyenzi). « Cela a eu des conséquences néfastes sur la cohésion sociale. Des crises et des massacres s’en sont suivis ».
Une femme explique qu’elle a grandi pendant la crise de 1993. Elle témoigne avoir participé à ce jeu ignoble de qualifier les autres d’animaux. « Nous nous appelions réciproquement de chiens. Cette situation créait des problèmes mais, pour le moment, cela n’existe plus ».
Une autre habitante fait la même lecture. Elle explique que qualifier les autres d’animaux vise à leur ôter de la dignité. « Quand quelqu’un n’a plus de valeur humaine, on peut le tuer et en faire ce que l’on veut sans suite ».
Pour ces habitants, il faut que la population soit sensibilisée sur le respect de la dignité humaine. Ils appellent les autorités à combattre toute forme de violence.
Selon Fidèle Nzigiyimpa, secrétaire exécutif permanent de la commune Giheta, les crises et guerres qui ont secoué le Burundi n’a pas épargné sa commune. « Nous avons des déplacés internes et d’autres qui personnes qui sont restées dans les ménages. Dans un premier temps, la cohabitation a été difficile mais, grâce aux efforts soutenus de sensibilisation, la cohabitation est aujourd’hui bonne ».
Eviter toute communication violente
Pour lui, qualifier les autres d’animaux, c’est leur ôter de la dignité humaine. Si de tels propos sont tenus, les autorités ne peuvent pas rester les mains croisées. « On essaie de réconcilier les parties en conflit et si cela est nécessaire, les auteurs des messages de haine sont traduits en justice pour répondre de leurs actes ».
M. Nzigiyimpa appelle la population à la cohabitation pacifique. Il faut, insiste-t-il, éviter toute communication violente afin de bâtir une société juste et prospère. Il attire également l’attention des autorités et de tout autre acteur pour agir afin d’éviter l’irréparable.
Selon abbé Lambert Riyazimana, enseignant d’université en Sciences de la communication, par animalisation, on comprend le fait d’attribuer des caractéristiques animales à des personnes ou des groupes de gens. « Donc, il s’agit de comparer les gens à des animaux. Les personnes ciblées sont déshumanisées. Leur dignité est mise en cause ».
Il donne des exemples de messages animalisant issus des études notamment la plus récente commanditée par le Conseil national de la communication, CNC et publiée en novembre 2024. « Les groupes déshumanisés sont comparés à des animaux dangereux, haïs et honnis par la population. Donc des animaux qu’il faut chasser à tout prix. Les Burundais utilisent des caractéristiques de chiens, de chiots, de bêtes sauvages comme le chacal. Cela transparaît dans les communications orales et écrites ».
D’après cet enseignant, une personne qui se sent discriminée ou menacée doit se défendre et combattre pour ses droits. « Cet individu peut être sujet à des actes irréfléchis et irréversibles. Ceux qui ont peur peuvent avoir des comportements violents ».
Abbé Lambert Riyazimana fait savoir que dans la sous-région, les peuples partagent certains traits de l’histoire. Des compositions socio-culturelles semblent identiques. Il y a des familles d’un même clan et d’une même ethnie dans les pays limitrophes. « La grande question est que si une crise arrive dans un pays, elle peut embraser toute la région car, les liens de sang sont trop forts. De ce fait, la violence peut s’exporter d’un pays à un autre ».
Il considère qu’il faut la conscientisation de la population et des gens qui ont une influence afin d’éviter de relayer les messages de haine.
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