Jeudi 30 janvier 2025

Politique

Chronique sur les messages de haine : Epargner les enfants de toute velléité politique

28/01/2025 0
Chronique sur les messages de haine : Epargner les enfants de toute velléité politique
Les habitants de la colline Butare s’insurgent contre l’instrumentalisation des enfants par les politiques

Selon les habitants de la colline Butare en commune Bukemba de la province de Rutana, les messages de haine utilisés par les enfants proviennent des slogans et chansons des partis politiques. Ils estiment que les enfants doivent être épargnés de la politique au risque de les prédisposer à la violence.

Selon Jeannette Ndayishimiye, une habitante de la colline Butare, des enfants récupèrent des propos haineux entendus dans des chansons et slogans des politiciens lors des campagnes électorales ou des réunions. « Des enfants reprennent intégralement les chansons et slogans tenus par des politiciens. Et dans l’entourage, ils tiennent des messages de haine contre d’autres individus », déplore-t-elle.

Pour un autre habitant, des enfants peuvent tenir ou propager inconsciemment des messages de haine contre un groupe social prononcés par d’autres personnes. Il peut s’agir de leurs parents, des membres des partis politiques, etc. « Un enfant n’a pas l’esprit de discernement comme un adulte. Il le dit sans en savoir l’intérêt ni les conséquences ».

Jeannette Ndayishimiye estime qu’entrainer les enfants dans des idéologies politiques est très dangereux. S’il s’agit de la violence, ajoute-t-elle, les enfants ne font que reprendre sans même comprendre de quoi il s’agit. « Chez nous, les enfants reprennent par exemple intégralement des chansons du CNDD-FDD scandées par des Imbonerakure lors du sport collectif ».

Même lecture de la part de Dancile Bayisabe qui explique que le comportement de l’enfant dépend de sa socialisation. Elle considère que les discours de haine tenus par des enfants ont des conséquences désastreuses. « Si un enfant commence à tenir des mots violents dès le bas-âge, même à l’âge adulte, il devient très violent. Il manque de respect à n’importe qui. Il devient une menace pour la société et le pays », souligne-t-elle.

Fidèle Ndayisenga abonde dans le même sens. Il considère que les enfants sont entraînés dans la haine et dans la violence par des leaders politiques. « Les enfants aux idéologies et convictions politiques différentes peuvent s’affronter. Ce sont les violences de masse avec des conséquences néfastes qui peuvent s’ensuivre. Le développement est ainsi mis en cause ».

Ces habitants appellent les leaders politiques à éviter toute instrumentalisation des enfants. Ils invitent également les parents à veiller à ce que leurs enfants ne tombent pas dans le piège des politiciens égoïstes pendant cette période électorale en cours.

Enseigner des projets de société et non la haine

Jean-Marie Butoyi, secrétaire exécutif permanent de la commune Bukemba, reconnaît que lors des meetings, des leaders politiques tiennent des discours qui ne rassurent pas leurs adversaires.
Par conséquent, les enfants qui entendent ces propos violents ne tardent pas à les reprendre. « Même si les enfants n’adhèrent pas dans les partis politiques, ils sont intoxiqués soit par leurs parents ou les politiques », estime-t-il.

Il conseille les parents de s’approcher de leurs enfants afin de leur rappeler sans cesse les bonnes manières. Ils doivent leur dire qu’il est interdit d’insulter les autres ou de tenir des propos haineux.

Jean-Marie Butoyi demande également aux leaders des partis politiques de parler plutôt de leurs projets de société visant à changer la vie de la population au lieu de l’entraîner dans la violence. « Dans les réunions avec la population, nous revenons sur la bonne cohabitation, la promotion de l’amour du prochain et le danger que représentent les messages de haine », rassure-t-il.

Selon David Ninganza, un des responsables de l’association Solidarité de la Jeunesse chrétienne pour la paix et l’enfance, Sojpae Burundi, des enfants sont manipulés politiquement par des responsables politiques. Cela se manifeste, précise-t-il, à travers des chansons et des mots. « Il y a des enfants qui utilisent des mots violents et choquants. Il y a des enfants qui sont déjà entrés dans le système d’application des stéréotypes et des préjugés. Ça, c’est dangereux », regrette-t-il.

Il dénonce une attitude de certains parents qui inculquent leurs idéologies à leurs enfants. Il trouve que les enfants doivent plutôt être épargnés de toute velléité politique pour éviter toute instrumentalisation. L’enfant, dit-il, a besoin d’une éducation à la non-violence, à la sagesse et à la tolérance. « Quand des leaders des partis politiques utilisent des mots blessants, des stéréotypes et des préjugés, après les élections, il y a des problèmes qui risquent de naître. Le tissu social est déchiré. Dans le passé, des jeunes se sont affrontés car, ils avaient été manipulés par leurs pairs, les responsables politiques, leurs éducateurs ou leurs parents ».

David Ninganza fait savoir que le pays attend énormément de ses enfants. Il demande d’inculquer aux enfants des messages pacifistes, unificateurs et réconciliateurs. Il propose de ne jamais impliquer les enfants dans des activités politiques au risque de créer des problèmes.

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