Quelle attitude ou quel comportement avons-nous face aux violences dans la communauté ? Certains habitants de la colline Gihamagara invitent tout un chacun à agir pour asseoir la paix et la cohésion sociale. Ils témoignent de leurs actions.
Selon certains habitants de la colline Gihamagara, commune Itaba en province de Gitega, il est toujours possible d’être témoin actif positif en cas de conflit. Ils sollicitent l’éveil de la conscience humaine sur la nécessité de cultiver le sens d’Ubuntu.
Une femme de 35 ans qui a gardé l’anonymat explique comment elle a su réconcilier les membres de sa famille en conflit. Ils s’opposaient au sujet de leurs convictions politiques respectives. « Ils étaient militants de deux partis opposés, à savoir le CNDD-FDD et le CNL. Un seul membre était militant du CNL. Ils étaient toujours en conflit et l’opposant était toujours maltraité. On voulait le forcer à laisser son parti pour intégrer le leur. Ce qu’il a toujours refusé ».
Elle indique que tout ce que le membre du CNL disait était rejeté. C’est à ce moment qu’elle s’est sentie interpellée afin d’éviter un bain de sang. « Nous avons rassemblé tous les membres de la famille. Nous leur avons montré que chacun doit garder ses convictions politiques sans s’en prendre aux autres. La situation s’est décantée. Le calme est revenu ». Et de préciser que si elle était restée les bras croisés, il y aurait eu le risque de morts.
Consolider la paix
Jean Iraganje est un autre témoin actif. Il est intervenu quand les membres de deux familles avaient des litiges fonciers. Ils se battaient régulièrement. « Je suis venu pour les aider. Ils ont accepté de s’entendre. La cohabitation pacifique s’est rétablie. J’appelle tout un chacun à être un témoin actif positif pour préserver la paix ».
Pour Gloriose Ndayisaba, chacun doit fournir des efforts dans la médiation entre des gens en conflit afin de sauvegarder la paix. Il faut réconcilier les gens. Et s’ils n’arrivent pas à s’entendre, on invite la partie lésée à saisir la justice. « L’inaction en cas de conflit est un acte de complicité ».
Selon Omer Ndayahundwa, secrétaire exécutif permanent de la commune Itaba, les conflits ne peuvent pas manquer dans la société. Il parle, entre autres, des litiges fonciers, des bagarres en état d’ébriété et des mésententes sur l’appartenance dans des groupes différents. Ces derniers peuvent être des groupes politiques, religieux ou ethniques.
Pour lui, quand des gens sont en conflit, on doit agir. Il fait savoir que des réunions de sensibilisation sont également organisées à l’endroit de la population. « Les réunions visent à renforcer la cohabitation pacifique et la cohésion sociale. Nous encourageons les gens à transcender leurs différences. Il faut éviter la confrontation qui risque de coûter des vies humaines ».
S’inspirer de ceux qui ont sauvé des gens
Sylvère Nsengiyumva, expert en résolution des conflits, fait savoir que les conflits engendrent des conséquences néfastes. Il parle des assassinats, de l’exil des gens, de la discrimination, de la méfiance, de la suspicion, de la haine sans fin qui se transmet de génération en génération. En cas de crise, ajoute-t-il, le développement est mis en cause.
Pour cet expert, afin de maintenir la paix, il faut des approches de résolution des conflits. Chacun doit agir pour changer la donne. « Comme dans le passé, des gens ont sauvé les autres. On doit conscientiser les gens qu’ils doivent être des témoins actifs positifs pour préserver la cohabitation pacifique ».
D’après Sylvère Nsengiyumva, en 2003, il y a eu un sommet des justes (Ceux qui ont sauvé des gens pendant la crise). Ils se sont mobilisés pour venir à Bujumbura afin de témoigner sur les bonnes actions qu’ils ont réalisées. « Ils ont caché des gens et certains ont failli perdre leur vie dans cette protection d’autrui. La protection des vies en période difficile peut servir d’exemple pour préserver la cohabitation pacifique et la cohésion sociale ».
Il indique que vulgariser les histoires de succès et les bonnes actions de ces témoins actifs est une approche efficace pour inciter les autres à les imiter. Pour lui, face à la violence dans la société, les gens se subdivisent en quatre catégories.
Primo, des personnes de conscience magique. Elles pensent que les autres vont agir. Secundo, il s’agit des gens de conscience fanatique. Ces derniers refusent d’agir même s’ils ne sont pas d’accord car ils ont des liens avec les auteurs. Tertio, c’est une catégorie des gens de conscience naïve. Ils ne font rien et ne veulent ni écouter, ni lire, ni comprendre ce qui se passe.
Quarto, ce sont des gens éveillés, des leaders dans la communauté. Ils sont prêts à aider, à bâtir la paix. « Les gens éveillés sont les mieux placés pour remorquer les autres afin de participer dans la consolidation de la paix, l’unité et la cohésion sociale ».
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