Mercredi 08 janvier 2025

Politique

Chronique sur les messages de haine/Butaganzwa : Des habitants appellent à la reconnaissance des souffrances des autres

06/01/2025 0
Chronique sur les messages de haine/Butaganzwa : Des habitants appellent à la reconnaissance des souffrances des autres
Les habitants de la colline Nyaburondwe, commune Butaganzwa considèrent que la réconciliation est impossible quand la souffrance des autres n’est pas reconnue

Dans une société post-conflit, certains membres des groupes sociaux ont du mal à reconnaître le récit des autres sur le passé douloureux. Ils veulent monopoliser la souffrance. Des habitants de la colline Nyaburondwe, commune Butaganzwa en province de Ruyigi indiquent que la connaissance de la vérité implique que les responsabilités sont précisément établies. Ils appellent à l’empathie.

Selon les habitants de la colline Nyaburondwe, commune Butaganzwa en province Ruyigi, il est inconcevable que des gens refusent les droits d’autres victimes. Ils rappellent que le Burundi a connu des crises cycliques lors desquelles tous les Burundais ont été touchés d’une manière ou d’une autre.

« Des gens ne se comprennent pas bien à cause des atrocités qui ont eu lieu dans le pays. Des gens ont été touchés différemment, mais, n’arrivent pas à reconnaître les souffrances des autres », témoigne Charles Niyonkuru.

Pour une autre habitante, chaque groupe social et des individus à titre personnel disent détenir la vérité. Du coup, la vérité commune, dit-elle, est mise en cause.

Jean Claude Ndayisaba fait la même lecture. Il indique qu’il y a de la méfiance. « Des hutu peuvent considérer qu’ils sont les seuls à avoir été touchés et accuser les tutsi de les avoir massacrés. Des tutsi peuvent faire de même. Cette globalisation pose problème, car elle sape les efforts pour arriver à une vérité tant attendue. Partant, la réconciliation est mise à mal ».

Pour une mère de trois enfants, certains avancent leurs vérités en niant les droits des autres par manque de compassion et d’humilité. « Les bourreaux ne veulent pas demander pardon pour leurs atrocités. Ils tentent alors de se couvrir. Tous les Burundais ont souffert. Il est temps de se réconcilier pour bâtir un Burundi juste et prospère ».

Ces habitants de la colline Nyaburondwe appellent tous les Burundais à écouter et à accepter les récits sur le vécu de chacun. C’est à partir de ces différents récits disent-ils, que l’on peut trouver la vérité et bâtir une société réconciliée.

Bangura Theogène conseiller chargée question économique et des statistiques dans la commune Butaganzwa reconnaît qu’il y a des gens qui veulent monopoliser la souffrance et du coup nient les droits d’autres victimes. « Des massacres qui ont été commis dans notre pays dans les années passées et beaucoup de familles ont été endeuillées. Malheureusement, certains versent dans la négation des faits pour ne pas reconnaître les droits aux autres victimes ».

Prôner la tolérance

M. Bangura fait savoir que pour certains, la vérité sur le passé, c’est ce qui leur est arrivé et ce qui a touché les autres ne compte pas. « De ce fait, la compréhension mutuelle est impossible. La place de la commission vérité et réconciliation, CVR est essentielle pour atténuer ces positions ».

Cet administratif explique que dans sa commune, des autorités ont pris des initiatives pour amener les gens à émettre sur la même longueur d’ondes. Il parle des sensibilisations sur la paix, la cohabitation pacifique et la réconciliation.

Selon Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits, c’est monnaie courante qu’un groupe des gens qui ont connu des événements malheureux n’acceptent pas que les autres aient aussi souffert. « Ceux qui ont perdu les leurs lors des dates sombres de l’histoire du Burundi dans une région quelconque ne savent pas nécessairement ce qui s’est passé ailleurs. Ils considèrent que les crimes se limitent chez eux ».

Pour lui, cette situation est motivée par différents facteurs. Il s’agit notamment du manque de reconnaissance de la souffrance des autres groupe, l’ignorance, la négation des faits et des intérêts. Ces intérêts, dit-il, peuvent être politiques pour gagner la confiance de certains lors des élections ou accéder au pouvoir d’une certaine manière.

Chartier Niyungeko explique que les conséquences sont fâcheuses. Par exemple, le groupe pour lequel les gens ne reconnaissent pas la souffrance, continue de souffrir. « Il y a une polarisation, division entre ces deux groupes. Chacun montre à l’autre qu’il doit faire tout pour se protéger, car il se sent menacé. Ce qui va suivre, c’est la résurgence des violences. Tout peut arriver avec des cycles de violences et de vengeance ».

Cet expert prône la flexibilité et la tolérance. L’acceptation de la souffrance des autres est un pas positif, dit-il, vers la cohésion sociale. Il faut rechercher de la vérité pour tous et non pas pour un groupe donné.

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